C'est la sanction recommandée mardi 16 décembre 2014 par le rapporteur public au tribunal administratif de Strasbourg qui étudiait les comptes de campagne de l'élu FN rejetés par la commission nationale. Le tribunal rendra sa décision vendredi 19 décembre.
Des irrégularités dans ses comptes de campagne pourraient valoir au maire FN de Hayange (Moselle) Fabien Engelmann une peine d'un an d'inéligibilité : c'est ce qu'a recommandé mardi 16 décembre 2014 le rapporteur public au tribunal administratif de Strasbourg.
Le tribunal, qui suit très souvent les recommandations du rapporteur public, rendra sa décision vendredi 19 décembre.
Agé de 35 ans, Fabien Engelmann, ancien syndicaliste CGT rallié au Front national, l'avait emporté en mars au second tour des élections municipales avec 34,7% des suffrages devant le maire socialiste sortant, Philippe David.
Mais en octobre, la commission nationale des comptes de campagne a rejeté les comptes du jeune élu frontiste, puis a transmis le dossier à la justice administrative.
La rapporteure publique Guénaëlle Haudier a dénoncé mardi dans ses conclusions "un manquement d'une particulière gravité à la loi électorale".
En cause: 1.575 euros de frais de création et d'impression de tracts électoraux, que le candidat aurait omis d'intégrer à ses comptes de campagne dont le total déclaré s'élevait à quelque 12.000 euros. La somme aurait été avancée par une colistière, son ex-première adjointe Marie Da Silva aujourd'hui entrée en dissidence.
L'intéressé plaide une "erreur technique" et non une "fraude" comme l'accuse Mme Da Silva, contre laquelle il a porté plainte pour diffamation.
Les 1.575 euros "ont bien été payés par mon mandataire financier", s'est-il défendu, en assurant que son compte était "sincère".
"M. Engelmann ne peut se prévaloir que les paiements auraient été effectués à son insu par sa colistière, car il n'apporte aucun élément pour corroborer" cette thèse, a estimé mardi Guénaëlle Haudier.
Elle a en conséquence proposé au tribunal de prononcer une peine d'inéligibilité d'un an à compter de la date où la décision deviendra définitive, précisant que cette peine n'entraînerait pas de nouvelles élections mais que M. Engelmann serait remplacé au conseil municipal par le suivant sur sa liste.
"Sincérité et bonne foi"
"Je plaide la sincérité et la bonne foi", a déclaré à la barre Fabien Engelmann, qui n'est pas assisté par un avocat dans cette affaire.L'élu frontiste risque théoriquement une peine allant jusqu'à trois ans d'inéligibilité et a d'ores et déjà annoncé qu'il utiliserait "évidemment" toutes les voies de recours, jusqu'au conseil d'Etat.
"Ce dossier est un coup monté", a-t-il déclaré à la presse, estimant qu'il y avait "pas mal de personnes qui veulent ma mort, parce que je suis jeune, que je suis un ancien militant de gauche et que je suis au Front national".
Les comptes de campagne du maire sont en parallèle visés par une enquête préliminaire du parquet de Thionville, ouverte en septembre à la suite d'une plainte de Mme Da Silva pour abus de confiance, abus de bien social et harcèlement.
Les instances du Fn agacées
Les polémiques à répétition à Hayange font aussi grincer des dents dans les instances dirigeantes du FN.Selon des sources proches du parti, Fabien Engelmann subit en privé les critiques de certains cadres frontistes, qui s'inquiètent de sa gestion à Hayange, ville de près de 16.000 habitants, sinistrée depuis la crise de la sidérurgie lorraine.
Evincé du bureau politique du FN, dont il était membre depuis 2011, lors du congrès du parti à Lyon fin novembre, le maire de Hayange est toujours officiellement soutenu par Marine Le Pen.
La présidente du FN avait récemment souligné que son rôle de conseiller politique au dialogue social n'était pas remis en cause.
Un haut responsable frontiste avait toutefois récemment confié à l'AFP qu'il était "probable" que Fabien Engelmann perde prochainement cette fonction.
L'association anti-FN "Hayange plus belle ma ville" voit dans ce feuilleton politico-judiciaire un "festival de magouilles lamentables entre les mains de la justice, de trahisons, d'amitiés déçues, un spectacle grand-guignolesque". L'opposition municipale reproche notamment à M. Engelmann un manque de "projets structurants" pour la commune, au profit de "broutilles" et de "coloriages", comme celui d'une fontaine d'artiste du centre-ville repeinte en bleu par la mairie cet été, sans l'autorisation de son auteur.