Les associations du Réseau "Sortir du nucléaire" vont déposer plainte contre EDF, exigeant la condamnation de l’exploitant de la centrale nucléaire de Fessenheim suite à la communication sur les fuites survenues les 28 février et 5 mars 2015.
Au début du mois d'avril, les associations anti-nucléaires ont accusé la direction de la centrale de Fessenheim d'avoir "menti" au grand public et à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) quant à sa gestion d'une importante fuite d'eau, le 28 février.
EDF a informé le grand public de manière "tronquée (et) mensongère" et a fourni de "fausses informations" à l'ASN, selon ces associations. Elles ont décidé de porter plainte demain auprès du parquet de Colmar.
Voici leur communiqué :
"Le 28 février 2015, EDF déclarait la mise à l’arrêt du réacteur n° 1 de la centrale de Fessenheim suite à un « défaut d’étanchéité » sur une tuyauterie. Ce sont en réalité plus de 100 m3 d’eau (1) qui ont jailli, non pas suite à un défaut d'étanchéité mais à une rupture de tuyauterie, et qui se sont déversés dans la salle des machines, éclaboussant des boîtiers électriques et provoquant un défaut d’isolement sur un tableau électrique.
Le 5 mars, la tuyauterie a été remise en eau, contrairement aux engagements pris par EDF auprès de l'ASN et sans qu'aucune évaluation des causes de la rupture de la tuyauterie ni des impacts de la fuite n'ait été réalisée. Quelques minutes après, elle se rompait de nouveau, à un autre point, en présence des inspecteurs de l'ASN…
Le 10 mars, interrogé lors d’une séance de la CLIS (Commission locale d’information et de surveillance) sur ce double incident, le directeur de la centrale a clairement failli à son obligation d’information, passant volontairement sous silence la réalité de l’événement.
Une communication d’EDF vivement critiquée par l'ASN
Le mercredi 15 avril, lors de la présentation du rapport annuel de l'ASN devant l'OPECST, son président, Pierre-Franck CHEVET a vivement critiqué la communication d'EDF, la qualifiant de « décalée », déclarant ne pas être « content de la manière dont ils ont informé » et s'inquiétant de « l'empressement [de l'exploitant] à vouloir redémarrer le réacteur ». Un procès-verbal pourrait d'ailleurs être transmis à la justice.
Une plainte contre un exploitant délinquant
D'après EDF, la première rupture de tuyauterie serait due à une fatigue vibratoire... C'est donc l'usure qui aurait eu raison de celle-ci.
Cet événement met en lumière le mépris de la sûreté dont EDF a une nouvelle fois fait preuve.L'exploitant de la centrale de Fessenheim n'a pas su tirer les leçons de l'« incident » survenu en avril 2014 (2). Quant aux agissements d'EDF - minimisation de l'incident, mensonge à l’ASN, omission auprès de la CLIS – elle laisse plus que songeur quant à l’attitude que l’entreprise adopterait en cas d’accident de grande ampleur !
C’est pourquoi les associations antinucléaires ont décidé de porter plainte contre EDF et contre Thierry Rosso, directeur de la centrale au moment des faits. Les associations espèrent une condamnation sévère de l’exploitant délinquant. Le dépôt de plainte officiel aura lieu ce 21 avril dans l’après-midi.
Rendez-vous est donné à 15h30 devant la CLIS de Fessenheim, rue Messimy à Colmar. Après une déambulation avec mise en scène dans les rues de Colmar, la petite délégation se rendra devant le Palais de Justice (Tribunal de grande instance de Colmar) vers 16h30. Une copie de la plainte sera symboliquement déposée au Tribunal pendant que nous transmettrons officiellement la plainte par fax et LR AR au Parquet de Colmar. Un point presse aura lieu suite à l’action et des copies de la plainte seront distribuées aux journalistes présents.
Les associations réitèrent leur demande d'arrêt immédiat de la centrale et prévoient d'amplifier leur mobilisation. Elles appellent également à un rassemblement large lors de la manifestation tri-nationale qui se tiendra le dimanche 26 avril à 11h30 devant Fessenheim."