Un guide de l’art urbain vient de paraître, consacré à Bâle et sa région, pour se balader dans le monde du graffiti d’un « hotspot » à un autre.
Des tags en 3D, des signatures, des personnages fantastiques, Inquiétants ou drôles… Les murs, les escaliers, les piliers d’autoroute, les entrées de garage, les façades… Tout support est bon pour accueillir les bombages ou pochoirs des graffeurs dans la région des trois frontières. Parfois, les propriétaires des sites autorisent ces bombages de leurs murs, parfois, ceux-ci naissent dans l’illégalité. «On constate que plus une ville met à disposition des endroits à graffer, moins il y a de graffitis sauvages », explique Boogie, un « graffiti artist » de la région des trois frontières. « Et souvent, nous sommes reconnaissants pour cette possibilité de travailler tranquillement, de prendre son temps, sans devoir surveiller ses arrières ».
Boogie, de son vrai nom André Morgner, est allemand et s’est installé dans la région bâloise il y a six ans. Il se prête au jeu de l’interview avec nous : «Le guide du StreetArt à Bâle & Région, c’est une reconnaissance de notre travail, mais c’est aussi une assimilation à d’autres formes d’art », pense t’il. « Maintenant, on est dans un guide touristique, on devient conventionnel, grand public. C’est ambivalent, comme sentiment. Le graffiti est parti d’un esprit rebelle, aux USA dans les 70ies, et aujourd’hui, il est entré dans les musées, se vend parfois pour plusieurs millions de dollars ! ».
Boogie nous a donné rendez-vous à Lörrach, sous le pont de l’autoroute. Ici, une soixante de piliers ont été confiés officiellement aux bons soins des graffeurs. Visages gigantesques, signatures, motifs ethniques ou représentations fantastiques se côtoient depuis 2010 dans ce lieu traversé par une piste cyclable. « Oui, les gens passent ici tous les jours et voient nos œuvres, c’est coloré, on a vraiment bien travaillé…
Mais ce n’est pas l’essentiel, le graffiti, c’est un « Ego shooter game », un truc qu’on fait pour soi, pour se rendre visible aux yeux des autres », précise Boogie. « Le regard des autres a son importance, par exemple, une de nos règles veut que si je graffe par-dessus l’œuvre d’un autre, il faut que mon travail soit meilleur que el sien. C’est une question de respect, ça oblige aussi à réfléchir à ce qu’on va dessiner. L’illégalité, ça oblige aussi à réfléchir : à trouver un mur qui convient, qu’on a envie de graffer, à penser au motif qui conviendra pour cet endroit. On réfléchit d’autant plus qu’on risque gros !». Le graffiti illégal est considéré comme du vandalisme : plusieurs milliers d’euros d’amende et des travaux d’intérêt général, voici ce que risquent les graffeurs. « Moi, j’ai pris mes distances avec le graffiti non autorisé, j’en ai fait mon métier et je suis graphiste aujourd’hui ».
Boogie vit de son art, il a un atelier, il travaille à la commande, conçoit des motifs pour les trams bâlois, des T shirts, des façades… « Je sais que le graffiti, c’est éphémère. Les murs que j’ai signé et qui sont toujours visibles se comptent sur les 10 doigts, et pourtant, je graffe depuis plus de 20 ans ! Ils sont repeints, ou alors, le temps les a abîmés ». A Bâle et environs, on peut voir ses œuvres, et celles de la 60 ne d’artistes travaillant seuls ou en collectifs, de la région des trois Frontières.
« StreetArt Basel & Region – die Hot-Spots im Dreiländereck”, Kai Hendrick Schluscher, editions Gudberg Nerger Hamburg, 19, 90 Euros
Boogie (André Morgner):
http://www.dermorgner.com/
http://www.boogieismyfriend.com/
Liens graffitis Bâle :
http://fragmentdetags.net/tag/bale/
http://fragmentdetags.net/tag/bale/