Le risque d'allergie aux pollens est très élevé dans toute la région Grand Est. L'alerte rouge porte notamment sur les pollens de bouleau. Les médecins appellent à la prudence.
Ceux qui ont le nez qui coule et les yeux rouges l'ont remarqué : les pollens font leur grand retour. Avec l'arrivée du printemps, les bouleaux, très présents dans le Grand Est, ont commencé leur floraison.
Le pic allergique du bouleau prévu pour la mi-avril
Le potentiel allergisant de cet arbre de la famille des bétulacées est si fort que le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a placé ce mercredi 5 avril 2023 un grand quart nord-est de la France en alerte maximale pour les risques d'allergies. Au total, soixante départements sont en alerte rouge. Les dix départements du Grand Est sont concernés.
Samuel Monnier, ingénieur et responsable de la communication au sein du RNSA estime que "la situation pourrait encore s'aggraver, puisque le pic de floraison n'est pas encore passé".
Le pic, le moment où la pollinisation est la plus importante; a lieu en général, aux alentours de la mi-avril. Pour l'ingénieur, "rien d'anormal, ni d'exceptionnel cette année concernant les bouleaux, à la différence des noisetiers et des aulnes qui ont fleuri plus tôt cet hiver".
Les chatons (fleurs de bouleau) ne sont pas en avance pour l'instant. Mais si la météo devenait encore plus ensoleillée, le pic pourrait intervenir encore plus tôt, d'ici quelques jours.
Le pollen de charme plus présent cette année
Méfiez-vous aussi des pollens de charme, un arbre de la même famille que le bouleau. Dans son dernier bulletin, publié mercredi 5 avril 2023, le RNSA voit rouge dans la Marne et les Ardennes en Champagne-Ardenne, où ils sévissent déjà fortement.
D'ailleurs, du côté de l'ATMO Grand Est, l'Association Agréée de Surveillance de la Qualité de l'Air de la Région Grand Est, on prélève davantage de pollens de charme cette année que les années précédentes. "C'est sûrement l'un des effets négatifs du réchauffement climatique", observe Anne Arounothay, chargée d'études et référente pollen chez ATMO Grand Est
On prélève davantage de pollen, sûrement en raison du réchauffement climatique.
Anne Arounothay, chargée d'études et référente pollen chez ATMO Grand Est
L'hiver doux et le beau temps sec du mois de mars a favorisé la floraison des arbres à chaton dont font partie les bouleaux et les charmes. Avec le vent et le soleil de ce début de semaine, les pollens sont bien présents dans l'air. Seul le retour de la pluie dans les prochains jours pourra apporter un répit temporaire aux allergiques. “L'évolution du risque allergique va dépendre de la météo. Pour les personnes allergiques, la pluie est une alliée car elle plaque les pollens au sol”, insiste Anne Arounothay.
Consulter en cas de gêne
Des personnes souffrant d'allergies au pollen, Jean-François Fontaine en voit de plus en plus dans son cabinet. Ils représentent 15% de la population et "leurs symptômes sont de plus en plus sévères", assure l'allergologue rémois.
Les explications sont multiples : une exposition plus importantes aux pollens, du fait du nombre croissants de bouleaux plantés dans nos régions, la pollution atmosphérique qui augmente le pouvoir allergisant des pollens et l'environnement qui modifie l'expression de nos gênes. "On ne naît pas allergique, on le devient", résume le médecin spécialiste.
Jean-François Fontaine conseille de consulter son médecin traitant en cas de gêne. Le nez qui coule, l'œil rougi et larmoyant, une toux sèche et peu ou pas de fièvre, sont autant de signes d'une inflammation des muqueuses, typique des allergies aux pollens. "Des symptômes qu'il ne faut pas prendre à la légère", insiste le praticien "parce qu'ils provoquent une grande fatigue qui altérer la qualité de vie et induire des arrêts de travail."
Si une allergie au pollen n'est pas traitée, elle peut entraîner une autre allergie à certains fruits, comme les pommes ou les cerises. Or une allergie alimentaire provoque des symptômes toute l'année, à chaque fois que le produit est consommé. Il est donc encore plus difficile de vivre avec. Pire, une allergie au pollen non soignée peut se transformer en asthme allergique, une maladie respiratoire plus grave.
Les bons gestes
En plus du traitement de fond et de la désensibilisation pour les allergies les plus aigües, entièrement remboursés en France, l'allergologue préconise aussi la prise d'antihistaminiques le temps de la floraison (entre fin mars et mi-mai).
Il prodigue également quelques conseils pratiques : ne pas faire sécher son linge dehors, porter le masque en cas de sortie extérieure, se rincer les cheveux chaque soir et aérer son intérieur plutôt à l'aube, parce que les plantes émettent du pollen après le lever du soleil. Du bon sens, pour mieux vivre cette période délicate.