Trois jours après l’accident de motoneige survenu au Québec, quatre touristes Français sont toujours portés disparus. L’hypothèse d’une imprudence est évoquée par les experts. Leur guide, Benoit Lespérance, est décédé. L'un de ses amis témoigne.
Qu’est-ce qui a poussé huit motoneigistes français, dont cinq Alsaciens, à quitter les sentiers balisés pour s’aventurer dans une zone dangereuse du lac Saint-Jean ? A l’heure qu’il est, les circonstances de l’accident survenu mardi 21 janvier 2020 au Québec restent floues, mais l’hypothèse d’une imprudence semble privilégiée par plusieurs experts. Un premier corps parmi les cinq Français disparus a été repéché ce vendredi soir.
Benoit Lespérance, leur guide canadien, déclaré décédé après son transfert à l’hôpital comptait 20 ans d’expérience. L’un de ses amis, Vincent Nieuborg, évoque un homme "expérimenté" dont le professionnalisme et le sérieux ne peuvent pas être remis en question.
"C’est quelqu’un qui connaissait les terrains par cœur. Ça faisait 20 ans qu’il circulait là-bas. Avec lui, jamais on n’a pris un chemin erroné. Au niveau sécurité, il était très bien équipé avec du matériel pour faire une attelle, une scie au cas où il fallait couper des poids, un téléphone satellite. Au niveau sécurité, il était au top", affirme-t-il, depuis la Belgique.
Avant de devenir un ami, ce Bruxellois a d’abord été un client de Benoit Lespérance. Ces trois dernières années, ils ont participé ensemble à plusieurs expéditions. En 2018, ils ont notamment parcouru les sentiers qui bordent le lac Saint-Jean, à proximité du site de l’accident.
"On avait fait le même parcours. On est passés par ces pistes-là. Benoît nous avait expliqué pourquoi on devait faire tout le tour puisqu’il y a de nombreux lacs que l’on peut traverser, mais celui-là, on ne pouvait pas parce que les eaux étaient toujours vives et ne gelaient jamais".
Jamais on n'a pris un seul risque
Vincent Nieuborg
C’est pourtant à l'embouchure d'une rivière partant du lac, dans une zone dangereuse où la glace est plus fine, voire inexistante en raison des courants, que les motoneiges des randonneurs seraient tombées à l’eau.
"Jamais on n’a pris un seul risque. Jamais on n’est sorti des sentiers. On veillait à ça. Benoit regardait souvent dans son miroir pour voir le groupe et s’assurer que les participants suivaient. Il était consciencieux", reprend Vincent Nieuborg, évoquant "une activité à risque" qui peut parfois surprendre même les plus confirmés.
"Ça peut aller très vite de prendre un mauvais embranchement, surtout la nuit. Les motoneiges sont des engins qui ont des vitesses assez élevées, on peut se distancer très vite."
A la recherche de clients perdus
D’après un premier scénario, relaté par le responsable d’une station-service qui a recueilli les 3 rescapés haut-rhinois, le guide aurait pu retourner à la recherche de ses clients perdus de vue après s’être assuré que les rescapés étaient en sécurité.«Ça fait longtemps qu’il est guide de motoneige, c’est un gars expérimenté. Ça ne semblait pas un gars casse-cou non plus. C’était quelqu’un de bien apprécié», ajoute Stéphane René Tremblay, un autre ami, qui connaît Benoit Lespérance depuis quinze ans, selon les propos rapportés par Le journal de Montréal.
"C’était le premier à aider les gens, il avait ça en lui. C’était quelqu’un de très brave. Avoir un meilleur guide que Benoît n’était pas possible", conclut encore Vincent Nieuborg, qui l'avait filmé lors d'une escapade, comme on peut le voir dans l'extrait ci-dessous.
Vendredi à 18h, les recherches continuent pour retrouver les quatre Français disparus. Une trentaine de policiers sont encore mobilisés, avec deux hélicoptères et trois équipes de plongeurs dans l'eau glacée du lac Saint-Jean, selon nos confrères de Radio-Canada.
Les trois rescapés de la tragédie ont regagné l'Alsace ce vendredi 24 janvier.