Ce jeudi 29 octobre, en soirée, le tribunal correctionnel de Laon a condamné à deux ans de prison ferme trois passeurs âgés de 18 à 23 ans. Ils avaient été interceptés à Guignicourt (02), ils transportaient 26 migrants.
Trois passeurs irakiens de 18 à 23 ans interpellés dans la nuit de mardi à mercredi sur une aire de l'autoroute A26 alors qu'ils transportaient 26 migrants, ont été condamnés jeudi à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Laon. Les jeunes hommes ont été reconnus coupables d'avoir convoyé dans des conditions indignes les migrants syriens et irakiens entassés dans une camionnette bâchée de 8m² depuis la jungle de Calais jusqu'à une aire de repos sur l'autoroute A26 à la recherche d'un camion en partance pour l'Angleterre.
Le tribunal a prononcé leur placement en détention à l'issue de l'audience. Aidés d'un traducteur, les trois prévenus présentant tous un "état sanitaire précaire" selon les enquêteurs, ont nié les faits, affirmant être eux-mêmes victimes de passeurs qui ont réussi à prendre la fuite avant l'intervention des gendarmes. Lors de l'audience, l'un d'eux a fait un léger malaise avant d'être pris en charge quelques minutes par les pompiers. Dans ses réquisitions, la procureur, comparant les passeurs à des "vautours prêts à tout pour s'enrichir", a réclamé 30 mois de prison pour l'un des suspects de 18 ans désigné comme le "chef" et 24 mois pour les deux autres, estimant que les prévenus n'étaient pas à la tête d'un réseau mais "participaient à l'exploitation de l'horreur et de la misère".
Dans la nuit du 27 au 28 octobre, les gendarmes du peloton autoroutier de Laon qui surveillaient à l'aide de jumelles à vision nocturne une aire de repos de l'A26 près de la commune de Samoussy (Aisne), à plus de 200 km de Calais, avaient repéré 6 individus, dont les 3 prévenus, qui tentaient d'ouvrir des remorques de camions stationnés. Les militaires ont ensuite interpellé les trois suspects alors qu'ils se cachaient sous une camionnette bâchée dans laquelle se trouvaient enfermés dix migrants tous originaires d'un même village en Irak.
En voyant la présence des gendarmes, un chauffeur d'un camion-citerne espagnol est alors venu leur demander de fouiller son propre véhicule dans lequel "il suspectait la présence de migrants". Seize personnes, 11 Syriens et 5 Irakiens, ont ainsi été découvertes dans son camion-citerne.
Selon les enquêteurs, les réfugiés avaient été pris en charge à Calais et ont déclaré avoir payé entre 750 et 1.500 euros à des passeurs cagoulés pour tenter de monter dans un camion pour rallier l'Angleterre. Tous les migrants ont été relâchés.