La Strasbourgeoise, course pour la lutte contre le cancer du sein qui s'inscrit dans le cadre d'octobre rose, a déjà connu plus de monde par le passé, mais elles seront encore plus de 11 000 ce dimanche à courir ou marcher. Pour les malades surtout. Pour l'ambiance aussi. Témoignages.
Strasbourg de rose vêtue chaque premier week-end d'octobre depuis 2010, l'image est chaque année impressionnante. La course a longtemps été nocturne, ce qui ajoutait à sa magie. L'an dernier, il avait fallu déplacer l'évènement du vendredi soir au dimanche matin dans l'urgence, pour des raisons de sécurité. Les 17 000 inscrites avaient joué le jeu et s'étaient déplacées de bonne volonté le dimanche de bonne heure.
Cette 8e édition enregistera autour de 11 500 inscriptions, la faute, sans aucun doute à ce déplacement de jour pérénisé. "Le vendredi soir, les femmes se retrouvaient en groupe, au sein de leurs entreprises. Là, c'est plus difficile de les mobiliser, un dimanche matin, explique Claude Schneider, le président de l'Office des sports de Strasbourg, organisateur de l'évènement. Nous avions 260 associations et entreprises inscrites l'an dernier, elles ne sont plus que 180 cette année." Autre explication, les étudiantes, qui souvent, sont rentrées chez leurs parents pour le week-end.
Le nombre de participantes reste impressionnant et l'organisateur se réjouit aussi de voir l'évènement s'inscrire de plus en plus largement dans la Ville. Une deuxième course a été organisée dès samedi : une balade sur l'Ill en canoë a rassemblé ce samedi matin 150 femmes. Et donné un peu plus encore de visibilité à la cause que toutes ces femmes portent. "J'ai vu aussi, par exemple, des ballons roses dans les vitrines de certains commerçants. Ca fait plaisir, ajoute Claude Schneider. Et le village installé place Kléber voit passer beaucoup de monde pendant deux jours. C'est très positif."
Le village, c'est là que coureuses et marcheuses viennent retirer leurs dossards. Certaines en profitent pour laisser un petit message sur le mur des témoignages. Quelques mots pour exprimer sa solidarité avec les malades, saluer une proche en lutte contre la maladie ou dire son émotion.
Nous avons échangé avec quelques-unes d'entre elles. Et quelque-uns, puisque si la Strasbourgeoise est officiellement réservée aux femmes, la lutte contre la maladie s'étend bien évidemment aux hommes. Voici quelques témoignages glissés avec souvent beaucoup d'émotion :
Yeva Parlar, 9 ans : "trouver un médicament".
"J'accompagne ma maman qui va courir demain. J'aurais tellement aimé courir avec elle! Mais je ne peux pas, je n'ai pas encore l'âge... Dès que j'aurai 13 ans, je m'inscrirai aussi. Je sais que tout le monde va courir pour essayer de trouver un médicament contre le cancer, et ça, c'est très important."
Pascal Bejot, de Strasbourg : "pour ma fille Sarah, 17 ans".
"Ma fille est actuellement soigné à Nancy pour une leucémie. Elle montre tellement de forces et de courage... L'an dernier, elle a eu son bac avec mention TB malgré tout...C'est le moins que je puisse faire pour elle que de venir écrire un petit mot ici... déjà que je ne peux pas courir demain, puisque la course est réservée aux femmes!Ma mère est décédée du cancer en 2009. Je suis donc très touchée par la maladie, c'est important d'être là."
Nathalie et Claire Béchet, mère et fille : "voir les malades courir, c'est touchant".
"C'est la 2e fois que nous participons à la Strasbourgeoise, nous marchons avec un groupe de mon entreprise, dans cette ambiance tellement festive ! Quand on voit certaines femmes malades participer quand même, autour de nous dans ce grand cortège, cela nous paraît encore plus important de leur apporter tout notre soutien. Ca touche beaucoup, c'est un moment très fort."
Séverine Reinbold et Sarah Alpacca, dossards 5043 et 3186 : "on est tous touché".
"Je suis particulièrement concernée parce que mon papa est décédé d'un cancer, mais je crois que nous le sommes tous à un moment ou à un autre de notre vie. C'est vraiment encourageant de courir pour une cause caritative, pour montrer sa solidarité. Le parcours de 5 kms est très accessible pour tout le monde, il n'y a vraiment aucune raison de ne pas y être ! On va courir entre copines, c'est très motivant."
Louis Stein, bénévole : "donner de son temps quand on le peut".
"Je suis retraité et il est tout naturel pour moi d'être ici, pour donner un coup de main. Ma femme est infirmière à Hautepierre, d'habitude, elle court, mais là, elle travaille. Donc je la représente un peu... J'ai du temps, alors je le donne !"
Virginie Bernardt, fidèle de La Strasbourgeoise : "pour ma collègue".
"Nous, femmes, sommes toutes potentiellement concernées par cette maladie. Un jour, nous pouvons être malades. En ce moment, j'ai une de mes collègues qui est malade. Demain, nous serons un groupe de 17 à courir ensemble, ce sera un peu pour elle. En plus, c'est une super course, l'ambiance est très particulière."
Nathalie Stroh, de Gambsheim : "courir ici, un objectif".
"C'est ma 3e participation, j'adore l'ambiance de cet évènement ! Mais c'est la 1ère fois que je vais courir, jusque là je marchais... Je me suis mise à courir il y a un an, et parcourir ces 5 kms était un vrai objectif. Aujourd'hui, j'en coure même 10 ! Je me réjouis vraiment de ce rendez-vous..."
Parmi les combattantes de la maladie, une marraine
Parmi les 11 500 participantes (environ 5000 coureuses et 6500 marcheuses), l'une d'entre elles portera le dossard numéro 1 : Valérie Valentin, 38 ans, en rémission de deux cancers du sein. Une battante qui s'est beaucoup accroché au sport pour guérir. (lire par ailleurs)
Son portrait, signé David Marcelin et Jérôme Gosset : un témoignage fort.
Courir pour quoi ?
L'inscription à la Strasbourgeoise coûte 10 euros : 6 euros servent à l'organisation, 4 euros sont reversés pour la lutte contre le cancer du sein.Cette année, les dons récoltés iront non plus à la Ligue contre le Cancer, mais à l'Institut régional du cancer (lire par ailleurs).
Les fonds récoltés serviront à développer la pratique du sport dans cet institut qui ouvrira en juin prochain, car les effets du sport sur la maladie sont très importants (voir les explications du professeur Dufour, ci-dessous). Ils financeront également un programme de recherches qui vise à personnaliser encore davantage les soins des malades atteints de cancer du sein, car "il y de très nombreuses formes de cancers du sein. Les identifier permet de personnaliser les soins et les rendre plus efficaces", explique Patrick Dufour, oncologue.
Institut régional du cancer : c'est quoi ?
Ce pôle d'excellence en cancérologie est en projet depuis 2004 et accueillera ses premiers malades en juin 2018. Il rassemblera dans un bâtiment tout neuf, à Hautepierre, les deux structures de pointes que sont le Centre Paul Strauss et les services concernés des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. "C'est un rapprochement exceptionnel en France, explique le professeur Patrick Dufour, qui porte le projet depuis l'origine. Il n'y a qu'à Toulouse et à Strasbourg qu'un tel travail en commun sera désormais possible."Des compétences réunies et un matériel de pointe devraient permettre de mieux soigner et accélérer la recherche. "Dans les années 80, on traitait tous les cancers de la même manière. Aujourd'hui, on se spécialise. A l'IRC, il y aura 20 oncologues très spécialisés, plus un service d'hématologie. tout le monde travaillera ensemble."
D'autant que la proximité de l'hôpital d'Hautepierre permettra de mieux traiter les urgences et d'intégrer plus facilement le traitement des cancers des enfants, le service pédiatrique étant alors juste à côté.
La recherche devrait elle aussi en bénéficier, puisque l'INSERM sera lui aussi voisin.
Coût du projet : 136 millions d'euros. "L'un des plus gros chantiers de France, sans retard et sans dépassement de budget", se félicite le professeur Dufour.
La Strasbourgeoise : infos pratiques
Départ de la course place de l'Etoile à 9h30 (9h50 pour la marche).Circulation interrompue sur tout le parcours dès 8h30. Pas de tram A et D entre Grand-Rue et Etoile-Bourse entre 9h30 et 10h45.
Parking gratuit à Rivetoile (P1). Co-voiturage fortement conseillé.
N'hésitez pas à consulter le site de la Strasbourgeoise pour plus d'informations pratiques.
Et pour vous replonger dans l'ambiance, revisionnez notre reportage réalisé lors de l'édition 2016 :