2024 et sa météo maussade

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Un champ inondé à Forstfeld le 21 mai
Sujet Rund um en alsacien sous-titré ©France Télévisions

2024, année difficile. Les aléas climatiques de ces derniers mois (gelées tardives, inondations, pluies incessantes) ont eu de lourdes conséquences pour bon nombre d'agriculteurs et d'habitants, particulièrement en Alsace du Nord. Nous sommes allés à la rencontre d'agriculteurs impactés, et d'un homme qui s'adonne à des prévisions météo à l'aide de méthodes assez artisanales, mais plutôt efficaces... grâce à des oignons.

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Des gelées tardives en avril. Des pluies incessantes et des inondations en mai, avec des communes d'Alsace du Nord sous l'eau. Des champs noyés. Depuis le début de l'année 2024, les aléas climatiques s'enchaînent, sans parler du manque de neige dans les stations de ski vosgiennes l'hiver passé. Le ciel ne semble pas être de notre côté. Serait-ce, comme le disaient les anciens, à cause de l'année bissextile, qu'ils considéraient comme une "demi-année" forcément maussade et humide ?

D'immenses pertes dans les champs

C'est ce que semblent dire certains agriculteurs impactés par les intempéries. Au nord de l'Alsace, là où les débordements de l'Eichel et de la Sauer ont eu des conséquences importantes sur les cultures et les prairies, les paysans n'ont d'autre choix que d'attendre que l'eau se retire de leurs champs. A Forstfeld, tandis que les éleveurs ont dû évacuer leurs vaches des parcelles, les céréaliers, comme Christian Wollenschlaeger, se demandent s'il vont pouvoir vendre leur blé cette année. "D'ici quelques semaines, lorsque l'eau se sera retirée, des mycotoxines vont apparaître sur le blé. S'il est trop malade, il sera invendable, il faudra le détruire. Au total, nous sommes au moins à 50% de pertes sur le maïs et le blé", affirme le responsable FDSEA de Seltz Lauterbourg.

Même son de cloche chez les maraîchers. Plus au sud, à Sélestat, Denis Digel désespère de voir ses plants de haricots détruits, ses salades commencer à pourrir. "Et vous voyez, les taches noires sur ces oignons.. c'est déjà du mildiou". Une série de mauvaises nouvelles pour ce président d'une coopérative de maraîchers, à la tête de plusieurs magasins de producteurs. "Les clients veulent des légumes frais et locaux, encore faut-il qu'ils comprennent". Et puis, pas question d'augmenter les prix des légumes. "Personne ne voudra acheter une salade à 2 euros. C'est un euro, 1,50 euro maximum." D'ores et déjà, il estime les pertes à venir sur ses 12 hectares de terres en dizaines de milliers d'euros.

Un autel d'oignons pour prévoir la météo

Cette météo maussade, Rémy Gullung l'avait entrevue dans ses oignons. Chaque fin d'année, à Noël, ce prévisionniste météo amateur dépose douze moitiés d'oignons jaunes, symbolisant les mois de l'année, sur le rebord de sa fenêtre en les saupoudrant de gros sel. "Après la messe de minuit, je regarde lesquels ont tiré de l'eau". Les moitiés d'oignons les plus humides correspondront à des mois qui devraient l'être tout autant.

Retraité d'une entreprise de métallurgie, le Hartmannswillerois de 70 ans tient cette méthode de sa grand-mère, maraîchère en son temps. Comme elle, il complète ses observations avec celles de la "petite année" : entre le 26 décembre et le 6 janvier, Rémy Gullung observe la température, la pluviométrie, le sens du vent, plusieurs fois par jour. Ainsi, il fait des préisions pour les douze mois de l'année suivante. Au final, il estime que ses observations tombent juste à plus de 70%. Et c'est plutôt le cas, même s'il n'avait pas annoncé une météo aussi mauvaise au mois de mai. Hélas, à en croire le prévisionniste amateur, cela ne devait pas beaucoup s'arranger cet été...

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