Rund Um. Hoenheim prépare un octobre rose, un mois dédié aux malades du cancer du sein. Cette commune de l'Eurométropole se sent particulièrement concernée, car cette année, la marraine de "la Strasbourgeoise", course solidaire en faveur de la lutte contre la maladie, est originaire de Hoenheim.
Depuis des mois, de nombreux groupes, associations, commerçants et artisans de Hoenheim oeuvrent dans l'ombre, pour que le mois d'octobre soit rose dans leur commune. Les uns vont décorer le centre-ville, les autres organiser des animations, d'autres encore faire un don ou proposer à la vente des produits spécifiques, dont une part des bénéfices sera reversée à la recherche contre le cancer.
L'investissement particulier de cette commune de l'Eurométropole est dû au fait que cette année, Karine Debargue, la marraine de la course et marche solidaire "la Strasbourgeoise" (qui se déroulera le 2 octobre prochain dans les rues de la capitale alsacienne au profit de la lutte contre la maladie) est née à Hoenheim.
Martine et ses roses
Cela fait quelques années qu'un petit groupe de Hoenheimoises participe à la Strasbourgeoise. Elles se sont donné pour nom "Martine et ses roses" (clin d'œil aux albums de Martine, en vogue dans les années 60), et s'entraînent régulièrement, par une marche un samedi par mois.
Mais leur premier objectif est d'entourer des femmes touchées par le cancer du sein. Parmi elles, Muriel Grass, qui s'est battue contre cette maladie il y a près d'un quart de siècle. "Deux enfants en bas âge, on se bat, on s'accroche, soutenue par de super médecins" raconte-t-elle. "Opération, chimio, rayons pour une année un peu chaotique. Mais je suis là, porte-drapeau pour mes sœurs de cœur."
Opération, chimio, rayons... Mais je suis là, porte-drapeau pour mes soeurs de coeur.
Muriel Grass
Karine Debargue a rejoint le groupe à l'automne 2021, dès la fin de son traitement. "Martine et ses roses m'ont permis de m'entraîner" explique-t-elle. "Pour moi, c'est énorme. Avant je n'arrivais plus à marcher plus de 300 mètres. Et maintenant, je peux parcourir 5 kilomètres (…) C'est énorme, ça rebooste, ça donne envie de se battre encore plus."
"On est bien, ensemble, on se connaît depuis longtemps, et de plus en plus de femmes se rajoutent" se réjouit Andrée Zeder, autre membre du groupe. Effectivement, en 2016, elles étaient douze à participer à "la Strasbourgeoise". L'année suivante 30, puis 60… Cette fois, "nous serons 164 à marcher pour notre marraine Karine, et pour toutes celles qui se battent et toutes celles que nous avons dans nos cœurs" précise Martine Jérôme, la coordinatrice.
Un projet ambitieux à Hoenheim
Lorsque Karine a été désignée marraine de la Strasbourgeoise 2022, l'équipe de Hoenheim a décidé que se mobiliser pour une seule journée de course ne suffisait pas. Et qu'il fallait embrigader toutes les bonnes volontés pour un projet nettement plus ambitieux : organiser "plein de manifestations" dans la commune, durant tout ce mois d'octobre dédié à la lutte contre le cancer du sein.
"On a commencé dès février-mars dernier" se souvient Martine Jérôme. "On a demandé à tous s'ils étaient d'accord de participer, et immédiatement, tout le monde a répondu présent, car cette cause est vraiment trop importante."
Immédiatement, tout le monde a répondu présent, car cette cause est vraiment trop importante.
Martine Jérôme, coordinatrice
Des commerçants, artisans et banques vont participer, soit sous forme de dons, soit sous forme d’actions concrètes. Tout l'argent récolté sera reversé à l'ICANS (Institut de cancérologie Strasbourg Europe). Et tous rivalisent d'imagination.
A titre d'exemples : la fleuriste l'Agapanthe va proposer des bouquets roses à 18 euros, dont 5 seront reversés. Le boulanger Flocon de sucre vendra une pâtisserie rose et reversera 1 euro par pièce. Le boucher La Pays'Anne fera un don sur ses ventes roses (jambon, etc.) et le restaurant au Cheval noir proposera un menu rose, et fera un don.
Une Vitaboucle le 16 octobre
Hoenheim organise aussi sa propre marche solidaire, la Vitaboucle. Un parcours de 6,1 km, au départ de la mairie, le 16 octobre à 9h30. Chacune des 11 association sportives de la commune seront représentées par une dizaine de membres. Mais le trajet restera tout à fait accessible aux familles avec enfants. Et Karine Debargue elle-même sera de la partie, pour marquer son attachement à sa "ville de cœur."
Dès début septembre, un petit groupe a pris son bâton de pèlerin pour tester le parcours, et repérer les endroits où accrocher les rubans roses qui serviront de balises. "On regarde et on cherche des repères, pour que tout se passe au mieux le jour même" explique Andrée Zeder, l'une des participantes. Mais ce 16 octobre, peu importe la météo. "On sera là. On l'a programmé et on le fera" assure-t-elle.
Des panneaux réalisés dans l'atelier "Le petit clou"
Chaque mardi matin, des retraités hoenheimois se retrouvent avec bonheur dans l'atelier de bricolage "Le petit clou". Ils y effectuent des travaux de menuiserie, de ferronnerie et de peinture, afin de décorer leur commune, ou soutenir des actions associatives ponctuelles.
Depuis quelques semaines, ils préparent des panneaux en vue d'octobre rose. L'un des membres, Daniel Kustner, peint avec application des plaques de bois annonçant la marche Vitaboucle. "C'est vraiment le plus important, ce genre d'action particulière pour les malades. C'est essentiel. Et pour ça, chacun s'implique très volontiers" affirme-t-il.
Ces derniers temps, quelques membres de "Martine et ses roses" rejoignent l'équipe du "Petit clou" pour manier le pinceau, et décorer d'autres panneaux, ainsi que des supports en bois. Tout doit se couvrir de rose, évidemment. Egalement prévu : un grand cadre, marqué "Hoenheim en rose", derrière lequel chacun pourra se prendre en photo.
Du tricot au centre socio-culturel
Le centre socio-culturel de Hoenheim accueille une fois par semaine une douzaine de dames tricoteuses. D'ordinaire, elles réalisent des travaux pour la kermesse de la commune, chaussons pour bébés, poupées et petits objets. "On est contentes de nous retrouver, on rit, on blague, il y a une bonne ambiance" précise Marie-Jo Jeanne dit Fouque, l'une des fidèles.
Lorsqu'au printemps dernier, elles ont été sollicitées pour tricoter de longues écharpes roses, destinées à décorer les abords de la maire, "on a toutes été d'accord" affirme la dame tricoteuse. Elle et ses comparses ont même fait des séances supplémentaire, puisqu'en août, "le centre (leur) a laissé la salle pour toutes les vacances."
Il faut que les chercheurs arrivent à faire disparaître cette maladie.
Marie-Jo Jeanne dit Fouque
Marie-Jo Jeanne dit Fouque se sent particulièrement concernée par cet octobre rose à Hoenheim. Car elle-même a souffert d'un cancer du sein, et elle participe depuis 2016 à "la Strasbourgeoise". "C'est nécessaire de soutenir ce projet, il faut que les chercheurs arrivent à faire disparaître cette maladie" s'exclame-t-elle.
Tricot et couture à l'atelier "Knepf"
En saumon, en pêche, en lilas, en fuschia… Les réalisations de l'atelier "Knepf" ("boutons") annoncent elles aussi la couleur. Bracelets, chouchous et fleurs en tissu, broches, bandes tricotées et brodées, ornées de cœurs, de rubans et de boutons…
Cette joyeuse bande d'amies bricoleuses se retrouve une fois par mois chez l'une ou l'autre. "Le travail manuel, ça nous fait du bien" explique Michèle Messer. "On fait encore partie de cette génération qui l'a appris de nos grands-mamans. Et c'est le plaisir d'être ensemble."
Actuellement, le groupe s'investit à fond pour préparer le mois d'octobre. Car le terrible crabe a également touché plusieurs de ses membres. Dont Michelle Lechemeier, qui raconte : "Je l'ai eu il y a huit ans, très brutalement. Le 8 mars, mon mari est mort, et fin mars, on m'a annoncé que j'avais le cancer. Mais le personnel médical a été génial, et finalement, je garde un bon souvenir de cette période, d'un point de vue humain."
C'est pour dire aux malades qu'ils ne sont pas seuls. Que nous aussi on l'a eu, et qu'on en a réchappé.
Michelle Lechemeier
Aujourd'hui, elle participe au projet d'octobre rose dans sa commune "pour améliorer la situation des malades atteints du cancer. Mais aussi pour leur dire qu'ils ne sont pas seuls. Que nous aussi on l'a eu, et qu'on en a réchappé."
Martine Schmidt elle aussi a été gravement touchée par la maladie : "9 mois sous chimio, 20 kilos de moins, plus de cheveux. c'est dur" reconnaît-elle. Depuis, elle coud des milliers de bonnets, à partir de tee-shirts recyclés. "Probablement 3.000, ou 4.000".
Par le biais de l'association Les petits bonnets de l'espoir, elle offre ses créations, partout en France, aux femmes qui ont perdu leurs cheveux à cause de la chimiothérapie. Et depuis 2016, elle crée des bonnets roses pour distinguer l'équipe de Hoenheim qui participe à "la Strasbourgeoise".
Une mairie toute rose
Durant tout le mois d'octobre, les abords de la mairie de Hoenheim seront décorés de rose : bandeaux tricotés autour des arbres, calicots devant les fenêtres…. Le but n'est bien sûr pas qu'esthétique. Il s'agit de rappeler à tous que le cancer du sein n'est toujours pas éradiqué. Et qu'il continue à faire de trop nombreuses victimes.
"Des malades en souffrent, il faut tout faire pour que la recherche avance" résume Gabrielle Garros, autre "Martine et ses roses". "Mais notre action va bien plus loin que la levée de fonds. Au départ, je ne pensais même pas à l'aspect financier. L'argent est nécessaire pour la recherche, mais pour moi, l'essentiel est de soutenir toutes celles qui en sont atteintes."
A l'exemple de Hoenheim, cette année 2022, octobre sera rose dans treize communes de l'Eurométropole.