A vélo, l'Alsace est encore plus belle, grâce à ses 2.500km de parcours cyclables

Rund Um. Le retour des beaux jours donne envie de laisser la voiture au garage. Une envie très facile à réaliser en Alsace, première région cyclable de France. Ses innombrables parcours vont d'une vingtaine de kilomètres à plus de 300. Exemples à Munster et Rhinau.

Entre Rhin et Vosges, la petite reine est particulièrement mise à l'honneur. Du sud au nord, l'Alsace propose plus de 2.500 kilomètres de véloroutes et voies vertes, dont beaucoup sont conçues en boucles. Les plus courts, d'une vingtaine de kilomètres, s'adaptent à un public familial. Et les deux les plus longs, respectivement de 170 et 310km, offrent de véritables tours de la région aux plus hardis.

L'Alsace se retrouve également à la croisée de trois véloroutes européennes : l'EuroVelo 15 qui relie Andermatt (Suisse) à Rotterdam (Pays-Bas), l'EuroVelo 5 entre Londres (Grande-Bretagne) et Rome (Italie) et l'EuroVelo 6 qui permet de se rendre de l'Atlantique jusqu'à la Mer Noire. Plus modestement, il existe aussi de nombreux parcours transfrontaliers vers Offenburg, Dahn, Baden-Baden ou Fribourg-en-Brisgau.

Mais même les cyclistes qui restent en terre alsacienne, et recherchent une simple idée de sortie d'un jour, loin des routes et sentiers battus, trouveront leur bonheur. Un site, l'Alsace à vélo, recense plus d'une centaine d'itinéraires. A choisir selon un secteur donné, la longueur du parcours, ou son degré de difficulté.

Des parcours pour tous les goûts

"Asperges et colombages", "Fermes et douceurs du Kochersberg", "Tour d'Alsace Bossue", "Le long des voies navigables"…. Certains intitulés de circuits sont déjà à eux seul tout un programme. D'autres mettent en avant la culture : "Cités médiévales et églises remarquables", "De Vauban à Bartholdi", "Art sacré au pays de Sierentz"…

Sur le site, "on trouve aussi des centres d'intérêt à voir sur le parcours" précise Julia Singer, chargée d'animation à l'office de tourisme de la Vallée de Munster. "Ainsi que des idées d'hôtels et de chambres à louer, si on souhaite faire du vélo dans le secteur durant plusieurs jours."

A Munster, trois nouvelles boucles familiales

Les offices de tourisme proposent également des parcours sous forme de tracts. Ainsi l'office de tourisme de la Vallée de Munster. Là, par exemple, "trois nouveaux circuits ont été créés l'an dernier par l'office et la communauté de communes" explique Dominique Ritz, président honoraire du Club cyclo de la Vallée. Tous trois partent de la gare, pour en faciliter l'accès aux cyclistes qui préfèrent ne pas arriver en voiture.

"Ces circuits sont familiaux, sans difficultés particulières. Et aucun ne grimpe dans la montagne." En effet, le fond de cette vallée large permet un type de parcours aisés, tout en offrant de superbes panoramas. "Et il n'y a pas que Munster. On a aussi Stosswihr, ou Metzeral, où on peut rester pratiquement à plat" se réjouit Dominique Ritz.

Certains membres du Club cyclo n'hésitent d'ailleurs pas à emprunter eux-mêmes ces véloroutes, pour se remettre en jambes après la pause hivernale. "On les prend souvent, c'est pratique. On est plus en sécurité sur ces pistes" estime Luc Jaeger, l'actuel président du club. "C'est vraiment un avantage. Et si on veut faire de la grimpette, il y a la montagne juste à côté."  

L'une des trois boucles, celle "des Cigognes", passe par Eschbach et Griesbach-au-Val, en empruntant une petite voie goudronnée qui longe prés et bois. Pour les plus courageux, un petit détour légèrement ascendant permet d'admirer la commune de Soultzbach, "740 habitants, et plus petit village médiéval d'Alsace", selon Dominique Ritz. Qui déplore que "les gens qui arrivent en voiture passent tout près, mais ignorent qu'ici, c'est tellement beau."

Car l'un des avantages de certains circuits à vélo, c'est aussi de faire découvrir des curiosités, ou des lieux insolites… Ainsi, à Wihr-au-Val, beaucoup de cyclistes font une halte méritée dans l'unique cave viticole de la Vallée. Le jeune viticulteur, Jérôme Mendelin, a dû - et su - s'adapter à ce nouveau public.

"Ce sont des clients qui ne peuvent pas emporter de cartons de bouteilles", explique-t-il, puisqu'ils sont à vélo. "C'est pourquoi nous leur proposons une dégustation de fromages de la Vallée, alliés à certains crus du domaine. Ils passent un moment sympa, et chacun reprend sa route." 

Dans le Ried, des circuits réalisés avec Vélo Evasion

La zone du Ried, en Alsace centrale, est depuis très longtemps une terre de vélo. A Rhinau, par exemple, l'une des quatre antennes de l'office de tourisme du Grand Ried, propose d'ailleurs depuis une bonne décennie des vélos à louer.

"On a six vélos électriques et vingt vélos traditionnels, également des carrioles et des petits sièges ainsi que des vélos pour enfants dès 6 ans" détaille la responsable, Valérie Schmitt. Avec le soutien de l'association de cyclisme locale, Vélo Evasion, l'office de tourisme a également réalisé une bonne quinzaine de circuits, principalement à destination des familles.

Parmi eux : "Le tour de l'horloge" dans le secteur de Benfeld, "La jungle rhénane" près de Boofzheim, "Du chou à l'assiette" du côté d'Erstein et de Krafft, ou encore le "Rhibodifrizel", une boucle ludique principalement conçue pour les enfants jusqu'à 12 ans.

Et d'autres sont en préparation. "Notre région est vraiment faite pour le vélo" rappelle Valérie Schmitt. "C'est plat, on a de beaux panoramas, et beaucoup d'eau, des cours d'eau, le canal et le Rhin. C'est ça, le Ried, notre Ried." Plusieurs circuits font aussi une incursion en Allemagne toute proche. Car le bac de Rhinau, juste à côté de l'office de tourisme, permet de traverser le Rhin en à peine quelques minutes.

Côté français, à quelques kilomètres de Rhinau, à Boofzheim, le pont du canal du Rhône au Rhin est également un point de départ intéressant pour des pistes qui partent dans toutes les directions. "De là, on peut rouler jusqu'à Strasbourg, ou jusqu'à Colmar, sans problème, car tout est plat" détaille Patrick Ortmann, président de l'association Vélo Evasion. "Et le long du canal, on voit plein de choses, des canards, des ragondins… c'est sympa et calme... sauf le dimanche."

Le Ried offre aussi son lot de surprises, telle la petite grotte de la Vierge de Diebolsheim, créée au début du 20^e siècle par un habitant du coin d'origine italienne. Les abords, aménagés en jardin, sont entretenus toute l'année par des bénévoles.

C'est typiquement le genre d'endroit qu'un automobiliste ne verra pas, sauf s'il le cherche expressément. Mais où un cycliste aura plaisir à s'arrêter. "Si on fait du vélo, on découvre plein de choses qu'on ne voit pas en voiture" résume Patrick Ortmann. Alors, pourquoi se priver ? Sans oublier que le plaisir de pédaler et de faire corps avec le paysage est aussi un bienfait pour la santé.