L'ensemble du matériel photographique du Colmarien Alexandre Sattler a été dérobé lundi 15 janvier à la gare de Strasbourg. Un appel anonyme, d'une personne émue par son histoire, lui a permis de retrouver une partie de ses biens.
"J'ai récupéré mon ordinateur, sans le chargeur, mon disque dur sans le câble et un objectif" liste Alexandre Sattler. Mais toujours aucune trace de son appareil photo, "un tout nouveau modèle à 5 000 euros, ni des autres optiques."
La joie du reporter photographe colmarien reste relative, mais c'est malgré tout une belle victoire. Principalement obtenue grâce à sa propre ténacité, quatre jours après le vol de tout son matériel, d'une valeur totale de 14 000 euros. Les faits s'étaient déroulés lundi 15 janvier dans un fast-food de la gare de Strasbourg, alors qu'il était en partance pour l'Afrique du Sud.
Contacté par un témoin anonyme
Rapidement relayée sur les réseaux sociaux et par les médias, dont France 3 Alsace, son histoire suscite de nombreuses réactions. Et l'impensable se produit. Un témoin anonyme appelle Alexandre Sattler mercredi 17 janvier, pour lui donner des informations sur le suspect.
"C'est un article de presse qui avait ému cette personne, raconte le photographe. Elle a fait des recherches sur Internet pour découvrir mon travail, et a aussi été touchée par mes images. Elle a compris l'importance, l'enjeu, de ce type de vol pas du tout anodin."
"Elle a trouvé mon numéro de téléphone sur mon site, et m'a contacté de nuit pour me dire qu'elle savait où était mon matériel, en me donnant le nom du suspect et son domicile. Elle m'a dit : 'Je sens que c'est important pour vous, c'est pourquoi je dénonce cette personne que je connais.'"
Suite au vol, Alexandre Sattler avait suspendu son voyage. Et retournait "chaque jour à Strasbourg, donner les numéros de série de ses appareils et objectifs aux magasins d'occasion", dans l'espoir d'y retrouver certains éléments. Jeudi matin, après le coup de fil anonyme, il prend "le premier train pour monter à Strasbourg, déposer un complément de plainte et donner toutes ces nouvelles informations à la police."
La BAC mobilisée
Mais là, c'est la désillusion. "La police m'a dit qu'elle ne pouvait pas intervenir comme ça, que pour une perquisition, il fallait l'accord du préfet, ce qui pouvait prendre quatre ou cinq jours." Un délai insupportable, impensable, car son informateur anonyme lui a laissé entendre qu'il y a du va-et-vient dans l'appartement en question, et que "du matériel est en train de sortir."
Il décide donc de prendre les devants. "J'ai dit aux policiers : 'J'y vais, mais assurez-vous que je sois protégé', poursuit-il. Là aussi, sa demande n'aboutit pas. "Ils m'ont dit que ce n'était pas la procédure. J'ai donc appelé d'autres commissariats, et pour finir la BAC (brigade anti-criminalité) qui est venue jusqu'à l'appartement, et a récupéré les deux suspects."
Dans l'appartement, il y a effectivement une partie de son outil de travail, ainsi que "du matériel d'autres victimes (…) provenant d'autres casses et d'autres vols." La police nationale du Bas-Rhin transmet l'information par deux tweets.
1/2 Lundi dernier, après avoir déposé plainte pour vol de matériel photographique d'une valeur de 13 000 euros, la victime réussit à géolocaliser son sac notamment grâce à un renseignement anonyme. pic.twitter.com/VME4wAguE7
— Police Nationale 67 (@PoliceNat67) January 19, 2024
2/2 Les policiers de la BAC se rendent rapidement sur place et découvrent le matériel dérobé, une arme, un bloc d'ordonnances vierges et de la résine de cannabis.
— Police Nationale 67 (@PoliceNat67) January 19, 2024
➡️2 personnes en garde à vue.
Ce vendredi 19 janvier, Alexandre Sattler a pu récupérer ce qui lui appartient. Mais l'appareil photo n'y est plus. Et le Colmarien garde peu d'espoir de le retrouver.
Même si les deux suspects ont été placés en garde à vue, il craint qu'il n'y ait pas vraiment de suite. "J'ai l'impression d'avoir mené un travail d'enquêteur, s'exclame-t-il. C'est parce que moi, j'ai pris l'initiative d'y aller, et de me faire entourer de policiers pour me protéger, qu'on en est là. Mais maintenant, je pense que la police ne fera plus rien."
Cependant, il se dit très ému de l'écho rencontré par son histoire. "Sur les réseaux sociaux, j'ai été très surpris du soutien de tous ceux qui suivent mon travail." Et une amie vient de mettre en place une cagnotte en ligne, pour collecter des fonds lui permettant d'acheter un nouvel appareil.