La chancelière allemande a reconnu son échec à trouver un terrain d'entente entre Libéraux et Verts. Une coalition indispensable à son parti, la CDU, pour continuer de gouverner. Merkel vit là sa principale crise politique en 12 ans de pouvoir. Va-t-elle pouvoir rester?
Lorsque le 24 septembre, les Allemands placent à nouveau en tête la CDU d'Angela Merkel, avec 33% des voix, la chancelière sait qu'elle aura besoin des libéraux du FPD (10,7%) et des Verts (8,9%) pour pouvoir mener à bien son 4e mandat, une coalition inédite en Allemagne. La CDU signe là son pire score aux législatives depuis 1949 et l'entrée de l'extrême-droite au Parlement (12,6% des voix pour l'AfD) ternit plus largement encore sa victoire.
Après plusieurs semaines de discussions avec ses potentiels alliés, elle a reconnu ce dimanche soir son échec à former un gouvernement de coalition. Le FPD libéral, par la voix de son président Christian Lindner, a abandonné la table des négociations au terme d'un dernier week-end marathon. "Il est préférable de ne pas gouverner que de mal gouverner". Il a jugé qu'il n'y avait pas de "positions communes et de confiance mutuelle" suffisantes pour pouvoir gouverner ensemble pendant quatre ans.
Reconnaissant que la question des migrants, notamment, était au coeur des crispations, la chancelière a "déploré" cette décision. Les partis n'ont pu s'entendre sur un plafonnement du nombre de demandeurs d'asile, ni sur la questiondu droit au regroupement familial en Allemagne. Les questions environnementales ont constitué l'autre grand sujet de discorde.
Les Allemands à nouveau appelés aux urnes?
La chancelière a annoncé vouloir rencontré le président allemand, Frank-Wlater Steinmeier, ce lundi. C'est lui qui pourrait décider de renvoyer les Allemands devant les urnes en début d'année prochaine. Il peut aussi décider de laisser une nouvelle chance à Merkel d'aboutir dans une nouvelle tentative de négociations, puisque la constitution allemande ne fixe pas de limite pour la constitution d'un gouvernement, mais la tâche paraît difficile. La chancelière pourrait, dans ce cas, essayer de faire revenir le SPD de Martin Schulz (20,5% de voix aux élections de septembre) sur sa décision de ne pas vouloir faire partie des discussions. Pour l'instant, le parti social-démocrate affirme vouloir rester dans l'opposition.
Fin de partie pour Merkel?
L'idée d'une fin de carrière pour Angela Merkel est déjà largement commentée par les observateurs de la vie politique allemande. Elle va devoir assurer les affaires courantes dans les prochaines semaines, mais sans pouvoir prendre de décision majeure. Ce qui n'est pas sans conséquence pour l'Europe. Emmanuel Macron avait présenté en septembre des propositions de relance pour l'UE et la zone euro, il ne pourra pas avancer sans l'appui actif de son partenaire allemand.
Selon un sondage, plus de 60% des Allemands pensent qu'Angela Merkel ne pourra plus rester en poste désormais.