Alsace : des solutions locales pour les transports à la demande, exemples à Erstein et Villé

Rund Um. En ville, les transports en commun font partie du quotidien. Mais hors des grandes agglomérations, d'autres solutions sont souvent nécessaires pour relier les petites communes entre elles. Exemples dans la communauté de communes du canton d'Erstein, et celle du Val de Villé.

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Trop souvent, les zones rurales alsaciennes sont mal desservies par les transports en commun traditionnels, train, bus ou tram. Les raisons en sont plurielles : pas assez d'usagers, trop faible densité de population, peu d'attraction touristique ou commerciale…  

Cette situation pose de grands problèmes de mobilité à certains habitants sans voiture ou sans permis, principalement les personnes âgées. Depuis plus d'une décennie, de nombreuses ComCom (communautés de communes) ont donc commencé à mettre en place des TAD (transports à la demande), qui fonctionnent sur réservation des usagers.  

Ces TAD existent aussi dans certaines agglomérations très étendues, où ils sont proposés en complément par les compagnies de transport locales.  

C'est le cas à Sélestat, pour les bourgades non desservies par les lignes régulières du TIS (Transport intercommunal de Sélestat). Ou encore dans l'Eurométropole de Strasbourg, avec le récent service Flex-Hop destiné à pallier la faiblesse de certaines dessertes en deuxième couronne.  

A la campagne, les communautés de communes rivalisent d'inventivité, qui s'entend jusque dans les noms désignant ces services. A titre d'exemples : "ComCom Bus" pour le secteur de Rhin Brisach, ou encore "Taxi pour tous" dans le Pays de Niederbronn.     

Le TAD du canton d'Erstein

En matière de transport, la ComCom du canton d'Erstein, qui regroupe 28 communes et plus de 48.000 habitants, n'est pas la plus mal lotie. Certaines de ses communes sont desservies par le train, et la plupart par le réseau de bus interurbain fluo CTBR réseau 67.  

Mais d'autres ne sont pas reliées entre elle. Un TAD a donc été mis en place dans le secteur depuis une bonne dizaine d'années. "Il fonctionnait déjà dans les anciennes communautés de communes" (regroupées en 2017 dans la ComCom du canton d'Erstein) : "la ComCom du Rhin, celle du pays d'Erstein, et celle de Benfeld" rappelle Marianne Horny-Gonier, la vice-présidente de la ComCom, en charge des mobilités et des énergies.  

Parmi les usagers réguliers, Suzanne Hervault. Une senior qui utilise régulièrement le TAD pour se rendre chez sa podologue à Benfeld. "Le bus d'Obenheim va à Boofzheim, Erstein et Plobsheim, mais il n'y a pas de bus pour aller à Benfeld" explique-t-elle. "Il faut donc prendre le 'taxi'. C'est pratique et ça me plaît."

Elle ajoute, malicieuse : "Et le monsieur est très sympa, on a toujours de quoi se raconter."  

Autre avantage : contrairement à un transport en commun classique, Suzanne Hervault n'a pas besoin de se déplacer jusqu'à une gare ou un arrêt de bus. Le "monsieur sympa", c'est-à-dire le chauffeur, Pascal Baumeyer, vient la chercher puis la ramener chez elle, à sa porte. Un vrai confort, surtout pour les personnes qui marchent mal.

Alice Troesch de Nordhouse, elle, utilise le TAD deux fois par semaine pour rendre visite à son mari en Ehpad à Erstein. Cinq petits kilomètres, devenus une distance infranchissable sans aide depuis qu'elle ne peut plus conduire, suite à un pépin de santé.     

Et impossible de solliciter constamment ses proches : "Me enfants travaillent, mon amie ou ma belle-sœur me conduisent parfois, mais je ne peux pas les embêter tous les jours" estime-t-elle.  

C'est donc sa fille qui a trouvé la solution du TAD. Elle fait les réservations pour sa mère, et "s'occupe du programme pour tout le mois." Alice Troesch a "accroché la feuille au frigo, avec les dates", pour bien se rappeler que, chaque mardi et chaque jeudi, le véhicule du TAD l'attend à 14 heures devant sa porte.  

La centrale de réservation du transporteur est située dans le Jura. C'est là-bas qu'aboutissent les appels pour les prises de rendez-vous. Et pour être sûr d'être pris en charge à la date et l'heure souhaitées, mieux vaut ne pas s'annoncer à la dernière minute.  

Pascal Baumeyer reçoit son planning définitif la veille au soir. Et durant la journée, il a rarement une longue pause. "Je dépose une personne, je vais en chercher une autre que je dépose ailleurs, je reviens récupérer la première" détaille-t-il. 

La plupart des trajets sont courts, mais il effectue "de 300 à 400 kilomètres par jour". Beaucoup d'heures de voiture, donc, mais un travail qui lui plaît, car de nombreux usagers sont des habitués.  

"Ça crée des liens, on se tutoie souvent" confie-t-il. "Certaines personnes ont mon numéro de téléphone et m'appellent directement si elles ont un empêchement. Ce sont de belles rencontres."

Contrairement à un véritable taxi, un aller-retour ne coûte que 6 euros – 3 euros par trajet. Le financement complémentaire est pris en charge par la ComCom, à hauteur de 50.000 euros par an, "desquels il faut déduire une subvention de la Région" précise Marianne Horny-Gonier.  

Les destinataires du TAD sont les aînés dès 60 ans, et les personnes de moins de 60 ans sous certaines conditions : à mobilité réduite, demandeurs d'emploi et bénéficiaires du RSA, sans voiture ou sans permis.  

Mais le TAD n'est pas uniquement destiné aux rendez-vous médicaux ou familiaux. Il permet aussi "de faire ses courses" détaille Marianne Horny-Gonier. "Et pour une personne âgée qui a une amie trois communes plus loin, et veut aller boire un café chez elle, c'est possible aussi."    

Val de Villé :  le Taxi'Val assuré par des bénévoles

Contrairement à celle du canton d'Erstein, la ComCom du Val de Villé ne bénéficie d'aucun transport en commun. "Notre petite vallée de 18 villages et 11.000 habitants n'a pas les moyens d'intégrer un vrai transport de bus interne, ou en direction de Sélestat. Ce serait compliqué et trop onéreux" explique Alain Meyer, son vice-président.   

Depuis 2001, la ComCom a donc lancé Taxi'Val, un TAD assuré par un autocariste, et pris en charge par la ComCom et la Région. "Mais il y a deux ans, il a fallu changer d'autocariste, et le nouveau n'a plus souhaité se charger de ce service" regrette Alain Meyer.  

Il a donc fallu innover pour "trouver une solution interne dans la vallée." Pour cela, la ComCom a renforcé un transport solidaire qui existait déjà auparavant : une poignée de bénévoles qui amenaient des personnes âgées à un rendez-vous médical à Sélestat.  

Désormais, une demi-douzaine de bénévoles assure ces transports, toujours vers Sélestat pour raison médicale, mais également à l'intérieur de la vallée, quel qu'en soit l'objectif. Une bénévole référente centralise les appels téléphoniques, et coordonne les plannings.  

Parmi ces bénévoles, Irène Schwab, retraitée dynamique qui préfère donner de son temps aux autres que de s'ennuyer chez elle. Ce jour-là, elle est allée chercher Gilberte Zimmermann, qui vit dans un foyer résidence à Villé, pour l'amener chez un ophtalmologue de Sélestat.  

"Chaque bénévole prend sa propre voiture pour emmener les gens", explique-t-elle. En dédommagement, la ComCom propose, à choix, le remboursement des frais kilométriques, ou une attestation pour une déduction des impôts.  

Lorsqu'il s'agit d'un déplacement jusqu'à Sélestat et retour, Irène Schwab y consacre une demi-journée. "Je conduis la personne au cabinet médical, et je reste avec elle le temps de la consultation. Et au retour, je l'accompagne jusqu'à la voiture et la reconduis jusqu'à sa porte" précise-t-elle.   

Gilberte Zimmermann n'a appris l'existence de ce service que récemment, "par le bouche à oreille." Elle ne s'en sert que pour raisons médicales. "Maintenant j'ai l'habitude, et j'apprécie" sourit-elle. "Avec ces dames, on discute."

Ce jour-là, le soin qu'elle a reçu a provoqué une petite douleur, qui a un peu diminué son plaisir de la course. "Mais si je n'avais pas mal, ça me ferait une sortie récréative" sourit-elle.  

Pour des trajets à l'intérieur de la vallée, les usagers paient 3 euros par course (6 pour un aller-retour). Un trajet aller-retour "de 38 kilomètres" précise Irène Schwab, vers Sélestat coûte 15 euros. "C'est pour notre assurance", ajoute la bénévole. "Pour qu'on soit couverts en cas de pépin."

Le système fonctionne. "La solidarité est là" se réjouit Alain Meyer. Mais la ComCom a bien conscience qu'il ne faut pas abuser des bonnes volontés "et ne pas trop les solliciter."

En complément, la ComCom travaille donc également avec la MJC (Maison de la jeunesse et de la culture). Tous les mercredi matins, celle-ci met "un minibus à disposition, avec un chauffeur" pour emmener les gens "au marché ou dans une grande surface." Et elle réfléchit à faire évoluer le dispositif.

De nouvelles perspectives

Dans l'une comme dans l'autre ComCom, les chiffres attestent que les besoins sont là. Dans le Val de Villé, "ces six derniers mois, on a véhiculé entre 130 et 140 personnes" précise Alain Meyer. Dans le canton d'Erstein, "environ 500 personnes sont inscrites" estime Marianne Horny-Gonier.  

Ne voulant pas en rester là, ces ComCom entament de nouvelles réflexions, destinées à améliorer l'offre de transport. Non seulement pour les aînés, mais pour tous, y compris les actifs.  

La ComCom du Val de Villé réfléchit avec trois ComCom voisines, dont celle de Sélestat, afin d'élaborer à terme un projet de mobilité commun.  

De son côté, la ComCom du canton d'Erstein vient d'obtenir une nouvelle compétence "organisatrice de mobilité". "Maintenant, on peut organiser des choses qui, avant, n'étaient pas de notre compétence juridique" précise Mariane Horny-Gonier.  

L'objectif serait de renforcer les synergies entre les différents modes de transport. En créant, par exemple, des navettes entre des gares et des centres d'activités. Afin de donner de plus en plus envie à tous de laisser la voiture au garage – s'ils en ont une.  

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