Depuis 2015, la pratique du padel explose en Alsace, comme partout en France. L'engouement pour ce sport originaire d'Espagne est tel qu'il n'y a pas assez de terrains.
Le padel, ce sport à la croisée du tennis et du squash, est pratiqué par de plus en plus de personnes en Alsace. Dans des clubs de tennis ou des structures privées, les demandent s'envolent, et les terrains qui existent actuellement ne suffisent déjà plus.
En France, le padel est en pleine expansion. Ce sport, originaire d'Espagne, conquit de plus en plus de monde depuis le milieu des années 2010. On estime à environ 100.000 le nombre de pratiquants dans tout le pays : "Dans le Bas-Rhin, on oscille entre 3 et 5.000. Un peu moins dans le Haut-Rhin", détaille Alexandre Seyller, chargé du développement de la discipline pour le Bas-Rhin, au sein de la Fédération française de tennis.
Les raisons de ce succès ? Le côté accessible et convivial de ce sport : "En quelques heures de pratique, on peut avoir un petit niveau. Le service se fait à la cuillère, et on joue forcément en 2 contre 2. Après ces mois passés isolés, ça recrée du lien."
Construire des nouveaux terrains : Oui, mais à quel prix ?
En Alsace, pour faire du padel, deux possibilités : jouer dans un club de tennis associatif, ou dans une structure privée : "Quelques clubs de tennis ont investi dans des terrains de padel, mais ils sont encore trop nombreux à ne pas avoir franchi le pas, ajoute Alexandre Seyller. Les structures privées se basent sur le modèle du Five (football à cinq en intérieur). On peut y louer des terrains pour une heure et demie."
Si certains clubs n'osent ou ne veulent pas se mettre au padel, c'est en partie en raison des coûts que cela implique : "Le prix d'un terrain extérieur est passé de 30.000 à plus de 50.000 euros. Ajouter un toit, même en toile, c'est hors de prix. Et je ne vous parle pas d'un hall totalement fermé... On avoisine les 100.000 euros." Sur les plus de 200 clubs de tennis alsaciens, seuls 9 comptent au moins un terrain de padel (voir carte ci-dessous).
Parmi ceux qui ont perçu un potentiel dans le padel, celui de Reichstett (Bas-Rhin) est un précurseur. Au moment de prendre les rênes du Tennis club padel en 2014, Gilles Feist a investi dans deux terrains, les premiers du Grand Est : "J'y ai tout de suite cru. En termes de membres, le club était en mauvaise posture. Pour faire simple, il n'y avait plus de jeunes. Avec la multitude de sports qu'on peut faire, le tennis perdait en attractivité."
Et l'effet a été immédiat : "Dès la première année, on a eu 60 membres. Aujourd'hui, ce chiffre monte à 180, dont 40 qui font également du tennis. Ça fait donc 140 personnes qui ne seraient jamais venues sans ces terrains ! On a de tout : des couples, des familles, des amis... C'est un sport sans prise de tête, qui se pratique dans une bonne ambiance."
Gilles Feist croit en l'avenir du padel : "À mon avis, ça va devenir LE sport de raquette numéro 1 en France d'ici cinq ans, comme en Espagne. Mais pour ça, il faut construire des nouveaux terrains. Ceux qui existent ne suffisent plus à absorber la demande. Et tout cela a un coût ! Rien que pour couvrir les deux courts extérieurs, ce qui permet de jouer toute l'année, ça nous a coûté 450.000€."
Le président du club ambitionne de construire deux nouveaux terrains, dans le cadre du plan national "5.000 terrains de sport", lancé par le gouvernement pour les Jeux olympiques de 2024. Gilles Feist espère une subvention de l'État à hauteur 50% : "Il faut aussi que les autres clubs s'y mettent. C'est la formule gagnante !"
Tous les créneaux sont bouchés, on refuse énormément de réservations.
Maxime BerardResponsable padel du centre 4PADEL d'Eckbolsheim (Bas-Rhin)
Si votre club ne propose pas de terrain de padel, vous pouvez toujours vous tourner vers des structures privées, qui proposent de louer un terrain. En Alsace, elles sont au nombre de six. La plus grande, 4PADEL, se trouve à Eckbolsheim, dans la banlieue de Strasbourg. Elle propose des terrains de Five et de padel en intérieur, et peut donc proposer ses services toute l'année.
Maxime Berard est chargé de la section padel. Et pour lui, le constat est clair, les terrains ne suffisent pas : "Tous les créneaux sont bouchés! Pendant notre haute saison, de septembre à mars, on manque vraiment de terrains. On refuse énormément de réservations, surtout dans les heures pleines, de 19h à 22h en semaine."
Car la clientèle du padel est essentiellement composée de cadres et d'employés, qui veulent se défouler après une journée de travail : "Sur l'ensemble des 4PADEL en France, 70% ont entre 30 à 45 ans, et 78% sont des CSP+. Ce sont aussi beaucoup d'hommes."
Mais le centre voit aussi la pratique se démocratiser : "On a de plus en plus de jeunes actifs et d'étudiants. La discipline se féminise aussi, et certains clients venus du foot nous rejoignent", constate Maxime Berard.
Pour le moment, 4PADEL n'a pas prévu de construire de nouveaux terrains. La structure en compte déjà sept, dont cinq en intérieurs. Les gérants préfèrent attendre de voir la fréquentation estivale avant d'envisager de nouveaux investissements.