En Alsace, en ce milieu du mois d’août 2021, les cueilleurs de champignons sont des gens heureux… En forêt, il suffit de se baisser pour en ramasser de pleines poignées. Fait rare, cela fait déjà un mois que la saison a démarré.
Si les fortes pluies d’été ont fait le malheur des estivants - campeurs, randonneurs ou baigneurs - il a été vécu par d’autres comme une aubaine. Les mycophages sont de ceux-là… les mycologues aussi. Les deux partagent le même amour du champignon, mais les premiers les aiment dans leurs assiettes quand les seconds les étudient et les répertorient.
Cet article concerne plutôt la première catégorie des cueilleurs gourmands. Mais nos informations nous ont été transmises par la deuxième, à savoir la société mycologique du Haut-Rhin. L'un de ses membres éminents confirme l’été exceptionnel où des espèces d’automne se ramassent déjà à la pelle telle les girolles, cèpes d’été, russules et chanterelles.
La question : où les trouver en Alsace?
Désolée, mais la réponse ne sera pas précise. Notre contact de la société mycologique qui tient à garder l’anonymat, estime qu’il n’y a pas de coin en particulier. Il faut surtout chercher dans les secteurs les plus arrosés. Et privilégier plutôt le côté nord, pas trop touché par le soleil et encore humide. Nul besoin pour cela de pénétrer profondément dans la forêt au risque de s’y perdre. De belles espèces se récoltent au bord des chemins, encore faut-il bien les reconnaitre. Le cueilleur sûr de lui pourra alors se laisser surprendre par les chanterelles d’automne et les trompettes de la mort. Elles sont déjà au rendez-vous.
Y’a plus de saison ma bonne dame !
Le dérèglement climatique perturbe tout. Grâce aux pluies abondantes, le mycélium (l’appareil végétatif sur lequel prospèrent les champignons) a pu allègrement fructifier et permettre de belles poussées. Notez qu’une poussée tient environ une semaine selon notre expert. Le mycophage doit donc se tenir toujours prêt pour espérer se faire rissoler une belle poêlée.
En cette mi-aout, il est toujours à l’affût, même si le soleil et le vent n’ont pas fait ses affaires ces jours derniers car ils assèchent les sols et stoppent les poussées. Il ne tient qu’au flair du cueilleur expérimenté de débusquer encore les champignons tapis sous la terre humide. Et parce qu’il se tient renseigné des dernières actualités mycologiques, il recherche aussi les quelques espèces thermophiles (des organismes qui vivent à des températures élevées) comme l’amanite des césars. Ce champignon du sud a migré en Alsace avec les fortes chaleurs d’été et prolifère depuis cinq ans au moins.
Avis aux mycophages néophytes : ne pas cueillir les espèces trop jeunes ou trop anciennes. Laissez donc les plus rabougris terminer gentiment leur vie, et les toutes jeunes de la taille d’un pouce pousser encore. Les épargner est la meilleure garantie pour en retrouver ensuite.
La vraie saison : septembre-octobre
Elle arrive à grand pas et laisse présager encore de belles recettes gourmandes. Encore faut-il que la pluie soit de la partie et que les températures se maintiennent. Les espèces tardives de champignons se récoltent jusqu’en décembre s’il ne gèle pas. A vous alors de choisir : pied bleu, trompette, foliote changeante et pied violet. Un festin de roi pour qui sait les repérer parmi les 5.500 espèces de champignons supérieurs (qui se voient à l’œil nu) que compte le biotope alsacien.
Deux rendez-vous pour mycophiles
L’exposition photo de la société mycologique du Haut-Rhin se tient le 3 octobre à Kembs (sous réserve d’évolution de la pandémie du Covid 19) et ma quinzième fête du champignon les 30 et 31 octobre à Eguisheim. Des sorties mycologiques en forêt encadrées par les membres de la Société Mycologique du Haut-Rhin samedi et dimanche à 9h30 et à 14h30.
Et pour qui ne veut pas prendre la peine de récolter en forêt, il peut toujours se baigner dans l’ambiance à la boutique du champignon d’Eguisheim et débusquer, sans se baisser, objets d’art et spécialités gastronomiques à base de champignons.