Rund Um. Depuis 14 ans, les arboriculteurs de Wittisheim exploitent une huilerie qu’ils ont baptisée Oléa. Leur spécialité : l’huile de noix pressée à partir des cerneaux déposés par les particuliers. Cette quasi-entreprise permet aux propriétaires de noyers de trouver un débouché intéressant pour leur production. Elle participe aussi à la sauvegarde de ces arbres typiques du paysage alsacien.
Comme chaque année, Claudette Bronn d'Obenheim et sa fille Danièle, viennent déposer leur production de noix. "Depuis que le moulin de Wittisheim a ouvert, nous venons ici, avant nous allions en Allemagne dans le Kaiserstuhl ou encore au moulin de Storckensohn dans la vallée de Saint Amarin, cela nous prenait toute la journée. Ici, c'est beaucoup plus près de chez nous", nous explique Danièle. Moins de kilomètres pour un stock de noix beaucoup plus maigre cette année. "Nous avons eu beaucoup de noix qui étaient noires à l'intérieur. C'est à cause de la maladie de la mouche des noix", constate Claudette déçue.
Jean-Marie Beck les accueille avec le sourire mais fait le même constat. "Nous avons beaucoup moins de noix cette année au moulin. Il n'existe pas encore de traitement efficace contre cette mouche qui pique la noix au printemps et au début de l'été et qui provoque son pourrissement". Une fois pesées, les noix sont concassées avant d'être pressées. "Les noix doivent être sèches, explique Francis Singler, le président de l'association arboricole du village. Avant d'être pressées, il faut qu'elles sèchent au moins pendant trois mois sinon, l'huile ne parvient pas à s'extraire. Le mieux, c'est de presser des noix qui ont séché une année. La noix est plus goûteuse et l'huile plus concentrée. L'eau contenue dans les cerneaux a eu le temps de s'évaporer".
A partir de 10 kilos de cerneaux de noix déposés, le client a la garantie de partir avec l'huile de ses propres noix. En-deçà, les arboriculteurs propose au client de mélanger leurs noix à celles des autres. Deux kilos de noix permettent d'extraire un kilo d'huile utilisée uniquement pour les assaisonnements.
Oléa, le moulin créé par l'association arboricole de Wittenheim il y a 14 ans, permet grâce à son activité, de sauvegarder et même de planter de nouveaux arbres dans la commune et autour. "Avec le remembrement communal, de nombreux arbres qui se trouvaient en bout de parcelle, ont été arrachés. Nous proposons aux habitants de planter de nouvelles variétés comme les "Fernor" ou "Franquettes", qui donnent de meilleurs rendements que les noyers sauvages", précise Francis Singler.
Et même si les quantités de noix récoltées sont en baisse, l'odeur d'huile envahit la petite pièce du moulin. L'huile de noix 2022 promet d'être douce et parfumée.