Rund Um. L’Alsace est l’une des régions les plus attirées par les fléchettes électroniques, beaucoup plus populaires en Allemagne qu’en France. Elle compte environ 200 licenciés, qui peuvent s’affronter chaque année dans un championnat. Certaines équipes disputent même la Champions League.
À Waldhambach (Bas-Rhin), village dynamique de 630 habitants aux nombreuses associations, il y a surtout le club de foot, l’école de musique, la Kneppelfescht (ou fête des Knepfle) et… les équipes de fléchettes électroniques. Un sport peu commun, né dans la commune en 1987. Au bistrot, comme toujours.
L’actuelle présidente des Dart Eagles, Clarisse Muller, a créé le club dans le restaurant qu’elle tenait à l’époque. De nombreux habitants de Waldhambach et des environs y ont découvert les fléchettes, en famille ou entre amis. La restauratrice a officialisé la pratique.
Les fléchettistes apprécient autant la bonne ambiance – « on se connaît depuis plus de 20 ans, c’est une famille, on s’amuse beaucoup » que le challenge sportif. Car les fléchettes requièrent des qualités bien définies : « De la concentration, du calme, de la précision. Il faut se mettre dans sa bulle. Jouer, viser la case recherchée et ne penser à rien d’autre », explique Bruno Gaeng, joueur de l’équipe première.
Les Dart Eagles de Waldhambach en Champions League
Et même si depuis la crise sanitaire, les Dart Eagles ne sont plus accueillis par les gérants du restaurant local, ils continuent à se retrouver. La commune a mis la caserne des pompiers à leur disposition. « On a déjà aligné quatre équipes, il n’y en a plus que deux, ce n’est pas évident et le covid n’a pas arrangé les choses… Mais on continue », assure Clarisse Muller.
D’autant qu’au printemps 2022, le club participera à une rencontre européenne, à Dijon. Le club a déjà disputé deux tours sur la scène continentale en 2019, en Slovaquie et en Allemagne, pour la première fois de son histoire. « Waldhambach a représenté la France. C’est la plus belle reconnaissance, le plus cadeau que les joueurs pouvaient me faire, confie la présidente, toujours très émue. Cela leur a demandé de gros sacrifices, prendre des jours de congé, payer le voyage, l’hébergement… mais ils sont passionnés. »
L’Alsace rassemble environ 200 licenciés sur les 1.000 de la fédération des Flèches électroniques France (FEF). Rien à voir avec les plus de 60.000 licenciés en Allemagne. La discipline y est plus populaire, diffusée sur des chaînes de télévision gratuites depuis de nombreuses années.
Une discipline règlementée
Mais le sport, souvent associé à la pratique loisirs, est aussi organisé en France, avec des compétitions officielles. L’équipe première de Waldhambach évolue par exemple en division 1, le plus haut niveau, dans une poule de huit équipes, dont Dossenheim-sur-Zinsel (Bas-Rhin).
« C’est un championnat entre des équipes d’Alsace et de Lorraine. À la fin, la meilleure obtient d’être tête de série lors des championnats de France auxquels on participe une fois par an. C’est donc du sérieux. On veut gagner tous les matches, c’est logique », affirme Philippe Conrad, joueur des P’tits bras de Dossenheim-sur-Zinsel qui terminent régulièrement sur le podium des championnats de France.
Les règles sont clairement établies : quatre personnes au moins dans chaque équipe, elles doivent se tenir à 2,37 mètres exactement de la cible. Les comptes se font en temps réel par la machine, magie de l’électronique. Lors des matches, en général disputés le vendredi soir, les fléchettistes alternent entre deux modes de jeu : le cricket et le 501 double out.
De la vie dans les bistrots de village
Pour ce dernier, « on démarre avec 501 points et il faut descendre le plus vite possible à 0, en terminant par un double. Il faut viser le 20 - et surtout la case triple 20 - et le 19 - surtout la case triple 19 - pour marquer le plus de points », commente encore Philippe Conrad. Plus facile à dire qu’à faire, surtout quand la pression monte.
À Dossenheim-sur-Zinsel, les entraînements et les matches se disputent devant du public, au Café du Havre. « C’est un bon échange de procédés, considère la propriétaire des lieux, Lydie Ludwig. Ça ramène du monde, une bonne ambiance. Les joueurs boivent un coup, mangent, la soirée se prolonge parfois jusque tard dans la nuit. Et en même temps, ils ont un endroit où s’établir. »
Un endroit où se faire voir, également. Au bistrot, ils peuvent faire leur propre publicité devant les clients attablés. Une opportunité précieuse pour tenter de recruter de nouveaux joueurs et d’assurer la pérennité des fléchettes électroniques.