A 21 ans, Flavio Funiati est sans doute l'un des Alsaciens qui se sent le moins à l'étroit actuellement. Loin des restrictions sanitaires, le parapentiste, plusieurs fois champion de France, s'amuse et s'entraîne en volant librement de la Guadeloupe cet hiver aux Alpes, d'où il rentre tout juste.
La Guadeloupe cet hiver, les Alpes en ce début de printemps... le carnet de voyages 2021 de Flavio Funiati a de quoi nous faire saliver, nous autres. Le Haut-Rhinois de 21 ans, sportif de haut niveau et multiple champion de France de parapente, a obtenu, comme lors du deuxième confinement de novembre, l'autorisation de continuer à s'entraîner. C'est l'un des seuls Alsaciens dans ce cas.
Traverser plusieurs massifs, admirer le mont Blanc, c'était grandiose
Ce droit-là, il ne l'a pas volé. En revanche il vole, ça oui, dès qu'il le peut, en partageant d'ailleurs régulièrement des vidéos aussi spectaculaires que magnifiques sur Facebook ou Instagram. "Le gouvernement a changé les règles et heureusement, confie-t-il, lui qui était resté cloué au sol lors du premier confinement. Je ne suis soumis ni aux restrictions de déplacement ni au couvre-feu. Le parapente m'avait beaucoup manqué au printemps dernier alors en ce moment, je profite."
Une sortie record de 270 km et le mont Blanc en point d'orgue
Dernière échappée en date, dérogation en poche: un séjour dans les Alpes. Flavio Funiati, originaire de la vallée de Thann dans le Haut-Rhin, en est revenu ce mardi 27 avril. Avec le concours de son sponsor lorrain, Blacksheep van, le jeune pilote, a pu partir seul, en totale autonomie, dans un van aménagé en camping-car.
Bilan? Près de 50 heures de vol et 850 kilomètres en quatre jours, dont une sortie record à 270 kilomètres. De Saint-Hilaire-du-Touvet en Isère, "le berceau du parapente", au sud du Jura en passant par les massifs du Vercors, de la Chartreuse, des Bauges et des Saisies, Flavio Funiati s'est offert une épopée que peu de parapentistes jusqu'ici sont parvenus à réaliser d'une seule traite. Un condensé d'adrénaline et de plaisir que le Haut-Rhinois évoque en détails dans cette interview vidéo:
Et si fatigue il y a après ce road-trip, elle ne pèse pas plus lourd que son aile (le nom donné à la voile) face à l'extraordinaire sensation de liberté dont il a pu jouir, là-haut dans les cieux, à côtoyer les nuages en contemplant les sommets. "Traverser plusieurs massifs, admirer le mont Blanc, voir les paysages et la végétation changer, c'était grandiose, témoigne-t-il. Le tout avec une super météo, peu de vent et du soleil."
En hiver, une escale de deux mois en Guadeloupe
Pour Flavio, l'air frais et les grands espaces vus d'en haut, c'est presque une routine. Il sait l'apprécier mais on en serait presque jaloux, nous qui tournons aussi, certes, mais en rond, en rêvant d'autres horizons. Et ce n'est pas tout. Le soleil, la chaleur, la nature sauvage et même le bruit des vagues, Flavio Funiati y a déjà goûté en 2021. C'était en janvier et février. En Guadeloupe, dans le sud de la mer des Caraïbes. Petit aperçu de cette expérience fabuleuse dans cette vidéo, postée sur la chaîne Youtube du prodige:
"C'est la deuxième année que je pars là-bas deux mois durant l'hiver. Déjà, ça me permet de voler par temps chaud et, surtout, ça me donne la possibilité de travailler comme moniteur, alors qu'en Alsace, l'hiver, c'est une période creuse."
Une motivation dictée par un amour inconditionnel de ce sport inclassable... mais aussi par un objectif: celui d'être prêt lorsque la compétition reprendra. Pour le pilote alsacien, spécialiste du cross parapente, cela consistera alors à parcourir le plus rapidement possible 100 à 150 kilomètres en passant toutes les balises jonchant le tracé.
"Ce qui est beau dans ce sport, c'est qu'on y croise tous les âges, de 18 à 60 ans, sourit Flavio Funiati. C'est une discipline à maturité tardive, on l'atteint vers 30 ans. De mon côté, je sais que la fougue de la jeunesse me joue parfois des tours", ajoute celui qui a été sacré pour la première fois champion de France toutes catégories en 2017 et qui a terminé 8e d'une étape de Coupe du monde en Bulgarie en 2018.
Une chambre qui donne sur le terrain atterrissage, une passion qui naît
Et l'Alsace dans tout ça? Et bien c'est là, à Fellering, niché au pied de Markstein où il a grandi et où il vit encore entre deux escales, que la passion est née. Elle est venue toquer à la fenêtre de la chambre de Flavio quand il n'avait que trois ans. "La vue donnait directement sur un terrain d'atterrissage de parapentistes, ce n'est pas plus compliqué que ça. Ça m'a passionné tout petit déjà. Et à quatre ans, je montais pour la première fois dans un biplace." Ce premier décollage, suivi de centaines d'autres depuis, a changé sa vie de manière vertigineuse.
Près de deux décennies plus tard, les Vosges restent son terrain de jeu de cœur. Il est toujours licencié au sein du club des Éperviers du Treh, du nom du sommet qui culmine à 1.266 mètres d'altitude, et exerce comme moniteur au centre-école du Markstein. Le massif demeure très prisé des amateurs de parapente.
"En temps normal, on fait beaucoup de stages avec des gens qui viennent de loin, pas seulement de la région, souligne-t-il. On a pu en faire un ou deux avant ce troisième confinement. Depuis, les cours sont suspendus et ça me manque de partager cette passion avec les gens. J'espère que les conditions vont s'assouplir rapidement pour les pratiquants loisirs."
En attendant, Flavio enchaîne les heures de vol. Il en cumule déjà près de 3.000 dans sa carrière professionnelle naissante et caresse l'ambition de devenir un jour champion du monde. Le jeune pilote a tout son temps... mais comment ne pas viser toujours plus haut, quand on tutoie quotidiennement les sommets?