Ce mercredi 10 novembre, le collectif Stop à l’exclusion énergétique organise pour la deuxième année un Trophée des solutions contre la précarité énergétique et solidaire. Et c’est l’association Familles Solidaires, basée à Mulhouse, qui défendra les couleurs du Grand Est.
Lutter contre la précarité énergétique : c’est le mot d’ordre de ce concours si particulier. Un trophée dédié aux acteurs de la solidarité, alors que l’augmentation du prix de l’énergie percute toute la société, et évidemment majoritairement les plus précaires. Actuellement, plus de 12 millions de personnes seraient touchées de plein fouet par cette problématique, une situation qui risque d’empirer.
Basée à Mulhouse, c’est l’association Familles solidaires, née en 2013, qui va représenter le Grand Est. Forte de ses sept projets d’habitats inclusifs et de son expertise, elle attache une importance particulière à rendre ces lieux de vie accessibles financièrement au plus grand nombre. En y intégrant bien sûr des éléments de confort, mais aussi des matériaux de qualité, de la domotique, tout en garantissant une faible consommation énergétique.
Au-delà, et c’est ce qui fait son point fort, l’association met au point des logements qui s’adaptent au niveau de dépendance de ses occupants, tout en conservant un aspect domiciliaire. Ces différents lieux de vie sont proposés à la location pour des personnes dont les ressources se situent en dessous du niveau de pauvreté, et leur offre la possibilité de vivre (presque) comme tout le monde. Grâce à un accompagnement spécifique, selon leurs pathologies.
Des personnes fragilisées par l’âge, le handicap ou la maladie
"Nous allons plus loin que la problématique du logement, confie Bernadette Paul-Cornu, codirigeante de l’association. Nous nous mettons dans la peau de ces personnes fragilisées. En prenant notamment en compte, si tel est le cas, l’évolution de la maladie."
Le projet qui sera défendu est celui de Zillisheim, à côté de Mulhouse. Un projet dédié aux personnes victimes de précarité énergétique atteintes de la maladie d’Alzheimer. Il devrait voir le jour au printemps prochain. Une vaste maison de 300 m2 que vont se partager huit colocataires, pour 450 euros par mois. Au programme : pas de digicode ni de verrou : "Nous ne sommes pas là pour enfermer les malades, précise Bernadette Paul-Cornu, je refuse cette notion carcérale. Il n’y a rien de pire que de se retrouver face à une porte fermée que l’on n’arrive pas à ouvrir." A la place, des auxiliaires de vie 24h/24 pour les aider à avoir une vie quotidienne la plus normale possible. "La présence humaine est irremplaçable."
Des capteurs seront installés dans cette maison, qui vont servir d’avertisseurs. C’est en fait un système d’alerte à distance qui permet de mesurer la température des pièces (au cas où l’un des malades laisse la fenêtre de sa chambre ouverte), l’eau qui coule (si l’un d’entre eux oublie de fermer un robinet), des capteurs de présence si quelqu’un tombe. Pas de climatisation mais un système de refroidissement avec des pompes à chaleur. Coût du projet : 1.800.000 euros. Il sera financé par des subventions de collectivités, des fonds d’investissements et des prêts.
Le cas de Gilbert, atteint de la maladie d’Alzheimer
Gilbert a 57 ans. Il est cuisinier. Il vit seul à Guebwiller. On vient de lui diagnostiquer un Alzheimer précoce. Mais il veut continuer à vivre le plus normalement possible au vu de son jeune âge. Il se réjouit de pouvoir bientôt intégrer cette colocation de Zillisheim et de vivre "en famille, dans le partage". Chacun aura son espace personnel, sa chambre, des placards. Mais la cuisine se fera en commun afin que chacun participe et puisse ainsi se sentir utile. Un moyen également de faire reculer la maladie. Là-bas, pas de système de lève-malade, qui rappelle beaucoup trop l’hôpital. Mais un rail discret et caché dans le plafond, que l’on peut utiliser en cas de besoin.
L’association porte également sur ses épaules d’autres projets : un grand appartement en colocation pour les jeunes handicapés physiques et mentaux en Bretagne, un ancien presbytère aménagé pour les personnes en difficulté du côté de Bantzenheim. Et Familles Solidaires continue évidemment de s’occuper des habitats inclusifs qu’elle a montés : dans le quartier de Cronenbourg à Strasbourg, destinés aux personnes atteintes de lésions cérébrales, à Schleithal, pour les malades en perte d’autonomie, à Réguisheim où deux appartements accueillent de façon adaptée des handicapés plus âgés.
Résultats le 16 novembre
La remise des prix aura lieu le 16 novembre lors du Congrès des Maires de France qui se tiendra Porte de Versailles à Paris.
Voici la liste des 17 candidats: Association Energies Solidaires (France), Communauté de Communes du Haut Béarn, Compagnons Bâtisseurs de La Réunion, Energ’éthique (Alpes de Haute- Provence), Energic (Nord), Familles Solidaires (Grand Est), Flers (Pas-de-Calais) et Groupe Butagaz, Foncière Chênelet (Hauts-de-France), Geres (Sud-Provence Alpes Côte d’Azur), Gleam (Mayenne), Habitat et Humanisme (Alpes-Maritimes), Hope (Grenoble), Leroy Merlin (France), Mairie de Montfermeil, Plüm Energie (Yvelines), Secours Catholique du Poito, Tousolar (Occitanie).