L'heure de la visite a sonné pour le colosse ! Une visite médicale d'importance pour le barrage de Fabrèges, situé dans les Pyrénées-Atlantiques. Durant deux ans, des techniciens et ouvriers contrôleront ses systèmes électroniques et analyseront ses mouvements pour lui permettre de continuer à produire de l'électricité dans la vallée d'Ossau.
Dans ce milieu verdoyant qu'est la vallée d'Ossau, dans les Pyrénées-Atlantiques, ce colosse en voûte de béton détonne. Haut de 51 mètres et large de 166 mètres, le barrage de Fabrèges reçoit depuis cette semaine et pour deux ans plusieurs techniciens de la Société hydroélectrique du Midi (Shem). À l'image d'une visite médicale, la société propriétaire renforce les systèmes et analyse les mouvements de cet ouvrage qui alimente un grand alternateur de la centrale d'Artouste.
"Jusque dans ses entrailles"
Pour ce vieux monsieur, dont la construction s'est achevée en 1947, l'heure de la visite a sonné. "C'est un gros chantier, prévient Caroline Bernard, cheffe de projet à la Shem. On va moderniser les installations qui nous permettent de suivre ses mouvements, parce que oui, même un si grand barrage peut bouger de quelques millimètres." Et les causes en sont variées : phénomènes climatiques, températures, niveau d'eau... "On doit l'ausculter, jusque dans ses entrailles."
Pour atteindre le cœur de cet ancien barrage, il faut emprunter le pont supérieur qui donne une vue à 360 degrés sur les Pyrénées. Là, à quelque 1 200 mètres d'altitude, les ouvriers casqués et vêtus de gilets orange fluorescents forent la roche et le béton pour y installer des capteurs de drains. Des instruments complétés par des pendules réparties sur l'ensemble du colosse pour recueillir des informations électroniques.
La salle de contrôle
En dehors du pont, au niveau du couronnement du barrage, une petite pièce humide fait office de salle de contrôle. Mégane Dufaur, adjointe au chef de groupement d'Artouste au sein de la Shem, regarde avec précision les dispositifs installés. Face à elle, un fil de fer long d'une cinquantaine de mètres est attaché à un système de flotteurs. "Le fil descend dans ce tuyau jusqu'au pied du barrage, rapporte l'adjointe. Il permet de connaître la verticalité et les mouvements de l'édifice."
Ces visites de chantier s'opèrent tous les semestres ou trimestres en fonction de la nature des interventions. "Elles peuvent être liées à l'électrique, à la mécanique ou encore au génie civil", précise Mégane Dufaur.
Les informations récoltées, en plus des nombreux capteurs de drains installés par les ouvriers, permettent à la société de recevoir chaque semaine des informations sur la tenue de l'édifice. Elle l'assure : "un barrage est un ouvrage toujours en mouvement."