C'est l'histoire d'un défi lancé par trois amatrices de montagne et de sport nature en Alsace : emmener des malades atteints d'un cancer du sang vers le sommet du Hohneck (Haut-Rhin) pour se remettre en jambe et aider dans la récupération et le retour à une vie normale. Défi relevé.
Après trois heures de montée, joie et grosse émotion au sein du groupe de randonneurs. Ils l'ont fait ! A l'initiative de trois animatrices de montagne travaillant dans le monde médical, douze personnes atteintes d'un cancer du sang ont grimpé jusqu'au Hohneck.
Une randonnée de trois kilomètres pour prouver que malgré les obstacles, ils peuvent grimper chacun à leur façon vers ce sommet et poursuivre une activité sportive adaptée. Une idée qui est née dans l'esprit de Cécile, Caroline et Karin il y à quelques temps déjà.
Ces trois femmes, évoluant toutes dans le domaine médical, voulaient proposer aux patients de l'Icans (Institut de cancérologie de Strasbourg) une sortie pour "se remettre en marche". A l'image du projet «A chacun son Everest» lancé en 1994 par l'association du même nom qui accompagne des enfants atteints de cancer ou de leucémie, et des femmes en rémission d’un cancer du sein pour "mieux guérir".
"Lors de la convalescence, les patients sortent d'une période où ils ont été protégés. Ils ont eu des contraintes alimentaires et de traitement. Ils ont perdu en muscles, sont fatigués et ont perdu confiance en eux" explique Karin Bilger, hématologue à l'Icans. Terriblement affaiblis par les chimiothérapies à répétition, les hospitalisations et les greffes de moelle osseuse dont ils ont tous eu besoin, les patients se retrouvent dans une position d'échec. Cette journée doit un peu y remédier.
A chacun son Hohneck
Ce dimanche matin 12 juin, ce sont donc 12 patients atteints d'un cancer du sang qui ont pris le départ depuis le Gaschney (1.011 mètres d'altitude) pour randonner jusqu'au sommet du Hohneck (1.363 mètres d'altitude).
A leur côté, du personnel soignant équipé de stéthoscopes, tensiomètres et de tout le nécessaire médical en cas de problèmes. Dans le groupe, également, Guy Hahn de l'association Alsace contre le cancer qui a permis de financer ce projet. "Je suis heureux et très fier, raconte t-il, c'était une première, nous avons relevé le défi sous un joli soleil et dans une bonne ambiance."
"C'est une bulle d'oxygène et de joie" pour Roland, malade depuis 2009. Lors de ses traitements, il ne côtoie que "des gens en blouses". Ce dimanche les professionnels de santé portaient les mêmes vêtements que lui, "ça change les rapports et les échanges". Sa seule crainte était de ne pas arriver au bout, de ne pas gravir la montagne. Tous y sont arrivés.
Une sortie pour se retrouver soi-même, s'accepter, oublier un instant la lourdeur des traitements et échanger avec d'autres gens qui comprennent ce que c'est d'être atteint d'un cancer. "Notre entourage est fabuleux, raconte Céline, mais il ne peut que nous écouter. On ne peut pas échanger autour de la maladie."
Tous sont sûrs de ne jamais oublier ce moment qui va participer au "réapprentissage de la vie". Les organisateurs, eux, espèrent pouvoir emmener d'autres malades au sommet d'ici l'année prochaine. Et aux initiatrices du projet de rappeler qu'il est aisé de faire un don de moelle osseuse. La France manque cruellement de donneurs.