Au centre du village, les riverains ne supportent plus l'odeur des cochons: "on subit et personne ne fait rien"

A Battenheim dans le Haut-Rhin, les riverains d'un élevage de cochons en plein air n'en peuvent plus des odeurs nauséabondes subies depuis 3 ans. La justice leur donne raison mais personne ne contraint l'éleveur à se mettre en conformité. Le maire craint "qu'il y ait un drame".

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C'est une histoire qui commence comme un conte, avec trois petits cochons, dans un petit village d'Alsace au nord de Mulhouse : Battenheim (Haut-Rhin), quelque 1 500 âmes. Il y a trois ans, un habitant acquiert quelques porcs gascons au centre du village. Mais l'élevage se développe pour atteindre aujourd'hui une trentaine de bêtes, que les riverains ont dans le nez, au sens propre.

"L’odeur est âcre, ça vous prend au nez et à la gorge, c’est impressionnant" témoigne l'un d'eux. Ils sont une vingtaine d'habitants, réunis ce samedi 5 août à l'ombre d'un arbre, excédés par la situation. "On ne peut plus profiter de nos terrasses, on est obligés de se barricader à l’intérieur des maisons parce que ça sent mauvais" poursuit un autre.

Ce n'est pas la première fois qu'ils se mobilisent : ils ont déjà monté un collectif, baptisé "Bien vivre à Battenheim", ont collecté 250 signatures dans une pétition, frappé à toutes les portes administratives et judiciaires qui leur ont semblé pertinentes.

Le propriétaire des cochons incriminés ne répond plus à la presse. Devant chez lui, il a affiché un panneau explicite sur son état d'esprit : "Si vous sentez l'odeur des cochons, tant mieux pour vous, c'est que vous n'avez pas le Covid" avant de rappeler une décision de justice qui a donné raison à un éleveur dans une histoire similaire à Riom, en Auvergne. 

Le différend alsacien n'en est pas resté aux échanges verbaux. L'affaire a été jugée par le tribunal de police de Mulhouse. Résultat : confiscation du troupeau et interdiction d'élever des animaux pendant un an pour le propriétaire. Le jugement a été confirmé en appel à Colmar. Mais sur le terrain, aucun changement.

A présent, "l'éleveur" se pourvoit en cassation. "Il joue la montre" réagissent les manifestants, dépités par l'absence de réaction des pouvoirs publics. "Que font les administrations compétentes ? Pourquoi n’interviennent-elles pas ?" s'interroge Claude Muller, le porte-parole du collectif.

"Son exploitation n'est pas structurée, il n’y a rien pour faire manger les cochons, ni pour les faire boire. Tout est jeté comme ça et tout se mélange. Le lisier doit frôler aujourd’hui les 80 centimètres, ces odeurs sont insupportables mais il y a aussi un danger pour la pollution des sols, des cours d'eau, et à terme pour la santé humaine."

Danger d'autant plus prégnant que l'homme est armé. "Il tire des coups de fusil pour abattre ses cochons et tirer les nuisibles. Il équarrit lui-même ses bêtes. Ca devrait être réglementé ça !" explique un voisin.

A proximité d'une piste cyclable fréquentée, l'euro vélo-route 5, la situation inquiète le maire, Maurice Guth,  qui ne sait plus quoi faire : "J’ai fait appel à tous les services de l’Etat. La gendarmerie me répond qu’elle ne se déplace plus car il serait autorisé à tirer les nuisibles. Là aussi j’ai alerté le préfet mais je suis sans réponse."

Ce samedi, le propriétaire a fait évacuer une grande quantité de lisier. Un geste insuffisant pour apaiser la colère et l'inquiétude de ses voisins : "C'est seulement la deuxième fois qu'il fait ça en trois ans, c'est parce que la presse est là."

Les fortes chaleurs annoncées pour la suite du mois d'août ne vont pas arranger la situation : "J'ai peur que les odeurs accentuées par la chaleur ne poussent les riverains à agir. Il faudrait que les pouvoirs publics assument leurs responsabilités. J'ai peur qu'un jour qu'il y ait un drame" craint le maire. Cela n'aura pas été faute de tirer la sonnette d'alarme. 

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