Rund Um. Apprendre l'alsacien pour faciliter le contact dans son métier, voilà le choix qu'ont fait les six participantes de la toute première formation en alsacien organisée par le Greta de Mulhouse.
"Rappelez-vous, comment on dit "s'habiller" ? Sech àlegga, très juste. On va conjuguer le verbe ensemble". Marie-Josée Latuner anime le cours d'alsacien au Greta de Mulhouse. C'est le tout dernier cours après un mois de formation. Une première pour l'organisme, mais aussi pour la professeure. "D'habitude, j'enseigne l'allemand, c'est la première fois que je m'attelle à l'alsacien !", dit-elle, enthousiaste.
Six personnes se sont inscrites pour cette première formation qui se destine principalement aux demandeurs d'emploi. Elles y apprennent les rudiments de la langue alsacienne pour la vie courante mais également dans le domaine de la santé et des services à la personne. Elles étudient le vocabulaire, la grammaire et la conjugaison dans une ambiance détendue et joyeuse. Toutes sont là parce qu'elles souhaitent pratiquer l'alsacien dans leur métier et pour ce faire, elles s'accrochent.
Zebida Haouam explique : "j'aimerais passer les concours pour devenir aide-soignante. Je sais que l'alsacien est très important. Rien qu'au marché, j'aimerais pouvoir parler alsacien avec les producteurs. J'ai appris le français en ne lâchant rien et je compte bien faire pareil pour l'alsacien !"
Certaines participantes ont entendu parler alsacien à la maison, d'autres n'avaient aucune base. Ainsi, Candice Vichard : "Je viens de Saône-et-Loire. Je suis arrivée à Mulhouse il y a 3 ans et j'ai été amenée à m'occuper de personnes âgées dépendantes. Certaines parlaient uniquement l'alsacien. Il y avait donc une barrière de la langue, que j'ai envie de casser à présent", explique la jeune femme. Eva Schneider vient, elle, de région parisienne et est d'origine hollandaise : "je remarque des similitudes dans la prononciation entre le hollandais et l'alsacien. Cela m'aide", déclare-t-elle.
Jennyfur Vernet, participante à la formation, est aide-ménagère. Elle se rend deux fois par semaine chez Bruno Maegey, à Mulhouse, depuis 10 ans. "Güeta Morga M. Maegey ! We goht's ?". "Ja sehr güet, Jennyfur !", lui répond-t-il, l'air ravi. Pour Jennyfur Vernet, "l'alsacien est un moyen de rentrer dans le monde des personnes chez qui je travaille. Beaucoup parlent alsacien et sont plus à l'aise qu'en français".
Et Bruno Maegey de renchérir : "je trouve ça formidable qu'elle veuille se mettre au dialecte ! C'est si rare de trouver des personnes qui parlent encore l'alsacien. J'étais étonné, au début, quand elle m'a dit qu'elle allait faire cette formation, mais je la soutiens à fond et lui apprends tout ce que je peux".
Si cette formation a vu le jour, c'est parce que la demande est là, de toutes parts : "on nous fait remonter ce besoin d'alsacien de la part des citoyens, des chefs d'entreprise, des hôpitaux...", explique Jacky Grotzinger, chargé de mission de la promotion langues et cultures régionales à la Région Grand Est. C'est pourquoi la région a lancé et financé la formation.
Carole Parmentier, coordinatrice pédagogique de la plateforme linguistique innovante, renchérit : "certains peinent à recruter du personnel parlant alsacien et qui souhaite travailler avec des personnes âgées ou bien faire des ménages. Ce sont des métiers sous tension. D'autres ont envie de travailler avec des personnes âgées mais n'osent pas postuler, ne maîtrisant pas l'alsacien."
La formation consiste en 40h de cours en présentiel et 40h en distanciel. Un volume que les participantes jugent insuffisant. Toutes veulent poursuivre les cours. "On en veut encore !" dit Mélissa Rentenauer. "On a appris des mots, mais j'ai envie d'arriver à faire des phrases entières, sans l'aide de la professeure qui nous aide beaucoup", poursuit-elle en clin d'œil à Marie-Josée Latuner.
Une prochaine session a donc déjà été prévue. Cette fois-ci, elle contiendra 140h de cours dont 92h en présentiel. Elle se tiendra du 21 octobre au 15 décembre. Au vu des besoins actuels et du succès de la formation mulhousienne, d'autres Greta planchent sur l'organisation de sessions de cours d'alsacien.