Le musée de l'abri de Hatten a rouvert ses portes début mars. Après deux années difficiles, durant lesquelles le chiffre de visiteurs a été divisé par deux, cette structure associative se remet avec peine. Le lieu dédié à l'histoire de la ligne Maginot et de la Seconde Guerre mondiale, ne peut compter que sur la motivation d'une poignée de bénévoles âgés et fatigués. Ils espèrent attirer à l'avenir de nouveaux bénévoles.
Le Musée de l'abri c'est d'abord un grand bâtiment d'accueil, une entrée et un café, le seul dont cette commune de 1900 habitants, dispose encore. C'est là que les membres de l'association des Amis du musée de l'abri de Hatten se retrouvent régulièrement, au moins tous les samedis, pour se partager les travaux d'entretien à réaliser.
Ils sont une quinzaine seulement, femmes et hommes, à se répartir le travail: nettoyage, réparation des engins militaires..."Beaucoup sont déjà partis", constate Marcel Decker, président de l'association. Et ceux qui restent ont plutôt plus de 70 ans que moins!".
L'aventure a commencé en 1988. L'énorme bunker, vestige de la ligne Maginot construit en 1932, est alors à l'abandon. Le maire de l'époque, François Fenninger, peut compter sur l'aide de soldats de la 22ème compagnie du 11ème régiment du génie pour dégager l'entrée du site et remettre en état quelques mètres de couloir et la cuisine. Il faudra attendre quelques années de plus pour voir se constituer l'association des amis de l'abri. Ce sont eux qui entreprendront le gros des travaux de restauration et la constitution de la muséographie. 246 heures de travaux de nettoyage haute pression seront nécessaire pour rendre accessibles tous les recoins de cet énorme abri qui pouvait accueillir jusqu'à 200 soldats. La première ouverture au public se fera en juillet 1994.
Depuis, les bénévoles n'ont pas compté les heures de peinture et de réparations en tout genre. Les collections se sont étoffées au gré des dons faits par les habitants ou des passionnés: voitures anciennes, uniformes, photos...Le musée comprend aujourd'hui plusieurs bâtiments. L'un est consacré à la guerre de 1939 et ses conséquences tragiques sur les environs immédiats, l'autre, à l'histoire des Malgré-Nous. Un autre encore accueille le garage qui permet les réparations des engins militaires nombreux sur le site.
Mais l'énergie des débuts s'estompe d'autant qu'avec le covid, le musée a perdu la moitié de ses visiteurs, 3500 seulement l'année dernière contre 7000 une année normale. "Il nous faudrait de nouveaux bénévoles pour nous aider, soupire Marcel Decker. Mais le manque de volontaires c'est le problème de toutes les associations aujourd'hui". L'homme est un peu dépité. Mais les bénévoles présents restent volontaires. Ce jour-là, ils entamaient la réparation d'un tank russe de la Deuxième Guerre mondiale. "Ici, tous nos engins sont en état de marche", explique fièrement un des bénévoles.
Le char et d'autres engins seront d'ailleurs au coeur d'une reconstitution historique spectaculaire orchestrée par le théâtre Saint Nicolas de Haguenau cet été.