Ce centre équestre se bat pour survivre, malgré une forte dette

La Société hippique urbaine (SHU) de Haguenau se bat pour sa survie. Ce club, qui existe depuis plus de 60 ans, a accumulé une forte dette depuis la crise du Covid. Mais divers projets sont lancés afin d'éviter la liquidation judiciaire.

Dans le manège, tout semble normal. Les cours d'équitation se déroulent comme à l'ordinaire. Des stages ont lieu durant cette première semaine de congés scolaires. La SHU (Société hippique urbaine) de Haguenau continue d'assurer ses nombreuses activités habituelles : sorties en compétition, cours baby poney pour les petits dès 3 ans, passages de galops et pension pour chevaux.

Mais en coulisses, l'équipe du club est très inquiète. En cause, une dette d'environ 300.000 euros, qui met la survie de la société en péril. "Ce qui nous a plombés, c'est surtout la période Covid, où on a eu deux mois de fermeture" explique Julie Bernhard Klein, membre du bureau. "Nous avons aussi subi une augmentation de charges, comme l'électricité. Il y a également l'augmentation des matières premières, foin, paille et grain."

En outre, juste avant la crise sanitaire, "à l'époque où tout allait bien", des dépenses ont été engagées pour des travaux de rénovation. "On a choisi de faire aménager une nouvelle carrière, et d'installer de nouveaux équipements, pour rendre le club plus attractif" liste Julie Bernhard Klein. "Mais la crise nous a rattrapés, on a dû piocher dans la trésorerie. Et on en est aujourd'hui au stade où on en est."

Environ 300.000 euros font défaut, alors que les 25.000 euros de dépenses mensuelles pour faire fonctionner le club restent incompressibles : "Ça comprend les salaires des quatre employés et des deux apprentis" ainsi que la nourriture et l'entretien de la trentaine d'équidés.

Une deuxième famille

Mais impossible d'imaginer la disparition de ce lieu emblématique, créé en 1957 aux abords de la cité de Barberousse, et qui comptabilise 300 licences. "Pour ma fille, c'est une deuxième famille" estime Hoda Sedraoui, elle aussi membre du bureau, et maman d'une jeune cavalière. "Depuis qu'elle vient, on est là tous les mercredis, tous les samedis et tous les dimanches."

"C'est un club de cœur" renchérit Julie Bernhard Klein. "Quand on dépose nos enfants à 8h et qu'on vient les rechercher à 18h, ils nous disent encore que c'est trop tôt." Et selon elle, les adultes, eux aussi, s'y sentent bien : "Si on se retrouve ici, on ne sait jamais jusqu'à quelle heure on va rester." Ce que confirme Hoda Sedraoui : "C'est une association dirigée par des membres de comité qui sont parents de cavaliers ou propriétaires de chevaux. Ça rapproche forcément. Quand on se retrouve pour un événement, on est tous ensemble. Il y a plein de bénévoles, et on aime venir." 

Différentes pistes pour renflouer la caisse

Ce comité vient pourtant d'être remanié tout récemment, suite au départ de plusieurs de ses membres. De nouvelles élections ont eu lieu fin mars, avec la nomination d'une nouvelle présidente, Véronique Dumanois. Après avoir évalué la situation financière, la nouvelle équipe a engagé plusieurs actions destinées à renflouer la caisse : des balades équestres le dimanche matin, la sollicitation de sponsors, l'appel à des entreprises locales à parrainer des chevaux, ou faire de la publicité sur des banderoles ou des obstacles.

La Ville de Haguenau soutient son club historique. Et une aide inespérée s'est manifestée voici plusieurs mois, en la personne d'Armand de Martimprey, le directeur gérant du centre équestre des Deux Rives. "C'est moi qui me suis proposé auprès de la mairie, en août dernier, quand j'ai appris la situation" raconte-t-il. "Car en Alsace, on a déjà perdu la SHU d'Obernai et celle de Molsheim. Et c'est dommage, parce que plein de gens ont peu de moyens de se déplacer, mais pourraient accéder à l'équitation" avec un club proche de chez eux.  

Armand de Martimprey perçoit de grandes similitudes entre le club strasbourgeois, qu'il a repris et fait prospérer depuis 2015, et celui de Haguenau : "On est dans une même situation : un centre péri-urbain à quelques pas de la ville."

Il se dit prêt à gérer les activités de cavalerie du club haguenauvien, en les développant. Il souhaite "proposer de l'équitation pour tous, du cavalier débutant jusqu'au galop 7" ainsi qu'à des personnes en situation de handicap, et relancer les semaines découvertes pour les classes primaires. Ça marche très bien à Strasbourg, et ça pourrait marcher à Haguenau" estime-t-il.  

Et vu le grand bonus dont bénéficie la SHU haguenauvienne, "à droite, une forêt immense", son second projet serait "d'allier les forces des deux clubs, en offrant aux cavaliers strasbourgeois un peu de nature. Mutualiser les deux clubs pour essayer de relever celui-là et d'avancer."

Le directeur gérant du centre équestre des Deux Rives veut y croire. Car il a rencontré à Haguenau "une équipe d'enseignants et de salariés hyper dynamiques et hyper motivés, qui n'ont pas abandonné le navire. Ils ont besoin de quelqu'un qui les encadre et les motive pour avancer, mais le pallier n'est pas si énorme que ça."

Reste à savoir quelle décision prendra le tribunal judiciaire, à l'issue de son audience de lundi 24 avril : le redressement judiciaire, que tous espèrent. Ou la liquidation, qui sonnerait le glas du centre équestre de Haguenau.

En attendant, une cagnotte en ligne a déjà permis de récolter 3.000 euros. Des agriculteurs des environs ont offert du foin. Et l'équipe de la SHU prépare activement la prochaine journée portes-ouvertes, prévue ce dimanche, 23 avril.

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