De nombreuses communes se sont portés volontaires en Alsace pour ouvrir un centre de vaccination. La région en compte 38. Seulement les faire fonctionner à un coût plus ou moins supportable en fonction de l'assise financière des villes qui attendent donc l'aide promise par le gouvernement.
Implanter des centres de vaccination dans les villes volontaires au plus près de la population était évidemment nécessaire pour que la stratégie vaccinale soit la plus efficiente. L'alsace compte 38 de ces centres.
Sauf que depuis quelques temps certaines municipalités commencent à tirer la langue. Ribeauvillé par exemple, a monté un centre à la mi-mars. Ouvert tous les matins, du lundi au samedi, il se situe dans le gymnase communal. 500 doses par semaine y sont injectées. Il fonctionne grâce à deux médecins et trois infirmières dont la rémunération est prise en charge par le gouvernement, et grâce à cinq bénévoles. A cela s'ajoutent trois employés municipaux, le déploiement de l'informatique, la location de box, la mise à disposition de la salle qui représentent un coût de 20.000 euros par mois et qui sont, cette fois, à la charge de la ville.
"Nous étions volontaires à la demande du gouvernement et nous sommes déçus par la manière dont l'ARS nous suit, aucune proposition pour prendre en charge les dépenses publiques et c'est vrai pour toutes les communes, déplore Jean-Louis Christ, le maire de Ribeauvillé, alors même que le dispositif pour sécuriser les gens est très strict et que nous le respectons. En plus, le centre est surdimensionné, nous pourrions doubler la possibilité de vaccination mais nous n'avons pas les doses promises!"
Une aide financière qui n'arrive pas pour l'instant
En février, la Direction générale de santé (DGS) précise pourtant dans une note les modalités de défraiement des communes volontaires. Ainsi le gouvernement a alloué un fonds d'intervention régionale de 60 millions d'euros dont les ARS disposent pour dédommager les villes. La DGS estime que pour un centre moyen, l'aide financière doit être environ de 50.000 euros.
"Alors, j'ai fait une demande à l'ARS qui m'a fait savoir qu'elle avait bien pris en compte ma demande, mais je ne sais même si on va avoir quelque chose!", peste Noëllie Hestin, maire de Sainte-Marie-aux-Mines. "Le centre fonctionne très bien, nous pratiquons 500 injections par semaine depuis la mi-février mais ça coûte 20.000 euros par mois à la communauté de communes dont les finances ne sont pas au beau fixe. On peut tenir encore un peu mais si ça dure alors il faudra sûrement faire les choix", déplore la première édile.
Danielle Dambach, la maire de Schiltigheim, elle ne décolère pas. "Je suis d'ordinaire très calme, très patiente, mais là, l'Etat doit réagir! Le centre nous coûte 38.000 euros par mois et encore, je ne compte pas la mise à disposition de la briqueterie, ni le nettoyage, ni le gardiennage des lieux, ni même les fonctionnaires dédiés. Je savais que l'Etat ne rembourserait pas tout et je n'y comptais pas mais là, on ne sait même pas si on touchera quelque chose!" 1.200 injections par semaine sont réalisées au centre, et la maire d'ajouter que cela pourrait être le double si les doses étaient disponibles.
La ville de Colmar, elle, a installé son centre de vaccination au Parc des expositions qu'elle loue. Le fonctionnement du centre qui vaccine 700 personnes par jour, représente 100.000 euros par mois.
"On est parti du principe que l'on va participer à l'effort national pour vacciner. J'ai écrit au préfet pour faire part de notre effort financier pour voir comment on se fera rembourser le moment venu, je n'ai d'ailleurs pas de doute là-dessus, mais l'heure est à l'urgence de vacciner", explique Eric Straumann. Le maire de Colmar est en effet plus confiant et plus mesuré mais la taille de sa ville lui permet sans doute de tenir cette position.