Comment les plantes révolutionnent le traitement des eaux usées, la phytoépuration séduit les particuliers et les entreprises

En Alsace-Moselle, quatorze stations d’épuration utilisent des plantes pour le traitement de leurs eaux usées. La phytoépuration, qui use de procédés naturels pour assainir les eaux, est une alternative écologique et économique aux stations d’épuration classiques ou aux fosses septiques. Beaucoup se saisissent de cette méthode.

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14,1 milliards d'euros, voilà le budget qui a été consacré en 2021 à la gestion des eaux usées en France. En plus d’être en constante augmentation, 90% de ces dépenses sont consacrées à l’assainissement collectif via les stations d’épuration. Un budget qui se reporte sur les factures des ménages, selon l'Observatoire national des services d'eau et d'assainissement. Sur une facture d’eau annuelle, 51% sont consacrés à l’assainissement.

Un coût qui a encouragé plusieurs communes alsaciennes à se tourner vers la phytoépuration. À Sommerau, dans le Bas-Rhin, l’adjoint au maire Claude Heim, se congratule des économies que réalise leur station d’épuration "verte" de 2 500m², installée depuis 2005.

Un simple comparatif permet de juger de son efficacité : trois des quatre communes qui ont formé la ville nouvelle de Sommerau en dépendent, et pas la quatrième. Pour les habitants d’Allenwiller, Birkenwald et Salenthal, le prix du m3 d’eau pour assainissement est de 1,40 euro. Contre plus de 2 euros le m3 pour la quatrième, Singrist, qui elle est reliée à une station d’épuration "classique".

La phytoépuration, c’est quoi ?

Des économies qui s’expliquent à la fois par des économies d’électricité, mais aussi par le fonctionnement même de la phytoépuration. "C’est un système qui est rustique, qui demande peu d’entretien. Tout se fait automatiquement, par pompage et filtration à travers les bassins", explique Cyril Mangin, responsable maîtrise d’œuvre épuration de la SDEA Alsace-Moselle (Syndicat des Eaux et de l’Assainissement).

En effet, dans une station de phytoépuration, l’assainissement de l’eau se fait par filtration successive à travers différents bassins de plantes aquatiques, comme les roseaux. Ceux-ci aident l’eau à s’infiltrer dans une couche de graviers et de sable qui filtre les matières organiques mais aussi plusieurs types de molécules polluantes. À la sortie, l’eau peut être reversée dans la nature. "L’eau est débarrassée à 90 ou 95% de la matière organique. [On la rend] compatible avec une vie piscicole", ajoute Cyril Mangin.

Des systèmes de toutes les tailles

La solution a aussi convaincu des entreprises privées, comme l’usine Essity de Kunheim, qui produit du papier toilette. La fabrication nécessite 2 500m3 d’eau par jour, soit l’équivalent d’une piscine olympique d’eaux usées à traiter. Dès 2015, l’usine s’est donc tournée vers la phytoépuration, en faisant installer 7 500m² de roseaux. "On souhaite rentrer pleinement dans une stratégie de traitement de l’eau de la manière la plus naturelle possible, pour avoir un rejet le plus propre possible", justifie Thierry Brenna, le directeur de l’usine.

Mais pas besoin de consommer une piscine olympique d’eau par jour pour installer un bassin de phytoépuration. Il existe aussi des petits modèles, à installer dans le jardin pour un usage domestique.

C’est le choix qu’a fait Lucas Riegel, propriétaire d’une maison dans un village ne disposant pas du tout-à-l’égout. Quand est venu le choix de l’installation d’un assainissement individuel, il s’est tourné vers la phytoépuration : "On avait deux options : soit la fosse septique, soit la phytoépuration. Comme la maison se veut un peu écologique, avec une empreinte carbone la plus faible, ça paraissait une évidence pour nous, cette phytoépuration." Un investissement initial de 12 000 euros pour Lucas Riegel, un peu plus que pour une fosse septique. "Mais l’avantage, c’est qu’on n’a quasiment pas d’entretien. On n’a pas à faire vider une fosse. Juste à tourner une manivelle toutes les deux semaines."

Des aides à l’installation existent pour les particuliers. Certaines banques proposent des éco-prêts à taux zéro et les travaux peuvent également bénéficier d’un crédit d’impôt pour la transition énergétique. Et si certaines collectivités locales proposent des subventions à l’installation de systèmes de phytoépuration, ce n’est pas encore le cas en Alsace.

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