Le CEN, Conservatoire d'espaces naturels d'Alsace, sollicite le grand public par un appel à don, pour préserver de vieilles forêts. L'objectif est de sauver de la destruction des parcelles rares et riches en biodiversité.
Acheter des parcelles de forêts, pour les sauver des constructions, voire de la destruction, est le choix radical fait par le Conservatoire d'espaces naturels d'Alsace. Gérant de 3700 hectares de milieux naturels, dont 2400 hectares de forêts, dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, il a lancé la "souscription forêt".
Si le CEN achète (ou loue parfois) des terres, c'est pour pouvoir protéger des espaces naturels sur le long terme. Ces acquisitions lui permettent de préserver la faune, la flore et toute la biodiversité qui s'y épanouissent. Car les vieilles forêts en regorgent et sont pour cette raison de véritables "réservoirs" de vie.
"L'urbanisation croissante, les remembrements, les pratiques agricoles intensives, la surexploitation forestière, l’augmentation des aménagements industriels, autoroutiers, hydrauliques, touristiques" sont les principales menaces dénoncées par les acteurs du CEN, créé en 1988 par le Conservatoire des sites alsaciens.
"Les forêts sont des écosystèmes complexes, riches et diversifiés, nécessaires à de nombreuses espèces. Elles jouent également un rôle majeur dans le stockage du carbone, le cycle de l’eau et le maintien des sols", expliquent les scientifiques.
Pourquoi il faut sauvegarder les vieilles forêts
Selon Marc Brignon, directeur du CEN, il existe 1 % de vieilles forêts en France. Pour avoir droit à ce titre, elles doivent exister depuis au moins 1850, contenir des arbres matures, de gros diamètres, contenir du bois mort sur pied et au sol.
"Une vieille forêt a eu le temps d'accomplir son cycle complet de reproduction. Et ce cycle se compte en siècles", précise Marc Brignon. "Une vieille forêt est plus riche et utile à l'environnement, grâce à son bois mort, aux cavités qu'il offre aux animaux et insectes. Son écosystème est équilibré, il y a dans ces forêts une grande richesse de relations entre les micro-organismes."
L'environnement y gagne, mais l'humain aussi bien sûr. "Dans ces forêts-là, on est sur des sources de séquestration de carbone très puissantes, très supérieures aux plantations", indique le directeur du CEN, "Il faut tout faire pour lutter et conserver ces vieilles forêts." Les forêts rhénanes, alluviales du Rhin et des Hautes-Vosges en font partie par exemple.
On ne veut pas en interdire l'accès aux promeneurs ou marcheurs, ça on y tient
Marc Brignon, directeur du CEN
Une évolution libre pour un espace sauvage
Le Conservatoire d'espaces naturels s’engage à préserver ces sites par la libre évolution, donc aucune exploitation par l'homme. "On s'y assure de la quiétude de la faune, en régulant ou interdisant la circulation motorisée. On ne veut pas en interdire l'accès aux promeneurs ou marcheurs, ça, on y tient, mais ça doit se faire dans un esprit de quiétude et de découverte. Concernant le droit de chasse, il dépend des lois communales, pour les parcelles en dessous de 25 ha."
La préservation de ces espaces à long terme est garantie aux donateurs, dans le sens où toute décision de se défaire d'un bien passe par l'accord d'une assemblée générale extraordinaire."Les membres représentent 1800 votants, c'est un verrou fort et, si un conservatoire devait être défaillant ou liquidé (aujourd'hui on est vraiment robuste), le réseau des conservatoires s'est équipé d'une fondation qui récupérerait les actifs."
Le profil des personnes qui contribuent à l'acquisition des espaces naturels par des dons est très éclectique, selon le directeur du CEN. "Les forêts sont très populaires, peu de personnes seraient d'avis de les raser. Bien sûr, il existe des conflits d'usage, mais globalement, on les gère de façon équilibrée.
Si vous voulez faire un don pour l'acquisition de forêts, vous pouvez acheter une ou plusieurs parts de 40 euros l’unité. Le conservatoire garantit que votre contribution sera exclusivement utilisée pour l’acquisition d’espaces naturels dans les forêts. L’objectif visé s'élève à 100 ha de forêts acquis d’ici 2027. Il est possible aussi de participer à la sauvegarde d'autres espaces naturels, comme les vergers, les zones humides, les pelouses sèches, les collines calcaires etc.