Coronavirus : après l'Allemagne et avant la France, la Suisse se prépare au déconfinement, lentement mais sûrement

Alors que le gouvernement français a annoncé la date du 11 mai pour un déconfinement progressif et que l’Allemagne vient tout juste d'entamer une première étape ce 20 avril, nos voisins suisses se préparent. A partir du 27 avril, certains commerces rouvriront leurs portes.
 

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Fini, les racines grises et les cheveux longs qui tombent dans la nuque. En Suisse, il ne reste plus que quelques jours avant de pouvoir se rendre à nouveau chez le coiffeur. C’est ce qu’a annoncé le Conseil fédéral, le 16 avril. Lors d’une conférence de presse, il a détaillé les grandes lignes d’un déconfinement progressif.

A partir du lundi 27 avril, cabinets médicaux, magasins de bricolage, jardineries, fleuristes, salons de coiffure ou encore instituts de beauté pourront rouvrir leurs portes, à condition de garantir la sécurité des employés ainsi que des clients. Dans les hôpitaux, c’est également à partir de ce lundi-là que toutes les opérations pourront avoir lieu, même si elles ne sont pas urgentes. Concernant les funérailles, il sera à nouveau possible pour des personnes extérieures à la famille proche d’un défunt de pouvoir y assister.
 

Un quotidien à peine chamboulé pour les frontaliers

Pour les frontaliers, cette première étape de déconfinement ne change pas fondamentalement le quotidien. Danièle Dietschin, 56 ans, habite à Leymen (Haut-Rhin) et travaille dans l’industrie pharmaceutique, à Novartis, à Bâle (Suisse). Depuis début avril, elle passe un peu plus de la moitié de sa semaine à la maison, en télétravail, et le reste à Novartis.

Comme dans beaucoup d’entreprises, "le mot d’ordre est : tout ce qu’on peut faire à distance, on le fait en télétravail". Danièle Dietschin se rend donc à Bâle uniquement pour faire ses expériences. "Je poursuis la culture de cellules a minima. Je n’y vais vraiment que pour le travail de laboratoire", explique-t-elle.
 

Je me sens bien à l'idée de travailler dans des conditions pareilles
- Danièle Dietschin, employée à Novartis


Une bonne formule, selon elle, qui lui permet de limiter les risques de contamination. "Au tout début, il y avait quand-même un facteur stress lié au fait de sortir, d’aller travailler. Je voyais le nombre d’hospitalisés, de décès, ça faisait peur… Le fait de pouvoir faire du télétravail a allégé la situation". A partir de lundi, elle reprendra petit à petit les manipulations, réduites au strict minimum durant le confinement. Mais le télétravail se poursuivra.

L’entreprise organise une liste de présence, pour que les employés se relayent, et veille aux normes d’hygiène. "On ne sera pas plus de quatre personnes par étage, avec une distance de deux mètres. Si on n’arrive pas à garder cette distance, on portera un masque", explique Danièle Dietschin. Des mesures qui la rassurent : "Je me sens bien à l’idée d’aller travailler dans des conditions pareilles". Le déconfinement est synonyme de bonne nouvelle. "Je vais être optimiste, ça veut dire que la vie redémarre !", conclut-elle, souriante.
 

Trois phases de déconfinement : 27 avril, 11 mai et 8 juin

"Il faut le dire clairement. Si nous pouvons faire ce pas, c’est parce que les mesures que nous avons arrêtées jusqu’ici ont été bien suivies, qu’elles ont permis d’avoir un effet freinant sur l’épidémie et qu’aujourd’hui, la situation épidémiologique permet de commencer à voir les prochaines étapes", assure Alain Berset, ministre de la Santé.
 

Il faut éviter les politiques de stop and go
Alain Berset, ministre suisse de la Santé 

 

Mais la réouverture des magasins le 27 avril ne sonne que le début d’une longue période de déconfinement. "Cette transition sera lente et progressive. Il s’agit de ne pas gâcher tous les efforts qui ont été entrepris jusqu’ici. Nous souhaitons procéder avec attention, pour éviter les rechutes, éviter les politiques de stop and go", poursuit Alain Berset.

Le Conseil fédéral a annoncé trois phases distinctes. Après le 27 avril, le 11 mai sera la date à laquelle les écoles primaires et secondaires I (équivalent du collège) et tous les autres magasins devraient rouvrir. Enfin, le 8 juin, les écoles secondaires II (lycées) et supérieures accueilleront à nouveau les étudiants, si la situation le permet. Les zoos, musées et bibliothèques seront également accessibles à partir de cette date-là. Concernant les bars et les restaurants, aucune date n’a été annoncée pour le moment.
 

Si la Suisse commence à entrevoir les premières lueurs d’un retour à la vie normale, il faut préciser que les mesures de confinement sont bien moins strictes qu’en France. Il s’agit en réalité d’un semi-confinement, le Conseil fédéral misant sur la "responsabilité individuelle" depuis le début de la crise.

Les citoyens sont appelés à rester chez eux et les commerces non essentiels sont fermés, mais il n’existe pas de système d’attestations de déplacement dérogatoire comme en France, les habitants ne doivent donc pas justifier d’un motif pour sortir. Par ailleurs, les rassemblements jusqu’à cinq personnes restent autorisés. Les frontières sont, elles, fermées. Seuls les travailleurs frontaliers peuvent se rendre en Suisse, munis de leur attestation.

"Pour l'instant, on ne sait pas comment ça va se passer"

Comme pour Danièle Dietschin, le lundi 27 avril ne sera pas synonyme de grand changement pour Jennifer Wilhelm, 23 ans. Cette habitante de Michelbach-le-Haut (Haut-Rhin) effectue un stage d’une année au sein d’une crèche à Allschwil (canton de Bâle-Campagne), avant de poursuivre en apprentissage. Depuis fin mars, elle travaille moins car les enfants ne sont plus aussi nombreux.
 

Avec le temps, j'ai appris à vivre avec cette situation
-Jennifer Wilhelm, stagiaire dans une crèche


Actuellement, ils sont répartis par petits groupes pour ne jamais dépasser le seuil de cinq personnes dans une même pièce. Si en France, les crèches sont fermées durant le confinement, l’étudiante trouve normale la poursuite de son activité : "il faut bien quelqu’un pour garder les enfants. Si on ferme, ce sont les parents qui ne peuvent plus travailler, ou bien les enfants sont gardés par les grands-parents, une situation dangereuse en ces temps d’épidémie", estime-t-elle.

Pour autant, travailler dans ces conditions n’a rien d’anodin : "au début, ça m’inquiétait, sachant que les enfants peuvent être porteurs asymptomatiques du covid19. J’avais peur d’être contaminée et de contaminer d’autres personnes à mon tour. Mais avec le temps, j’ai moins peur, j’ai appris à vivre avec cette situation", explique-t-elle.
 
Concernant la première étape du déconfinement, "pour l’instant, on ne sait pas comment ça va se passer, s’il y aura plus d’enfants à partir de la semaine prochaine ou pas. D’un côté, je serais contente de retrouver une vie et des conditions de travail normales, mais d’un autre côté, la peur du virus reste présente et je crains que le déconfinement arrive trop tôt", confie l'étudiante.

Le déconfinement intervient dans un contexte de décrue de l’épidémie. Au 20 avril, la Suisse compte 1400 décès liés au coronavirus et plus de 28.000 cas positifs. Depuis une semaine, le nombre de nouveaux cas stagne à 200, contre 1300 au plus fort de la crise.
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