Coronavirus : classique, pop ou folklorique, de la musique pour adoucir les cœurs en ces temps de confinement

En ces temps où chacun est confiné chez soi, la musique permet d’unir les gens, provoquer un sourire, même à distance. Orchestres, communes ou particuliers : les initiatives se multiplient et ne se ressemblent pas. Du Sundgau au nord de l’Alsace, voici un tour d’horizon musical.

Ce n’est pas parce qu’on est chacun chez soi qu’on ne peut plus faire de musique ensemble. Tel est le credo des orchestres d’harmonie de Dannemarie et de Reiningue, dans le Sundgau, tous deux dirigés par Gaétan Tomasetto. Le 30 mars, ils ont posté leur reprise d’"Everytime we touch" de Cascada, un tube pop interplanétaire qui tranche avec les partitions plus classiques de l’orchestre, sur leur page Facebook.
 

Si ça peut faire du bien au moral des gens, tant mieux !
-Gaétan Tomasetto, chef d'orchestre


Une idée qui a germé dans la tête du chef d’orchestre, peu avant le confinement : "on savait qu’on ne pourrait plus faire de répétitions. J’ai cherché une solution pour continuer de faire de la musique, pour ne pas perdre notre lien. Nos musiques reposent bien sûr sur le plaisir de jouer, mais également de se retrouver". Il a alors acheté des partitions en ligne, qu’il a envoyées à ses musiciens. Les premiers motivés se sont lancés. A présent, d’autres musiques sont en cours.

 

L’objectif : "nous divertir, nous musiciens, et divertir d’autres personnes. Dans cette crise, on n’a pas les moyens de soigner les gens. On peut, en revanche, leur changer les idées. Si ça peut leur faire du bien au moral, tant mieux !" Ces orchestres attendent déjà la fin du confinement pour "défiler dans les rues de Dannemarie et de Reiningue afin de redonner le sourire aux gens, après ces semaines difficiles".

Jouer ensemble mais chacun chez soi

Dès les premières heures du confinement, des musiciens se sont postés sur leur balcon ou leur terrasse pour jouer. Procurer un peu de joie et distiller la bonne humeur dans le voisinage, fenêtres ouvertes… Vous avez peut-être vu cette vidéo devenue virale. Des musiciens en gilet rouge et boutons dorés, membres d’un ensemble de Blosmusik, qui jouent ensemble, chacun depuis chez soi. Ce sont des voisins à Krautergersheim, amis en plus d’être musiciens.

Leur première prestation a été visionnée près de 150.000 fois. "On ne s’y attendait pas du tout ! On jouait pour le voisinage. On a partagé l’initiative sur les réseaux sociaux pour nos amis", explique Patrick Peter. Mais rapidement, la vidéo est devenue virale et les commentaires ont afflué aussi bien de France que de l’autre bout du monde.

Un succès international mais aussi local salué par les instigateurs de l’idée "A la fin de notre premier morceau, on était surpris du nombre d’applaudissements. Certains voisins étaient sortis dans le jardin pour nous écouter. On a passé un bon moment ensuite, à discuter depuis nos balcons respectifs. Ça fait du bien de sortir de chez soi, de l’intérieur !", estime Patrick Peter.

Garder un lien entre voisins malgré le confinement, divertir les habitants de la rue et même au-delà grâce aux réseaux sociaux, le pari est gagné pour le groupe d’amis. Les dix musiciens, répartis en quatre familles, comptent bien profiter des week-ends ensoleillés pour continuer d’égayer cette période avec des morceaux du folklore alsacien.
 


Des remerciements, chaque soir, en musique

A Eberbach-Seltz, dans le nord de l’Alsace, tous les soirs, c’est devenu un rituel. A 20h, les habitants applaudissent à leurs fenêtres comme partout en France. Ensuite, Bryan Schwartz joue de l’accordéon et chante, dans la cour devant sa maison. A la fin de son morceau, les voisins réitèrent leurs applaudissements. "Interpréter des musiques alsaciennes, c’est ma manière de soutenir le personnel de santé, les agriculteurs…", explique le musicien de 18 ans.
 

A 20h, je préfère jouer plutôt que d'applaudir
-Bryan Schwartz, accordéoniste


Un hommage qu’il prend très au sérieux. "Je m’entraîne de 10h à 20h. Si à 19h, je ne maîtrise pas le morceau, je commence déjà à paniquer !" dit-il en riant. Chaque jour, il choisit une nouvelle musique qu’il reproduit sur son accordéon. Un vrai défi et une occupation durant le confinement pour cet employé d’une usine allemande. "Quand je fais de la musique, je ne vois pas le temps passer ! Et puis en guise de remerciement, à 20h, je préfère jouer qu’applaudir, je trouve que ça apporte quelque chose en plus", confie-t-il.

Par cette animation, chaque soir, il espère aussi "motiver d’autres jeunes, à sortir avec leur instrument. Beaucoup n’osent pas", déplore Bryan Schwartz. Les encouragements du voisinage lui donnent raison. "Ça me donne envie de faire mieux, à chaque fois !" conclut-il.
 


Un "hymne" de confinement

La musique met du baume au cœur, oui, mais pas pour tout le monde. A Ribeauvillé, la commune diffusait l’hymne du Pfifferdaj (fête des ménétriers), événement qui rassemble des milliers de personnes chaque année, à travers les haut-parleurs de la ville. Comme les applaudissements, la musique retentissait chaque soir à 20h, à partir du 20 mars.

"Nous voulons rendre hommage au personnel soignant et à tous ceux qui exercent des métiers indispensables", explique Eléonore Dubail, assistante du directeur général des services de Ribeauvillé. "Pour nous, c’est important de diffuser cette musique car elle représente notre ville. C’est notre identité", poursuit Anne-Sophie Zuccolin, adjointe au maire. Mais après seulement une semaine, la mairie a décidé d’arrêter la diffusion dans les haut-parleurs car elle a reçu plusieurs plaintes de la part de riverains. 
A la place, elle a invité les habitants qui le souhaitent à mettre eux-mêmes la musique depuis leur téléphone portable, ou une enceinte. Une initiative plutôt bien suivie. "Cet hymne, les habitants y sont attachés", estime Eléonore Dubail. Unanimité ou pas, l’hymne du Pfifferdaj continue donc de résonner, de-ci de-là, chaque soir, dans les rues de Ribeauvillé.
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