La Haute autorité de santé le recommande ce vendredi 9 avril, les patients de moins de 55 ans ayant reçu une première dose d'AstraZeneca doivent plutôt recevoir un vaccin à ARN messager pour leur seconde injection. En Alsace, on s'organise.
Eric a la voix enjouée d'un quadra dynamique et qui ne compte pas se laisser abattre. Aide à domicile, ce Bas-Rhinois sans souci médical a pu bénéficier d'une première injection de vaccin AstraZeneca le 5 mars du fait de sa profession. "Tout s'est très bien passé, je n'ai pas eu d'inquiétudes particulières, ma seconde injection était prévue le 11 mai mais là je suppose qu'elle va être annulée".
En effet depuis ce vendredi 9 avril, la Haute autorité de santé (HAS) recommande que pour les personnes de moins de 55 ans ayant reçu une première injection d'AstraZeneca, la seconde soit plutôt réalisée avec un vaccin à ARN messager comme celui de Pfizer ou Moderna. Cela fait des semaines qu'AstraZeneca pose question avec des cas de thromboses (formation de caillot sanguin) liées à l'injection, comme l'a reconnu mercredi l'Agence européenne du médicament, qui parle d'effets secondaires rares. 12 cas ont été détectés en France dont quatre décès.
#Communiqué | Vaccination contre la #COVID19 - 2e dose chez les moins de 55 ans ayant déjà reçu une 1ère injection #AstraZeneca
— Haute Autorité de santé (@HAS_sante) April 9, 2021
?La HAS recommande de compléter le schéma vaccinal avec un vaccin à ARNm dans un délai de 12 semaines après 1ère injection
?https://t.co/qWLS5LXLbm pic.twitter.com/zMpfetm9HZ
Manon, 30 ans, infirmière en réanimation à Hautepierre, a elle aussi, en tant que soignante, pu bénéficier d'une première injection d'AstraZeneca. "J'ai fait 36 heures de fièvre en réaction mais finalement quand on est bébé, c'est le cas aussi avec les vaccins que l'on reçoit. Et de toutes façons il faut le faire si on veut sortir de cette crise, il n'y a que la vaccination qui nous aidera même si les questionnements sont légitimes. Après, j'aurais préféré continuer avec une seconde injection du même vaccin, les mélanges, je ne sais pas trop ce que cela peut donner".
Pour Eric au contraire, c'est plutôt une bonne nouvelle. J'attends la seconde injection avec impatience, je l'aurais faite avec AstraZeneca mais tant mieux si c'est avec un autre, j'ai vu que la combinaison de deux vaccins différents rendait la protection plus efficace. La seule chose qui m'inquiète c'est la logistique. Où et quand vais-je recevoir cette deuxième injection?" Et c'est bien toute la question.
Les médecins généralistes attendent les doses
Ce sont les médecins généralistes, les pharmaciens et les infirmières libérales qui vaccinent surtout avec AstraZeneca, plus facile à conserver. Ils vont donc devoir se réorganiser.
Serge Wery est généraliste à Bergbieten et intervient aussi au centre de vaccination de Wasselonne. "Nous avons environ 10% de vaccinés AstraZeneca de moins de 55 ans, ils vont évidemment être réorientés dans les centres de vaccination qui disposent de Pfizer et de Moderna. A Wasselonne, nous sommes en train de monter en puissance, on est passé de 4 personnes vaccinées toutes les 10 minutes à 7, on devrait pouvoir absorber le flux". Quant aux annonces contradictoires et récurrentes, le docteur Wery préfère en sourire. "C'est de la résilience que voulez-vous, on a appris à s'organiser au jour le jour".
Même son de cloche à Schiltigheim dans le cabinet du docteur Raymond Attuil. "J'ai déjà deux patients qui m'ont contacté ce matin pour savoir comment cela allait se passer pour eux. Est-ce que les généralistes vont recevoir des doses de Pfizer ou de Moderna, je n'ai pas la réponse, j'apprends les nouvelles par la presse. Mais ce qui est sûr, c'est que les médecins, les pharmaciens, les infirmières ont la capacité de vacciner beaucoup plus, peuvent s'organiser très rapidement, il faut simplement que nous ayons les doses".
C'est bien le message que veut faire passer le syndicat MG France (Médecins généralistes de France). Le docteur Pierre Tryleski pratique à Strasbourg et est le délégué régional de MG France. "Il faut que nous disposions de vaccins à ARN messager, il faut que je puisse terminer ce que j'ai commencé avec mes patients. Il faut aussi que je puisse vacciner ceux que j'ai identifiés qui ne peuvent pas se rendre dans les centres de vaccination, il faut donner la possibilité aux médecins, aux infirmières et aux pharmaciens de travailler!"