Terre de gastronomie et d’innovation, l’Alsace regorge de restaurants insolites. Voici notre sélection de cinq tables atypiques à découvrir dans la région. Dépaysement garanti.
Comment allier bonne chère et souvenir mémorable ? De plus en plus de restaurants osent l’insolite pour attirer les clients curieux en quête d’expériences. En la matière, l’Alsace est riche de propositions. Voici nos cinq suggestions.
S’envoyer en l’air à bord du "Moulin in the sky" - Ebersheim (67)
Déguster un repas de grand chef est toujours promesse d’un moment fort en sensations. Le déguster à 50 mètres de hauteur, voilà de quoi renforcer ses émotions.
Occasion vous en sera donnée entre le 20 et le 23 juin 2024. Pendant ces quatre jours, la prairie du moulin Kircher, à Ebersheim (Bas-Rhin), deviendra base de décollage d’une nacelle à ciel ouvert où prendront place les convives. Repas organisés dans le cadre des "dinner in the sky", créés en 2006 par une agence de communication spécialisée dans la gastronomie. Elle a déjà organisé plus de 5000 repas aériens à travers le monde, de Paris à Sydney, de Las Vegas à Dubaï. C'est la première fois qu'ils ont lieu en Alsace.
Quatre grands chefs alsaciens et une cheffe pâtissière seront chargés de régaler les papilles des gastronomes volants : Joël Philipps, chef du Cerf (Marlenheim) ; Pascal Bastian, du Cheval Blanc (Lembach), Alexis Albrecht du Vieux couvent (Rhinau) et le chef luxembourgeois Thomas Murer. Les amateurs de surprise seront conquis : les menus ne sont pas révélés à l’avance.
Cinq décollages sont prévus chaque jour : deux pour le déjeuner à 12h et 14h, deux pour le dîner à 19h et 21h, et un pour le goûter, à 16h30. Les passagers du vol de l’après-midi pourront savourer les douceurs concoctées par la pâtissière strasbourgeoise Pauline Wolff.
Quelques consignes sont à respecter. La première est évidemment de ne pas souffrir du vertige qui pourrait fortement gâcher l’expérience. Les convives doivent mesurer au minimum 1,10 mètre, peser au maximum 150 kilos. Il est demandé d’arriver 45 minutes avant le décollage. Les organisateurs vous suggèrent également de prendre de quoi vous couvrir.
SI la météo est de la partie, ce vol gastronomique d’une durée d’1h30 vous offrira un panorama imprenable sur le Ried et le Haut-Koenigsbourg.
Comptez tout de même 530 euros par déjeuner ou dîner pour deux personnes. Réservation obligatoire.
Ambiance viking à "la Taverne du village" - Stosswihr (68)
Près de Colmar, à Stosswihr (Haut-Rhin), ce n’est pas un voyage dans les airs mais dans le temps qui vous est proposé. Le restaurant La Taverne du village invite "Dames et Seigneurs du Royaume à la recherche d'un repas digne des plus grands rois".
Rappelant le passé légendaire de la vallée de Munster qui abritait il y a bien longtemps créatures, fées et guerriers, l’établissement propose de ripailler dans une ambiance viking. La rumeur raconte que cette taverne serait à l’emplacement exact d’un endroit tenu secret en son temps, où les Vikings présents dans la région se retrouvaient avant de partir au combat.
Voilà le décor planté, et le menu rend évidemment hommage à cette peuplade de guerriers nordiques. Jarret braisé au whisky burger sauce galloise croisent les sardines - dont sont friandes les tribus scandinaves.
Une fois conquis par cette gastronomie inattendue en Alsace, vous pourrez même concocter vos propres petits plats vikings. L’établissement propose quelques idées de recettes comme le saumon skald aux fraises, le rôti du Valhalla aux pommes d’Odin ou encore la tarte de loki aux baies d’asgard.
Le déguisement de Viking n’est pas imposé.
Dégustation à l'aveugle "Dans le noir ?" – Strasbourg (67)
Ici non plus, pas de costume de Viking : c’est dans la peau d’une personne mal ou non-voyante que le restaurant strasbourgeois « Dans le noir ? » propose de vous glisser.
Pour cela, obscurité totale imposée à tous les clients. La salle de restaurant est totalement dans le noir. Vous serez guidés et servis par des personnes atteintes de handicap visuel enthousiastes à l‘idée de vous accueillir "dans leur monde".
Même le menu – qui change toutes les trois semaines - se fait à l’aveugle : pas de présentation à l’avance, on découvre le contenu de son assiette quand elle arrive. Et on a même le droit de mettre les mains dedans pour tenter de déterminer ce qu’on va manger. Les œnologues avertis peuvent d’ailleurs s’amuser avec le vin en tentant de deviner s’il s’agit de rouge ou de blanc.
Ouvert en 2021, l’établissement rencontre un franc succès, ayant déjà accueilli 18 000 personnes malgré seulement trois jours d’ouverture par semaine. Il est conseillé de réserver.
Et si vous vous demandez pourquoi ce point d’interrogation dans le nom du restaurant : parce que vous sortirez un peu plus éclairé après cette expérience sensorielle solidaire.
"La ferme des moines" et ses automates – Jungholtz (68)
Si vous êtes en quête de spiritualité, c’est à Jungholtz (Haut-Rhin) que vous trouverez la bonne adresse. La ferme des moines est située au pied de la basilique Notre-Dame du Thierenbach, à Jungholtz (Haut-Rhin), fondée sur un ancien prieuré du XIIe siècle.
Halte incontournable pour les marcheurs du chemin de Compostelle passant par l’Alsace, le lieu rend hommage à son histoire monacale. Dans la salle immense où trône une table de bois de 2.5 tonnes (et une autre au plafond !) s’activent seize automates, représentant des moines dans leurs travaux quotidiens, qui proposent des petits contes pour agrémenter votre repas.
Autre particularité de la maison : la viande cuite sur pierre volcanique, qui garantirait une cuisson parfaitement homogène tout en rehaussant les saveurs.
L’adresse idéale pour succomber à la gourmandise tout en se faisant directement absoudre ce péché.
"La Couronne" et son chiotilus – Scherwiller (67)
Il est rare de choisir un restaurant pour ses sanitaires. À Scherwiller (Bas-Rhin), La Couronne n’a pourtant pas hésité à tout miser dessus, transformant les petits coins en immersion à bord du sous-marin « chiotilus ».
Un aquarium en guise de lavabo, des entonnoirs à la place des urinoirs, des éclairages calfeutrés créant l’impression de profondeur : cet espace – aussi fonctionnel qu’artistique - a été conçu par le métallier d’art alsacien Denis Sielmann, connu pour ses créations "rouillées".
Totalement déroutant dans ce bâtiment à oriel du XVIIIe siècle doté de son escalier en colimaçon et son décor authentiquement alsacien. De quoi inciter tous les clients à bien aller se laver les mains – au moins pour le coup d’œil - avant le repas.