Eiffage, entreprise de métallurgie basée à Lauterbourg depuis 60 ans, a décroché récemment le contrat de construction d'un nouveau pont sur le Rhin à hauteur de Leverkusen, en Allemagne. Dans les ateliers, le chantier avance. Le marché de la construction métallique ne connait pas la crise mais la pénurie de main d'oeuvre qualifiée tend les conditions de production.
Une immense photo de la pyramide du Louvre accueille le visiteur dans le hall de l'usine de Lauterbourg. Eiffage, lointain descendant de l'entreprise créée par Gustave Eiffel en 1866, est en effet à l'origine de la structure métallique de ce symbole de l'architecture contemporaine. Mais l'ouvrage de référence qu'évoquent systématiquement les ouvriers et les cadres techniques de l'entreprise alsacienne, c'est le pont de Millau, plus long pont à haubans du monde, ouvert à la circulation en 2004 et véritable prouesse technique.
Le pont qui occupe les équipes ces jours-ci est de dimension plus modeste. Il fera 1 km de long contre 2,4 km pour celui de Millau et reliera les villes de Leverkusen et de Trêves sur le tracé de l'autoroute A1. La partie métallique de l'ouvrage à haubans s'étendra sur 689 mètres. L'ouvrage viendra remplacer le pont existant saturé, et s'étalera, au final, sur deux fois 6 voies.
Pour réaliser cet ouvrage gigantesque, l'entreprise a dû construire un nouveau hall de peinture à la dimension des énormes éléments de pont. "La première partie du pont sera composée de 22 éléments métalliques fabriqués et peints dans nos ateliers qui seront acheminés par voie fluviale jusqu'à Leverkusen et seront assemblés sur place", explique Emmanuel Denny, directeur du projet.
Dans l'immense hall d'assemblage, où rien n'a changé depuis la construction de l'usine il y a 60 ans, une armée de soudeurs et d'assembleurs s'active jour et nuit, en 3x8, pour répondre à la commande. C'est là que les plaques de métal sont découpées puis assemblées suivant les plans. Chaque pièce doit correspondre au millimètre aux dimensions demandées. Des dizaines de couches de soudures automatiques ou manuelles assurent la solidité de l'ouvrage. "Chaque soudure est contrôlée par ultra-son pour vérifier sa solidité, commente Emmanuel Denny. Si la soudure n'est pas conforme, le soudeur doit recommencer".
Le premier élément du pont a quitté l'atelier sous le regard satisfait des ouvriers. Il sera peint puis hissé sur une barge sur le Rhin pour être convoyé vers Leverkusen. C'est là qu'il sera assemblé et constituera le tablier du nouveau pont.
En même temps que le pont de Leverkusen, d'autres commandes seront honorées dans les mois qui viennent notamment la construction de deux passerelles pour les Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Mais l'entreprise, en pleine croissance, fait face à un manque structurel de personnel. Eiffage Lauterbourg aurait besoin de 100 salariés supplémentaires à tous les niveaux, du soudeur au personnel administratif, pour renforcer ses effectifs qui comptent aujourd'hui 250 salariés.