Les partenaires de la marque Alsace dénoncent l'utilisation de leur logo "A-coeur" pour le sigle de la CEA, la collectivité européenne d'Alsace. Ils déclarent que cette marque ne peut pas être recyclée en "outil de propagande politique". La polémique résonne jusqu'au Chili.
Jacques Burrus est le propriétaire d'une pâtisserie au Chili, dans la capitale Santiago. A près de 12 000 kilomètres de l'Alsace, il veut faire rayonner sa région d'origine dans cette partie du monde. Sa pâtisserie s'appelle "Les délices d'Alsace", et sur son site internet, figure en bonne place le logo "A-Coeur" de la marque Alsace. Pour avoir le droit de l'arborer, il doit obéir à des critères et une réglementation précise, qui lui permettent d'être partenaire de ce label.
Aujourd'hui malgré la distance, il refuse d'esquiver la polémique autour de l'utilisation de ce symbole. Au contraire, il met les pieds dans le plat. "La CEA est une institution politique et partisane" lâche-t-il. "Elle est constituée d'hommes et de femmes politiques qui vont appliquer la ligne directrice de leur parti. Or, quand on veut vendre un produit, on veut que la marque soit neutre politiquement. N'importe quel commerçant vous le dira. Jamais un commerçant ne va parler de ses convictions politiques à un client."
Un préjudice aux intérêts économiques
"Lorsque j'utilise le "A-Coeur" sur mes supports de communication, je m'engage à fournir un produit de qualité, c'est un label d'excellence" explique-t-il. Voilà pourquoi il s'étrangle à la vue de plaques d'immatriculations qui arboreraient ce symbole repris par la collectivité européenne d'Alsace. Une utilisation massive qui lui ferait perdre son caractère exclusif. Bref, une mauvaise opération commerciale.
Peut-être une erreur de jeunesse de la CEA, concède-t-il. Mais que le politique reste dans le champ du politique, et ne vienne pas piétiner les plates- bandes économiques.
Pour la CEA, le drapeau Rot un Wiss?
La polémique, cependant, va au-delà des questions purement économiques. Et là encore, Jacques Burrus décoche ses flèches. "Pourquoi les politiques veulent-ils à ce point un logo qui soit neutre historiquement? Pourquoi ne pas choisir le drapeau Rot un Wiss?" s'interroge-t-il pour aussitôt apporter sa propre analyse : "C'est la logique de refoulement d'une histoire et d'une culture, dont les politiques ne parviennent toujours pas à s'affranchir ", assène-t-il. Et il enfonce le clou. "Si la CEA est l'institution qui doit porter l'émancipation de l'Alsace", ne serait-ce pas l'occasion justement d'afficher ses couleurs?
"Il s'agit juste d'une réflexion personnelle que j'apporte au débat, depuis là où je me trouve, en Amérique du Sud" déclare-t-il, faussement candide.