Dans un petit village de la vallée de la Bruche en Alsace, à Barembach, un bistrot vient de voir ses peintures murales et décors classés aux monuments historiques. L'actuelle tenancière du site nous raconte.
Quatre générations de cafetiers se sont succédées dans ce qui était d'abord une auberge, ensuite un café, puis un bar-tabac. La Couronne verte à Barembach, dans la vallée de la Bruche, vient de voir ses décors peints classés aux monuments historiques.
Martine Charlier, aux manettes des lieux depuis 32 ans, est ravie, mais elle a d'abord été surprise. "Oui, j'étais étonnée d'apprendre le classement. C'est mon cousin qui a fait les démarches, mais je ne m'attendais pas forcément à ce que ça aboutisse."
Elle se souvient pourtant de l'intérêt de la spécialiste venue sur place pour l'évaluation : "quand la jeune femme des monuments historiques est venue, j'ai bien vu qu'elle avait un réel intérêt pour les peintures murales et une partie du mobilier."
Martine a pris la succession de sa maman en 1990. "Moi j'ai toujours connu l'endroit en tant que bar-tabac et travaillé au milieu de ces décors."
Des oeuvres miraculeusement épargnées par les flammes
C'est un incendie, qui leur a fait prendre conscience de la valeur des peintures autour d'elles. "En 1996, il y a eu le feu et grâce à une porte, tableaux et plafond ont été épargnés. A partir de ce moment-là, on s'est dit qu'on devait faire protéger ces oeuvres, au cas où il faudrait vendre un jour et où quelqu'un d'autre prendrait le relai." C'est ce qui vient d'aboutir et ravit tout le monde à Barembach.
Dans les petites communes, les cafés-bars-tabac sont souvent les derniers lieux de vie sociale. Celui de Barembach, dans la vallée de la Bruche, ne fait pas exception. "C'est le dernier lieu de rencontre dans le village, ici on joue encore aux cartes " souligne Martine Charlier, "il y a les habitués, des gens de toutes les générations, mais aussi des habitants des villages voisins."
Une histoire de famille
Camille Braun, l'auteur des fresques était un artiste-peintre de la vallée, mais il était aussi le frère de l'arrière-grand-mère de Martine Charlier.
"C'est quelqu'un de ma famille qui a peint ça et je connais bien ses descendants. D'ailleurs, ce matin, sa petite-fille, une dame de 90 est passée ici !"
Suite au classement aux monuments historiques d'une partie de son café, Martine Charlier s'attend à quelques visites supplémentaires ces prochains temps. Pas de soucis, elle et ses clients sont ravis. Pour Michaël le site est unique et doit être préservé en l'état : "Le bistrot ne pourrait pas être vendu à quelqu'un qui voudrait tout changer, ça doit rester dans le jus." et Lionel de rajouter : "Enlever la Joconde au Louvre, ben, c'est plus le Louvre. Enlever les peintures de Barembach, c'est plus chez la Martine."
Seul bémol, "désormais, chaque fois qu'on voudra faire quelque chose dans le bar-tabac, il faudra l'approbation des monuments historiques."
A priori pas un réel problème, car ici, aucun projet de repeindre les murs en blanc, le seul rêve de Martine, pouvoir faire restaurer la partie des oeuvres qui a souffert dans l'incendie. Mais ça n'est pas pour tout de suite.