Endométriose : quand la réalité augmentée facilite les opérations chirurgicales

L'endométriose, une maladie qui se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l'utérus, touche une personne menstruée sur dix. Face à cette pathologie encore trop méconnue et source de très fortes douleurs, la médecine avance timidement.

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Trop souvent méconnue, trop tardivement diagnostiquée et surtout difficile à soigner... L'endométriose touche pourtant 10% des personnes menstruées dans le monde et se traduit entre autres par de fortes douleurs dans le bas du bassin et peut entraîner l'impossibilité de tomber enceinte.

Pour l'heure, il n'existe aucun traitement pour guérir la maladie, première cause d'infertilité. Les médicaments et opérations chirurgicales ne peuvent que diminuer les douleurs ou l'évolution de l'endométriose. Le quotidien de Marie-Claire Scherb, une Alsacienne de 36 ans touchée par la maladie, était devenu un calvaire.

Au début, ces douleurs se manifestaient par des règles éprouvantes : "C'étaient d'abord des douleurs permanentes dans le bas-ventre, des nausées toute la journée, des douleurs lombaires qui m'empêchaient de dormir la nuit, explique-t-elle à notre équipe de reportage. Et sur les derniers mois, des atteintes digestives se sont manifestées. Elles étaient encore plus difficiles à supporter que les douleurs dans le bas-ventre."

Les causes de l'endométriose sont encore floues. Aussi, les symptômes diffèrent et les douleurs peuvent se traduire à divers niveaux d'intensité. "Cette présence de l'endomètre en-dehors de la cavité utérine entraîne une inflammation, une zone de nécrose. On a alors un foyer d'endométriose", explique le professeur Cherif Akladios, chef du service de gynécologie obstétrique de l'hôpital de Hautepierre, à Strasbourg.

La maladie peut également s'aggraver avec le cycle menstruel : "Le mois d'après, la zone va augmenter avec l'installation d'une inflammation chronique", continue le professeur Akladios. Alors qu'une simple IRM suffit à détecter la maladie, les patient.e.s mettent en moyenne sept ans à être diagnostiqué.e.s. Pendant ce temps, l'endométriose peut se répandre et toucher le rectum ou encore la vessie.

C'est un sujet qui reste personnel et intime. On n'a pas forcément envie d'en parler. Donc je me suis sentie très seule.

Marie-Claire Scherb

Marie-Claire Scherb raconte ces années d'errance : "C'est un sujet qui reste personnel et intime. On n'a pas forcément envie d'en parler. Donc, je me suis sentie très seule. Quand le diagnostic est tombé, on a au moins pu mettre un mot sur la pathologie. Ça ne changeait pas mon quotidien, mais ça permettait de dire qu'il y avait 'une raison' à ces souffrances quotidiennes."

La chirurgie pour diminuer les douleurs

Des souffrances auxquelles la jeune femme a voulu mettre fin grâce à une lourde intervention chirurgicale. Six mois après, elle s'en remet doucement : "Globalement ça va bien. J'ai encore deux-trois petites choses handicapantes au quotidien, mais je n'ai plus toutes ces douleurs que j'avais avant."

La chirurgie intervient quand les traitements médicamenteux comme les anti-inflammatoires et la pilule ne suffisent pas. Il faut alors enlever les lésions par une opération. "Il ne faut pas laisser de tissus endométriosiques dans le corps. Sinon, cela revient encore une fois. Il faut quand même conserver les fonctions vésicale, sexuelle, rectale... Il faut respecter tout cela, et c'est toute la difficulté de ces interventions", concède Cherif Akladios.

Cette chirurgie est ainsi compliquée et de précision. À Strasbourg, le service de gynécologie de l'hôpital de Hautepierre travaille avec la start-up Visible Patient pour aider les chirurgiens à préparer cette intervention grâce à la reconstitution en 3D de la zone à opérer.

La visibilité d'une image IRM n'est en effet pas optimale : "Il est difficile d'arriver à voir dans tous ces niveaux de gris où sont situées les structures anatomiques et où est la pathologie", concède le professeur Luc Soler, président de Visible Patient. "Dans notre modélisation 3D, on superpose les coupes comme des pièces de Lego et on obtient un modèle. Cette copie virtuelle de la patiente va nous permettre de visualiser précisément la position de l'endométriose par rapport aux autres organes voisins."

Grâce à un casque de réalité augmentée, le chirurgien peut même simuler une intervention en entrant virtuellement dans le corps à la recherche des lésions. Casque sur la tête et tout en pointant son doigt, le professeur Soler explique : "Je vois très nettement cette invasion de la cavité rectale. Et ça nécessite malheureusement une opération de résection partielle du rectum."

Ce programme de recherche clinique pourrait être validé en 2024 et bénéficierait alors à toutes les personnes touchées par l'endométriose qui auraient besoin de chirurgie. 

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