Energie : critiqués il y a 30 ans, les constructeurs d'une maison bioclimatique pourraient avoir trouvé une solution d'avenir

Rund Um. Il y a une trentaine d'années, Michel-Pius Koerper a eu toutes les peines du monde à décrocher un permis de construire pour sa maison. Une maison pas comme les autres, une maison bioclimatique indépendante pour sa production d'énergie et de chauffage. Critiqués à l'époque, il faut admettre que ce technicien hors pair et son architecte avaient vu juste.

Michel-Pius Koerper en parle aujourd'hui avec amusement. En 1994, il a du arracher de haute lutte son permis de construire à sa mairie d'Uffheim dans le Sundgau (Haut-Rhin). En cause: l'architecture peu conventionnelle de sa future maison.

Un plan en forme de croissant élaboré par un architecte local, Matthieu Winter: une façade quasi aveugle côté nord et d'immenses baies vitrées sur trois étages sur la face sud. "Notre architecte nous a d'abord demandé comment nous vivions, comment nous voulions vivre dans cette maison, nous explique Michel-Pius. Cela a été une rencontre extraordinaire, sensible. Notre architecte nous a écouté et quelques jours plus tard, il est venu nous proposer ce plan. J'ai été tout de suite conquis. D'autres personnes auraient été effrayées, auraient eu peur aussi du surcoût que représente une maison comme la nôtre par rapport à une maison conventionnelle". 

Michel-Pius, à cette époque, est technicien dans l'industrie en Suisse. Il voyage beaucoup, est très bricoleur. Ses penchants sont déjà résolument écologistes. Avant même qu'il en soit vraiment question dans la société, il a l'intuition qu'il faut devenir autonome d'un point de vue énergétique et du point de vue de la fourniture en eau.

Au moment de construire les fondations de la maison, il enfouit donc deux énormes citernes de récupération sous le jardin, l'une fait 40 000l l'autre 8000. "Au sortir de l'été, vous pouvez le voir sur ce cadran, les citernes sont pleines. Tout l'été, malgré la canicule, nous avons pu arroser le jardin, faire tourner nos machines à laver, les toilettes grâce à cette eau de récupération...Nous avons même pu donner de l'eau pour l'arrosage aux voisins". 

Sa compagne Fabienne, nous emmène à la découverte du rez-de-chaussée. Ici pas de murs. Nous passons une première baie vitrée qui donne sur une espèce de loggia. C'est dans cet espace tampon que l'on prend toute la dimension de ce qu'est une maison bioclimatique.

"Cet espace est comme une serre. Un baie vitrée donne directement sur le jardin, l'autre sur le rez-de-chaussée intérieur. En été, cet espace nous évite d'avoir trop chaud. En hiver, il réchauffe les pièces de vie", explique-t-elle. "Ce qui fait que nous chauffons à peine en hiver! Nous avons un Kàchelhoffe (un poêle à bois alsacien en faïence) mais nous n'avons besoin que de deux à trois stères et demi de bois par an", ajoute Michel.

Cette maison est révolutionnaire à plus d'un titre. Ses futurs habitants décident de mettre les chambres en rez-de-jardin. Elles restent fraîches tout l'été et tempérées en hiver, comme le terrier d'un renard. La famille installe des panneaux solaires et photovoltaïques pour produire son eau chaude et son électricité. "Nous pouvons dire aujourd'hui que nous sommes autonomes énergétiquement", calcule rapidement Michel.

Une coopérative pour développer l'énergie partagée

Chauffage, production d'électricité, récupération d'eau, la famille coche aujourd'hui toutes les cases du virage écologique auquel se trouvent confrontés les Français. Michel ne s'est pas pour autant endormi sur ses lauriers. Depuis 5 ans, il est membre d'une coopérative "Energies partagées en Alsace" qui installe des panneaux photovoltaïques sur les toits de bâtiments particulièrement bien exposés.

Cette initiative citoyenne a déjà permis d'équiper 14 bâtiments mais à écouter Michel, et on ne peut que faire le constat avec le lui, les choses n'avancent pas assez vite.

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