Strasbourg : les pistes pour économiser 10% d'énergie dans les rues et les bâtiments publics

Pour faire face à la crise énergétique, notamment l'envolée des prix du gaz due à la guerre en Ukraine, l'Eurométropole et la Ville de Strasbourg prévoient diverses mesures d'économies. On vous explique.

Sur fond de crise énergétique, la sobriété s'impose. A Strasbourg et dans l'Eurométropole, comme ailleurs en France. Et des idées d'économies doivent être trouvées dans l'urgence. "La hausse exponentielle du prix de l'énergie (…) nous place aujourd'hui dans une situation parfaitement inédite" a expliqué ce 31 août la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, lors d'une conférence de presse.

Mi-août, au moment de faire la commande groupée du gaz pour ses 33 communes, l'Eurométropole a dû faire face à une hausse exponentielle. D'un seul coup, le prix du gaz a été multiplié par cinq. Ce qui équivaut à 5,4 millions d'euros supplémentaires à débourser jusqu'à fin 2022, et plus de 14 millions d'euros supplémentaires pour 2023.

"Et cet emballement du coût de l'énergie n'est pas encore terminé" déplore Pia Imbs, présidente de l'Eurométropole. "La situation va encore s'aggraver, d'autant plus que l'achat de l'électricité n'est pas encore bouclé."

Au-delà des économies à réaliser pour assurer ce financement imprévu, la Ville et l'Eurométropole veulent donc aussi tenter, par tous les moyens, de réduire leur consommation d'énergie. Et entre des bâtiments publics moins chauffés et ouverts moins longtemps, la baisse de l'éclairage public, un marché de Noël plus éco-responsable et l'accélération de la transition écologique, les idées ne manquent pas.    

Baisser le chauffage dans les bâtiments publics

Pour diminuer collectivement la consommation de gaz, le premier levier sur lequel les pouvoirs publics prévoient d'agir est le chauffage des bâtiments. Jeanne Barseghian détaille les mesures envisagées à l'échelle de Strasbourg : "repousser le début de saison de chauffe", et "adapter le chauffage cet hiver, avec une température de 19 degrés maximum" dans des lieux comme le centre administratif.

Selon Syamak Agha Babaei, premier adjoint au maire et vice-président de l'Eurométropole, cette diminution de la température ambiance à 19 degrés aurait déjà été envisagée par "nos prédécesseurs lors du premier choc pétrolier." Mais elle nécessitera quelques ajustements, "par typologie de bâtiments et par typologie du public accueilli." Avec encore quelques degrés de moins "pour les bâtiments techniques", mais un peu plus de chaleur "dans les locaux accueillant la petite enfance."

A l'hôtel de ville, place Broglie, le projet est de continuer à chauffer la salle des mariages, et d'y accueillir également d'autres événements et manifestations. Ceci permettrait en échange de ne plus chauffer certaines salles trop peu - ou pas - utilisées, afin d'éviter le gaspillage.

De son côté, "l'Eurométropole va identifier les bâtiments qui font partie de son patrimoine, et où elle pourra agir pour diminuer leur consommation énergétique de 10%" assure Pia Imbs. Et ce, dans les 33 communes concernées.

Dans les mois qui viennent, certains bâtiments publics, identifiés comme non indispensables, pourraient même être fermés. Car selon Syamak Agha Babaei, "on part du principe que la meilleur énergie reste celle qu'on ne consomme pas." Mais sans donner de précisions pour l'instant. 

Diminuer l'éclairage public, même en période de Noël

L'éclairage public aussi constitue une grosse dépense d'énergie, et sa réduction est à l'étude. La maire de Strasbourg veut également faire la chasse aux enseignes lumineuses. Des négociations avec JCDecaux devraient permettre de réduire, voire stopper, l'éclairage nocturne des panneaux publicitaires.

"On a besoin que l'ensemble des commerces et des entreprises prennent des mesures responsables" précise Jeanne Barseghian. "Et si ce n'est pas le cas, je me verrais dans l'obligation de prendre certains arrêtés municipaux pour interdire le gaspillage d'énergie."

Même les lumières du marché de Noël devront être revues à la baisse. "Il faudra travailler à plus de sobriété des illuminations" assure encore la maire. Plus précisément, l'idée serait, "dans les rues où seront placées les illuminations de Noël, de renoncer à l'éclairage public classique" afin d'éviter les doublons. Par ailleurs, un jury citoyen, déjà désigné avant la crise énergétique de cet été, doit réfléchir à des propositions destinées à rendre l'ensemble du marché de Noël plus vertueux en matière de sobriété énergétique. 

Adapter les horaires des bâtiments publics

Au niveau de l'Eurométropole, les horaires de fréquentation des piscines, des patinoires et des médiathèques sont analysés, dans le but d'ajuster leurs plages d'ouverture. "Ce travail est encore en cours" assure Pia Imbs. "Nous voyons au cas par cas ce qu'il est possible de faire, sans léser nos usagers."

Les musées de Strasbourg, eux aussi, seront mis à la diète avec, dès le 3 octobre prochain, une fermeture "de deux jours par semaine au lieu d'un, excepté pour les grandes expositions" précise Jeanne Barseghian, pour éviter une hausse des tarifs. Le projet était dans les tuyaux dès le début de l'été, en raison du manque de personnel. Mais la municipalité le rajoute désormais à la liste des mesures de sobriété prises "dans le contexte de crise affectant fortement le budget des collectivités."

Intensifier la transition vers les énergies renouvelables

Parallèlement à ces mesures à très court terme, la Ville et l'Eurométropole comptent accélérer le processus, fixé en début de mandat, qui vise à s'affranchir des énergies fossiles. L'une des étapes est de miser toujours davantage sur la biomasse produite à Strasbourg, et de "connecter le maximum de bâtiments publics, comme de logements privés, à des réseaux de chaleur qui contiennent une grande part d'énergie renouvelable."

"On va aussi aller plus vite sur les questions de production d'énergie solaire" assure la maire. Qui rappelle également le projet transfrontalier en cours, de récupération de la chaleur de l'aciérie de Kehl pour la réinjecter dans le réseau strasbourgeois.

"Le cap est clair, mais le moment présent nous force à accélérer" estime Jeanne Barseghian. "Comme un coureur qui se préparait à la compétition, nous devant maintenant nous lancer dans le sprint."

Dans le but affiché de produire de plus en plus d'énergie localement, afin de pouvoir mieux absorber les chocs futurs. Même si, comme le précise Syamak Agha Babaei, les économies ainsi réalisées ne se feront pas à court terme, mais s'inscriront plutôt dans la durée.

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