Rund um. Depuis plus de quarante ans, le groupe fait partie du paysage musical. Géranium s'est fait une spécialité de collecter et composer des chansons populaires. rencontre avec Daniel Muringer, l'un de ses membres fondateurs, à l'occasion d'un spectacle créé pour le bicentenaire de la naissance de l'écrivain Emile Erckmann.
Le nom du groupe pourrait difficilement sonner plus alsacien. « Géranium » fait bien sûr référence à la célèbre fleur décorant nos bords de fenêtres, mais aussi (et surtout) à un recueil de poésies en dialecte, signées Victor Schmidt. A l’origine, les fondateurs, jeunes et plutôt chevelus, étaient quatre. Parmi eux, le compositeur-interprète Daniel Muringer. Assis à sa table, dans sa maison de Hochstatt, il nous raconte : « Au début, nous reprenions des chansons américaines, anglaises, irlandaises, du Simon et Garfunkel, du Bob Dylan. Puis, nous avons puisé dans le folklore, et nous nous sommes aperçus que le répertoire populaire alsacien n’avait rien à envier à ces morceaux ! Alors, nous nous y sommes plongés.» C’était il y a plus de 45 ans.
Un engagement populaire
Depuis, la carrière de ces amoureux de la folk a été très riche. Ils ont touché au théâtre, à la comédie musicale, en alsacien et en français. Quelques chansons, écrites et composées par leurs soins, comme « Hampelmànn », sont restées dans les mémoires de leur public, pour la plupart haut-rhinois. Sur scène, ils ont à cœur de faire découvrir des instruments anciens ou rares, tels le nyckelharpa de Suède ou le concertina (sorte de petit accordéon). Pour résumer, leurs chansons ont du sens. Un message, même. « Le géranium n’est-il pas une fleur rouge ? », nous demande Daniel Muringer en esquissant un sourire. Lui-même est représentant des artistes à la CGT.
Les œuvres d'Emile Erckmann mises en musique
Ainsi, il semblait presque naturel à l’artiste de s’intéresser à l’écrivain Emile Erckmann, dont la ville de Phalsbourg célèbre le bicentenaire de la naissance. « C’était un républicain, à l’époque où la république n’existait pas encore ! Il pensait que la société irait mieux si tout le monde savait lire et écrire… » Le co-auteur, avec Alexandre Chatrian, du bien connu « Ami Fritz », œuvre célébrée chaque année à la mi-août à Marlenheim, est devenu l’inspiration d’un concert-spectacle.
Lors de la dernière représentation en date, en octobre à Obermorschwiller, Daniel Muringer était accompagné de l’accordéoniste Andrzej Rytwinski, lui aussi membre du groupe Géranium. Au programme : des chansons écrites par ses soins voilà quelques années, en référence à un autre ouvrage d’Emile Erckmann, « Histoire d’un paysan », et d’autres morceaux du répertoire populaire régional. En français, alsacien, et un peu de yiddisch. Car pour Daniel Muringer, il s’agit de parler le plus de langues possibles, pour ouvrir l’esprit du public.
Un travail de collecte de chansons
On l’aura compris, le personnage est un travailleur. Il a par ailleurs beaucoup œuvré pour aider l’OLCA (Office pour la Langue et la Culture d’Alsace et de Moselle) à collecter un maximum de chansons traditionnelles alsaciennes pour la plateforme en ligne « Sàmmle ». « Ce n’est pas de la Blosmüsik, comme on imagine souvent la musique régionale, qui date en fait du 19ème siècle. C’est de la folk, un genre antérieur, extrêmement riche et complexe », nous explique Bénédicte Keck, chargée de mission à l’OLCA. « Le groupe Géranium nous aide à le redécouvrir. » Et à le mettre à l’honneur.