Dans le village de Lutter (Haut-Rhin), 30 compagnons charpentier ont remonté une charpente du XVIIème siècle, dans le cadre de leur Tour de France. Témoin du passé et des savoir-faire typiques de l'Alsace, elle deviendra une salle communale baptisée "le grenier de Lutter".
Au sol, des dizaines de poutres sont disposées dans un ordre précis. Certaines sont récentes, d'autres ont plus de 400 ans. Ensemble, elles forment la structure d'une charpente alsacienne datant du XVIIème. La "vieille dame", récupérée in extermis en 2013 à Wolchwiller, vient de passer ces dernières années en pièces détachées dans un entrepôt. Dans quelques jours, elle reprendra forme et se dressera fièrement au pied de l'église du village sundgauvien.
Pour lui redonner vie, une trentaine de Compagnons du Tour de France s'est rassemblée ce samedi 13 novembre. Ce matin, malgré le froid, ils se mettent rapidement au travail. Les jeunes apprentis charpentiers vont passer toute la journée à scier, mesurer, raboter et assembler les différents éléments. Chaque pièce est numérotée et reprendra sa place d'origine.
Savoir-faire alsacien
Les charpentes alsaciennes sont très particulières. En effet, "elles sont sur "fermes tréteaux", explique Simon Camus, compagnon du Tour de France. "La structure porteuse s'arrête à la moitié et ça permettait à l'époque d'avoir des bois plus courts en longueur, plus faciles à mettre en place. Et surtout une fois qu'on avait monté la première partie, on pouvait se faire un plancher de travail pour ensuite monter l'étage supérieur."
C'est tout l'intérêt pour ces jeunes en formation : le Tour de France leur permet de découvrir différentes techniques dans différentes régions et de pouvoir faire le tri un lorsqu'un jour ils se sédentarisent. "C'est sympa de venir en Alsace pour voir une charpente alsacienne car les techniques sont assez anciennes. Il n'y a pas de plan, pas de fiche de taille, on fait tout au cordeau, au cordex, au plomb à piquer on travaille à l'ancienne" poursuit le compagnon.
Ce remontage est une journée exceptionnelle pour l'association "Lutter en découverte" qui en est à l'origine. "Cette charpente est un témoignage de toutes les charpentes d'ici" précise Christine Verry, la présidente.
Ces charpentes sont seulement en sapin, mais après 400 ans, elles sont toujours là !
Son remontage permet de sauvegarder le patrimoine mais aussi le savoir-faire unique des charpentiers : "Ces charpentes elles sont seulement en sapin mais elles sont encore là après 400 ans, les maisons ne s'effondrent pas, ce sont vraiment des prouesses techniques !"
Remontée au sol comme un préau, la charpente de Lutter témoignera donc du savoir-faire des anciens charpentiers, mais elle constituera aussi un abri de plein air. "Ca nous permettra peut-être de faire des petites expositions, un marché, des petites fêtes ou des concerts" explique Thierry Doll, le maire de Lutter.
"Ca permet surtout de rassembler les gens et c'est un plus pour la vie du village". Une opération, qui une fois les subventions déduites, ne coûtera plus que 20.000 euros à la commune. La structure sera terminée d'ici trois semaines. Pourront alors démarrer les travaux d'isolation et de finition.