Haut-Rhin : un collectif d'agriculteurs va cultiver les terres bio de la ferme Saint-André de Cernay

Un défi collectif et écologique pour l'institut Saint-André de Cernay. Les 126 ha de terre de la ferme accueillent depuis quelques semaines huit agriculteurs. Ils vont y proposer un autre modèle agricole et travailler main dans la main avec les résidents en situation de handicap qui vivent sur place.

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Du maïs irrigué à perte de vue et des techniques de récolte ultra mécanisées, l'image a fini par déranger les actuels dirigeants de l'institut Saint-André de Cernay (Haut-Rhin) qui dépend de l'association Adèle de Glaubitz. Il y a quatre ans, ils ont donc décidé de changer de modèle agricole pour redonner du sens à leurs actions. C'est ainsi qu'un collectif de huit agriculteurs s'est formé. Maraîchers, producteur de plantes aromatiques et médicinales, éleveurs... Ils s'installent doucement, tous heureux de pouvoir travailler avec les résidents de l'institut. 

"Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin", à Cernay le proverbe africain résume à lui tout seul l'essentiel du principe d'intelligence collective dont ont fait preuve les dirigeants de l'institut Saint-André et les paysans qui vont y exploiter les terres. Après des années de monoculture, place à une agriculture diversifiée sur des terres reconverties en bio. Un défi collectif et écologique auquel vont participer certains des 500 résidents en situation de handicap qui vivent à l'institut.

Pour comprendre, il faut savoir que depuis la création du site par la congrégation des sœurs de la Croix en 1871, l'institut possède une ferme et un potager. Jusque dans les années 1970, religieuses et résidents y vivaient en quasi autosuffisance alimentaire. Tout ce qui était consommé sur place y était aussi produit. Sont arrivés des travaux dans les champs qui nécessitaient toujours plus de temps, "ce que ne permettait pas la convention collective de l'époque" comme le raconte Claude Hermann, ancien salarié. Le développement de la mécanisation dans ces années-là a eu raison des activités paysannes.

Les soeurs de la Croix et les résidents dans les champs © Institut Saint-André

Nous voulions un projet pédagogique pour nos résidents

Marc Jermann, directeur des services communs de l'institut

Proposer à des agriculteurs en recherche de terre de venir s'installer sur 126 ha tout en permettant aux résidents qui le souhaitent de travailler à leur côté, tel est l'objectif. Il y a quatre ans, donc, s'est créé un partenariat avec Terre de liens, Bio en Grand Est et la Brique 48, pour monter un collectif d'agriculteurs. 50 personnes se sont manifestées et huit ont été retenues. Elles sont toutes du secteur de Cernay, élèvent des vaches ou des moutons, produisent des céréales, fruits, légumes et fleurs et souhaitent toutes participer à cette aventure humaine et collective. 

Sur cette future parcelle enherbée, Eric Granveaux (au centre), maraîcher et éleveur de vaches fait le point avec l'un des responsables de l'institut et la représentante de Terre de Liens. © Judith Jung

Pour Erice Granveaux, il s'agit d'une première installation. "L'aspect collectif est rassurant pour moi et ma femme" estime t-il, très intéressé aussi de travailler avec les résidents du site qui viendront participer aux travaux de la ferme. 

Pour Marc Jermann, directeur des services commun de l'institut, ce projet permet à nouveau une vraie activité pédagogique. Rappelons que le site a pour vocation de maintenir les acquis des personnes handicapées à travers diverses activités ou au sein de l'Esat et de leur permettre de participer à des ateliers qu'elles ont choisis.

Le projet s'inscrit également dans une demande environnementale (la reconversion bio des terres s'est achevée il y a plusieurs mois) et permet à plusieurs paysans de travailler ensemble. "On ne voulait pas non plus qu'un seul agriculteur, à grand renfort de gros engins agricoles, gère nos 126 ha de terre. Nous tenions à accueillir plusieurs agriculteurs. Or, ici, il y a beaucoup de paysans en recherche de terres".

Chaque agriculteur louent une partie des terres. La production est vendue au magasin de la ferme, deux fois par semaine. Le reste part à la cantine de l'institut. Le but étant, dès que possible, de retrouver l'autosuffisance alimentaire. 

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