Quand la guerre est déclarée en 1914, les alsaciens lorrains, plus que les autres, sont confrontés à un choix. Ils sont allemands donc ils doivent endosser l’uniforme germanique. 380 000 d’entre eux sont ainsi mobilisés. Mais ils peuvent également, pour les francophiles, désertés et s’engager dans l’armée française : 18 000 soldats feront ce choix dès le début de la guerre.
L’Allemagne sait que les alsaciens mosellans sont divisés. Elle les considère comme des traîtres potentiels. Alors elle envoie les conscrits sur le front russe pour éviter la tentation de la désertion et érige aux frontières, notamment entre le Haut-Rhin et la Suisse, des barrières électrifiées. La France, de son côté cherche à exacerber le sentiment francophile en publiant le 6 août 1914 une loi qui permet à tous ceux qui rejoindront l’armée tricolore d’acquérir la nationalité française à la fin du conflit.
Du coup, certains soldats finiront par porter les deux uniformes. C’est le cas par exemple de Joseph Eppelé. Soldat allemand au début du conflit, il déserte et est recueilli par la France qui lui donne un uniforme français. Pour protéger ces déserteurs considérés comme des traîtres par l’Allemagne, et dans le cas où ils seraient fait prisonniers, l’administration française crée de nouvelles identités à ces soldats. Les noms à consonance alsacienne sont modifiés, les lieux de naissance aussi, on leur invente une nouvelle vie.
Parfois aussi au sein d’une même fratrie, sont portés les deux uniformes. C’est le cas par exemple des frères Rudrauf, Charles et Lucien. Charles mourra sous l’uniforme gris allemand tandis que Lucien portera le bleu horizon. Lui survivra au conflit et sera même décoré de la légion d’honneur comme beaucoup d’alsaciens lorrains qui ont fait le choix de la France.
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