Si vous avez déjà appliqué du vernis sur vos ongles, cette solution vous concerne. Son nom : "10 second nails". Son objectif : "enlever facilement et de façon écoresponsable le vernis" sur les mains.
À en croire Yannick Agullo et Yasmine Mellinger : la galère avec le dissolvant pour les ongles, c'est bientôt fini. Lui est artisan sanitaire chauffagiste de 66 ans, elle, 62 ans, est responsable de production dans une société en Suisse. Les époux, originaires de Mortzwiller Haut-Soultzbach (Haut-Rhin) se sont lancés, avec leur associée Catherine Gomez Hieret, dans l'aventure "10 second nails". Un projet porté par l'incubateur Semia, un établissement de Strasbourg (Bas-Rhin) qui aide au lancement des entreprises.
Il s'agit d'un appareil qui permet de retirer en "moins de 5 minutes chrono", le vernis posé sur tous les ongles. Il marche aussi pour faire les soins de beauté. Le projet est sur le point d'aboutir. Les trois associés cherchent désormais des investisseurs potentiels, pour lancer la production d'un appareil sur lequel ils ont travaillé depuis 2019.
Des essais fructueux puis la recherche des financements
Yannick, l'inventeur du produit, se souvient : "Mon épouse, Yasmine, utilisait des petits pots de dissolvant avec de l'acétone, pour enlever son vernis. Le problème, c'est qu'après, toute la maison sentait mauvais. Je voyais ma femme faire tourner son doigt autour d'une éponge : pourquoi l'inverse ne serait pas possible ?" C'est là que cet artisan sanitaire chauffagiste a l'idée de monter un petit appareil, à partir d'un inhalateur et d'un petit moteur de tondeuse à poils. Il découpe des éponges, qu'il imbibe du produit souhaité. Désormais, ce sont les éponges qui tournent autour du doigt : l'idée commence donc à faire son chemin.
"Mon mari conçoit alors les plans en 3D, avant que l'on ne monte à Paris, pour rencontrer la société Innovent. Elle dépêche des experts, depuis l'Angleterre. C'est cette société qui a conçu le prototype du '10 second nails'", raconte Yasmine, responsable de la production. Cette version d'essai fonctionne avec des piles, et comprend des éponges qui contiennent soit du dissolvant sans acétone, soit du produit de soin pour les ongles. "L'idée, c'est de pouvoir enlever le vernis sur les ongles. Le vernis classique, et non le semi-permanent, car il exigerait d'utiliser du dissolvant avec de l'acétone ou la ponceuse. L'autre aspect, c'est de pouvoir permettre aussi de prendre soin de ses ongles, avec une autre éponge, qui elle, contiendrait de l'huile pour soins", expose Yannick.
Des essais convaincants, qui poussent les associés à aller plus loin. Toutes les étapes sont franchies progressivement. Un processus qui les mène entre autres au ministère de la Défense, comme pour tous les projets impliquant les produits chimiques. L'autorisation leur est accordée, de même que le brevet, pour protéger leur invention. Les brevets sont déposés "en France, en Europe et dans 53 pays", nous précise Yasmine. Vient aussi le moment de chiffrer les coûts de ce projet : 120 000 euros pour la fabrication des moules.
Les associés lancent alors une cagnotte Ulule. Elle n'est pas à la hauteur des espérances : "28 commandes d'appareils et 30 contributions", décrit Yannick. Les trois compères ne lâchent rien. "Nous avons fait un prêt d'avancement. Il y avait aussi des subventions de la région Grand Est et de la Banque publique d'investissement (BPIFrance)", rappelle Yasmine. Il n'empêche : ce n'est pas assez encore pour pouvoir procéder à la confection des moules de cette machine. Les trois associés sont donc à la recherche d'investisseurs, explique Yannick. "Ce qu'il nous faudrait, ce sont trois investisseurs qui fourniraient un apport de 40 000 euros chacun. Une fois que l'on a cette somme, on peut lancer la production des moules, et donc du produit."
Un produit français et "écoresponsable"
"L'idée de cet appareil est née dans le village où nous habitons en Alsace, à Mortzwiller Haut-Soultzbach", se plaît à rappeler Yannick. Au-delà de l'idée, Yannick, Yasmine et Catherine tiennent à ce que le "10 second nails" soit fabriqué en France. Ce sera le cas. "La société PEC Savoie, près de Chambéry va se charger du montage", ajoute Yannick. Des appareils que les trois associés souhaitent "écoresponsable". "On parle d'écoresponsable, car il est doté d'une batterie rechargeable, et qu'on peut le réparer. Sans compter que les éponges démaquillantes en coton sont réutilisables, et qu'il ne faut que 10 millilitres de dissolvant pour traiter les 10 doigts", complète Yasmine. Les trois associés visent un objectif de commande d'au moins 1 000 appareils.
Les trois concepteurs ont déjà une idée de son prix à l'unité : "119 euros avec les recharges". Des recharges constituées de 5 éponges avec du dissolvant, ainsi qu'une éponge de soin. Une fois le lancement de l'appareil pour femmes fait, l'équipe prévoit de commercialiser aussi une version masculine. "Elle se destine aux hommes qui veulent prendre soin d'eux, mais aussi aux professionnels. Les mécaniciens, les jardiniers, et tous les métiers où l'on a parfois du mal à pouvoir nettoyer correctement le cambouis et les graisses sous les ongles et les cuticules. En une minute, c'est fini", précisent les membres de l'équipe."
Si les financements sont réunis à temps, l'équipe prévoit la sortie des premiers appareils en février prochain.