En 2070, on pourrait compter 78.000 Alsaciens de moins, en raison notamment de la baisse de la natalité. La population vieillit : le nombre de personnes de plus de 65 ans augmenterait de 63% sur la même période. Ce sont les principales conclusions d'une étude de l'Insee publiée au second semestre 2023.
Selon les projections de l'Insee, l'Alsace pourrait compter moins d'habitants dans 50 ans : 1.822.000 en 2070, contre 1.899.000 aujourd'hui. Ce qui représente une baisse légère de 4%, selon le scénario le plus probable.
Il existe toutefois une disparité entre les deux départements : le Haut-Rhin devrait perdre 104.000 habitants en un demi-siècle, le Bas-Rhin devrait en gagner 26.000 habitants, ce qui explique un déficit global de population d'environ 78.000 habitants sur l'Alsace.
L'étude de l'Insee se base sur plusieurs projections. Le nombre de naissances baisse progressivement jusqu'en 2070, tandis que les décès augmentent de 35%. "Au-delà de 25 ans, les projections démographiques ont des résultats peu précis, mais on sera forcément entre les deux scénarios population haute et population basse", explique Didier Breton, professeur de démographie à l'Université de Strasbourg.
Le scénario principal est même plutôt optimiste à certains égards. "L'Insee s'est basée sur une fécondité de 1,8 enfant par femme, alors que l'Alsace est déjà à 1,7", tempère Didier Breton.
Déjà ressenti aujourd'hui, le vieillissement de la population serait très marqué en 2070. Un Alsacien sur trois aurait plus de 65 ans, contre un sur deux aujourd'hui. Soit une augmentation de 63% du nombre de personnes âgées sur le laps de temps.
La pyramide des âges (ci-dessous) est plus large à sa pointe en 2070 : il y a plus de représentants des tranches d'âge élevées.
Une bonne nouvelle : l’espérance de vie à la naissance gagnerait huit ans pour les hommes (de 79 à 87 ans), et quatre ans pour les femmes (de 85 à 89 ans dans le Bas-Rhin, de 84 à 88 ans dans le Haut-Rhin).
Plus de seniors donc moins d'actifs
Résultat mathématique du vieillissement de la population : on trouve moins d'actifs dans l'Alsace de 2070. Les projections de l'Insee prévoient une baisse de 11% des personnes actives (l'ensemble des personnes en âge de travailler disponibles sur le marché du travail), soit 100.000 en moins.
"Beaucoup de territoires, y compris dans le Grand Est, connaissent déjà ces situations de baisse de population et de vieillissement. Les dynamiques projetées par l'Insee existent déjà", précise Didier Breton.
Face à ces projections, les questions démographiques seront au cœur du débat public "dans les trois prochaines années, assure Didier Breton. Les politiques devront choisir : est-ce qu'il faut mettre en place des mesures pour que la population augmente à nouveau, ou estime-t-on que cette baisse démographique n'est pas négative et qu'il faut accompagner ce mouvement ?"
Si la première option est choisie, c'est ce qu'on appelle les politiques natalistes. Pour inciter les couples à avoir des enfants, l'Etat peut actionner plusieurs leviers pour permettre l'équilibre des tâches entre les femmes et les hommes, et faire en sorte que l'arrivée d'un enfant ne soit pas pénalisant sur le plan professionnel.