Si l'idée d'utiliser des plantes pour éclairer nos rues et nos intérieurs paraît folle, elle est sur le point de se concrétiser au sein d'une start-up alsacienne. Le but étant de remplacer les lampadaires ou les lumières des vitrines par du végétal et ainsi lutter contre le gaspillage d'électricité.
C'est bien connu, les lucioles brillent naturellement grâce à leurs gènes qui émettent de la lumière alors pourquoi ne pas tenter de transférer ces gènes sur des plantes pour remplacer l'éclairage public et ainsi réduire notre consommation d'électricité ? C'est le défi que s'est lancé un couple de scientifiques il y a quatre ans, aujourd'hui ils sont sur le point de réussir leur pari.
Biologistes de formation Rose-Marie et Ghislain Auclair ont décidé de voyager un peu à la fin de leurs études. Direction les Etats-Unis où ils ont fait un constat : les villes sont de plus en plus polluées et elles manquent de verdure. Pour ne pas rester sans rien faire, ils ont décidé de trouver des solutions. De retour en Alsace, ils se documentent et érigent leur propre théorie avant de créer, avec l'aide de l'Université et l'Eurométropole de Strasbourg (Bas-Rhin), leur laboratoire à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin).
Nous utilisons le tabac pour nos tests
C'est ainsi qu'ils développent, depuis des mois, avec l'aide d'un spécialiste en biologie végétale, un système protégé permettant de faire briller des plantes à partir des gènes bioluminescents de certains animaux (lucioles, méduses et certains poissons). "Il s'agit de transférer les gènes de ces animaux sur les plantes et c'est à partir de fragments de feuilles de ces plantes que nous en élaboront des nouvelles (...) Notre plante modèle est le tabac, c'est elle qui est le plus souvent utilisée dans le monde de la recherche car elle est très connue" explique Ghislain Auclair, président de l'entreprise Woodlight. A terme, tous les types de plantes pourront être éclairants sans aucun apport électrique.
Ces plantes seront semblables aux autres, il faudra les arroser et les entretenir
Acclimatées à différents environnements, les plantes vivront aussi longtemps que des plantes classiques et seront à mettre au compost une fois fanées. "Il n'y a aucun risque pour la plante ou pour l'homme" selon le chercheur qui précise aussi que ces plantes sont "non fertiles évitant ainsi leur diffusion dans l’environnement". Une innovation qui intéresse plusieurs grandes entreprises telles EDF, Vinci ou Bouygues et qui pourrait aussi séduire la municipalité strasbourgeoise.
Des expériences similaires sont menées dans d'autres villes françaises comme à Paris où une start-up a développé une biothechnologie permettant de faire de la lumière grâce à des bactéries marines. AU Royaume-Uni, des scientifiques travaillent aussi sur le sujet en partant de champignons bioluminescents.