Miroka arrive ce soir et c'est une première mondiale : un petit robot humanoïde équipé d'une IA sera bientôt capable de dialoguer et d'accompagner les enfants traités en radiothérapie à l'Institut du Cancer de Montpellier. Un moment qu'ils affrontent jusqu'ici seuls, en raison des rayonnements dans la pièce et qui les terrifie souvent. C'est une société française qui développe ce prototype d'androïdes baptisés Mirokaï.
Orange en version féminine, jaune pour son pendant masculin : voici Miroka et Miroki, les robots humanoïdes de la famille des Mirokaï qu'on va bientôt pouvoir croiser à l'ICM, l'Institut du Cancer de Montpellier. Le premier prototype arrive ce mardi soir et sera exposé toute la journée de mercredi afin que le public et les personnels se familiarisent avec lui. Ensuite démarrera une phase test avant que l'androïde n'accompagne, en consultation dans un premier temps, les enfants traités par radiothérapie.
Ce sera en février 2025. Ensuite, d'ici un peu plus d'un an, il entrera avec eux dans la salle de traitement. Un moment aujourd'hui très angoissant pour les petits patients. En raison de la puissance des rayonnements, personne d'autre qu'eux ne peuvent en effet pénétrer dans cette pièce sombre et sans fenêtre. La diffusion de films, le cheminement en petite voiture existent déjà, mais s'avèrent insuffisants pour calmer l'anxiété.
Capable de dialoguer grâce à l'IA embarquée
Première mondiale : le robot, en l'occurrence Miroka, pourra communiquer, dialoguer avec les enfants et leurs parents. Car l'androïde, conçu à l'image d'un petit animal rassurant, mesurant 1,20 mètre de haut (la taille d'un enfant), est doté d'une IA, une intelligence artificielle. Il parle et se déplace "comme C-3PO dans Star Wars" précise le docteur Julien Welmant, Médecin de centre à l'ICM, spécialisé en radiothérapie, à l'origine de ce projet.
Je cherchais une solution pour aider les enfants. Je suis un grand amoureux du Japon et de la culture geek, alors je me suis dit : pourquoi pas un robot ? Je suis très impatient ! Je suis sûr que même les adultes vont le demander à terme, car la séance de rayons angoisse de nombreux patients.
Julien WelmantMédecin de centre à l'ICM spécialisé en radiothérapie
Jusqu'ici, les robots présents dans les services d'oncologie pédiatriques n'étaient que des interfaces équipées de tablettes.
Laetitia Hallyday marraine du projet
À l’origine tournée vers les robots destinés à la logistique, c'est la société parisienne Enchanted Tools qui a accepté de relever le défi de la conception de ce prototype unique au monde, épaulée par l'Institut d'Electronique et des Systèmes (IES) et du Laboratoire d'Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM).
Il a pu être financé grâce à la campagne de collecte de dons orchestrée par l'association montpelliéraine "Plus fort la vie" fondée par Sandrine Moustardier et par "La bonne étoile", l'organisation de Laetitia Hallyday, marraine du projet.
Transformer le parcours de soins en histoire rassurante
À terme, les robots Mirokaï s'inscriront dans un parcours de soins complet, de la consultation au traitement.
On a imaginé tout un parcours de soins pour créer un univers, jusqu'à repenser la décoration du service pour qu'on soit dans une "ambiance robot" qui fait vivre une histoire à l'enfant.
Julien WelmantMédecin de centre à l'ICM spécialisé en radiothérapie
Mais pour l'instant, place à de nombreux mois de tests. Il faut d'abord présenter le robot aux familles et étudier la réaction des enfants et des parents, la perception qu'ils vont avoir de ce nouveau compagnon. Ensuite, des épreuves techniques attendent les Mirokaï.
Deux ans d'expérimentation
Dans un premier temps sera étudiée la résistance des humanoïdes au rayonnement dans la salle de radiothérapie. Le fonctionnement de ce matériel de très haute technologie ne doit pas en être affecté. Puis il faudra s'assurer que le robot ne renvoie pas le rayonnement sur l'enfant. Deux ans d'expérimentation devraient être nécessaires pour valider le process et envisager un développement à plus grande échelle.
Environ 40 patients de 3 à 25 ans sont traités chaque année par radiothérapie à l'Institut du Cancer de Montpellier, à raison de 20 à 30 séances de moins de trente minutes chacun. L'ICM le promet : tout sera organisé pour que tous aient accès un Miroki ou une Miroka s'ils le souhaitent.