Originaires d'Alsace, les Dust In Mind forment un groupe de métal unique en leur genre. À contre-courant de l'image sombre de ce genre de musique, ils se distinguent par leur très grande autonomie, une belle cohésion, et par des clips à couper le souffle. Avec comme point d'orgue, un clip tourné à la tour Eiffel pour leur dernier album, sorti en novembre 2021.
Attention aux titres mensongers. Les Dust In Mind sont bien loin d'avoir l'esprit poussiéreux. Fruit d'un travail de longue haleine entre tous les membres, le quatrième album du groupe, intitulé "Ctrl", est disponible depuis le 19 novembre.
On parle ici d'un groupe qui réfléchit constamment à faire évoluer les choses, et qui ne se quitte jamais : "On était ensemble en Belgique ce week-end, et ça faisait deux semaines qu'on ne s'était pas vu. Pour nous, c'est une éternité!", sourit Damien Dausch, le guitariste et chanteur du groupe, depuis leur studio d'enregistrement de Soultz-Sous-Forêts (Bas-Rhin).
"Même quand on n'est pas ensemble, on reste toujours en contact. Notre conversation de groupe ne s'arrête jamais, et on propose des idées. Mais on essaie de se voir le plus possible. Plus on vit ensemble, et moins il y a de doutes", explique le bassiste Xavier Guiot. Un investissement important donc, car les quatre membres travaillent tous à côté : "Niveau horaires et investissement, le groupe, c'est clairement un deuxième boulot."
Dust In Mind fonctionne comme une petite entreprise, qui est loin de connaître la crise. Avec "Ctrl", le groupe est en pleine expansion. Preuve en est avec leur première tournée en tant que tête d'affiche, à travers l'Europe, en mars 2022. Les Alsaciens passeront d'ailleurs à la Laiterie, à Strasbourg, le 19 mars.
Si le groupe ne veut pas se coller d'étiquette, la musique de Dust In Mind est considérée comme du "Modern Metal" : "On a une dynamique groovy, on n'est pas des bourrins avec un tempo ultra rapide comme beaucoup de groupes. On ajoute aussi des samples d'électro", détaille la chanteuse du groupe, Jennifer Gervais. Avec cette voix féminine chantée, et non hurlée comme peuvent le faire les groupes Jinjer ou Arch Enemy, Dust In Mind propose quelque chose d'inédit : "On essaie de casser les codes, d'offrir une musique plus moderne."
Aller à contre-courant de l'image noire et sombre du métal, telle est l'ambition du groupe. Et cette dynamique se ressent très clairement dans les clips de Dust In Mind. Les vidéos sont colorées, dans des grands espaces... On sort du cliché du groupe qui ne joue que dans un pièce, avec un univers très sombre.
De plus, les moyens techniques sont impressionnants, dignes des plus grands groupes de métal, et de musique en général : "On veut juste faire de notre mieux partout, et y mettre le plus d'énergie possible", ajoute Xavier Guiot.
Et les résultats s'en ressentent. Lumières, plans au drone, mouvements de caméra... Toute l'énergie des morceaux est retranscrite dans les clips des Dust In Mind. Chaque vidéo est une carte postale et fait découvrir des lieux partout en France, y compris en Alsace : "Les clips sont très importants pour nous. Surtout aujourd'hui, où l'image est devenue centrale. Les gens demandent ça", constate Jennifer Gervais, qui gère le repérage des lieux de tournage des clips.
Si les vidéos sont d'une telle qualité, c'est que le groupe a les moyens techniques de les réaliser. Le chanteur et guitariste Damien Dausch travaille en parallèle pour sa société de production Psyrus Studio, et produit tous les clips : "Je filme tous les plans où je n'apparais pas", résume-t-il. Ainsi, le groupe devient totalement autonome, et n'a pas besoin de sous-traiter la réalisation des clips : "On n'investit pas d'argent dedans, seulement du temps."
Et ces lieux sont nombreux. De l'Observatoire astronomique de Strasbourg, à l'Hôtel de Ville, en passant par les Dominicains de Guebwiller, les Dust In Mind nous emmènent à travers l'Alsace : "C'est la maison!", résume Xavier Guiot. Les lieux sont mis en valeur, et ont une place toute particulière dans les vidéos : "Ils sont aussi important que nous, on a réussi à créer une identité avec ce qui nous entoure", ajoute Damien Dausch.
Pour les membres du groupe, un tournant s'est opéré en 2019, avec la captation d'un live à l'Opéra national du Rhin de Strasbourg : "Les gens ont vu qu'on était sérieux et pros. Depuis ce livestream, les collectivités nous font confiance, on a gagné en crédibilité", remarque la chanteuse.
"Les responsables des lieux voient qu'on n'est pas là pour faire du chantier et tout casser. On respecte les lieux, et on les met en valeur", ajoute Thomas Marasi, le batteur du groupe. "On était par exemple les premiers à tourner un clip à l'Observatoire de Strasbourg. Au moment de démarcher, les responsables ne comprenaient pas pourquoi on voulait tourner un clip là-bas. Mais à chaque fois, on explique notre démarche, et les gens se prêtent au jeu, ils sont fascinés!"
Les Dust In Mind sont essentiellement connus à l'étranger, et sont fiers d'être Français : "On découvre des lieux qu'on ne connaissait pas spécialement, mais c'est important pour nous de montrer le patrimoine de notre pays." En effet, le groupe ne s'est pas arrêté aux frontières alsaciennes et ont pu faire des clips à la FRAC de Rennes ou encore dans un hangar à dirigeables dans la Manche.
D'habitude c'est Dior ou Adidas qui tourne sur la tour Eiffel, pas des groupes de métal!
Jennifer GervaisChanteuse des Dust In Mind
Le climax de cette exposition de la French Touch a eu lieu en septembre, lorsque le groupe a eu la chance de clipper leur titre "Synapses" à la tour Eiffel, à Paris. Les Dust In Mind sont alors devenus les deuxièmes à tourner un clip sur le monument, après le duo de rappeurs PNL et leur titre "Au DD" : "Comme on le fait à chaque fois, on a détaillé notre démarche à la société d'exploitation de la tour Eiffel, et elle leur a plu. On leur a expliqué qu'on n'avait pas les fonds, mais autant tenter", se souvient Jennifer Gervais. "Ça nous a d'ailleurs surpris!", s'amuse la chanteuse, "d'habitude, c'est Dior ou Adidas qui tourne sur la tour Eiffel, pas des groupes de métal!"
C'est ainsi que le groupe a bénéficié d'une heure pile pour tourner le clip : "Tout était réglé à la seconde près, comme du papier à musique. Pendant cette heure, il a fallu monter les instruments, les lumières, mais aussi tout descendre. C'était du sport", comment Damien Dausch, qui a tout filmé : "On n'avait que deux personnes en plus, mais chacun savait ce qu'il devait faire. Quand je filmais Jen, Thomas et Xavier déplaçaient la batterie en même temps".
"Tout s'est fait en une seule prise, on n'avait pas droit à l'erreur. Mais on était rodé. En répétition, on s'entraîne à monter et à démonter notre matériel le plus vite possible", sourit Xaver Guiot. Encore une preuve de l'autonomie et de l'indépendance des Dust In Mind : "Il ne manque pas de maillon dans la chaîne. Tout le monde sait tout faire, même si chacun a ses spécialités", ajoute Thomas Marasi. Xavier Guiot réalise d'ailleurs des making-of des tournages, disponibles sur la chaîne du groupe.
Grâce à leur autonomie, les Dust In Mind ont trouvé leur modèle et savent comment fonctionner pour se faire une place dans le milieu du métal. En toute indépendance, les Alsaciens ont de beau jour devant eux. D'ici 2022, deux nouveaux clips vont êtes tournés, dont un en Allemagne. Un nouveau projet de livestream est également dans les cartons : "Il sera fou!", annonce le bassiste. Et on a envie de le croire !