Invasion de moustiques en Alsace : comment s'en protéger pour passer un été serein ?

Les moustiques et leurs piqûres sont de retour. Dès les beaux jours, ils s'invitent sur nos terrasses, dans nos jardins, dans nos appartements. Dans quels endroits en trouve-t-on le plus cette année en Alsace et qu'est-ce qui favorise leur développement ?

Pourquoi les moustiques nous rendent-ils la vie impossible, pile aux beaux jours, quand on peut enfin sortir de chez soi ? Pour différentes raisons. Dès que les températures grimpent, au-dessus des 18-19 degrés, les moustiques font leur apparition. Mais le retour de la chaleur ne suffit pas, il faut aussi qu'il fasse humide par intermittence. Et le printemps 2024 est idéal pour un tel cocktail. "On est dans des phases de yoyo" explique l'entomologiste Christophe Brua. "Avec le dérèglement climatique, on a des épisodes de chaleurs, puis de pluies, ce qui entretient l'humidité dans les milieux ouverts. En ce moment c'est exactement ce qui se passe."

Bien sûr nous pensons immédiatement au moustique tigre, qui a envahi presque tout le Bas-Rhin à partir de Schiltigheim, comme le montre la carte animée du Syndicat de lutte contre les moustiques. Mais un autre moustique exotique est également présent en Alsace : Le moustique japonais, tout aussi redoutable et porteur de maladies, comme la fièvre jaune du Nil, le chikungunya, la dingue et Zika. "Tous les deux sont des seringues ambulantes" souligne l'entomologiste.

Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'en dehors de ces indésirables arrivés plus récemment, nous avons au moins une trentaine d'espèces locales de moustiques sur le territoire. Le service de démoustication des Brigades vertes du Haut-Rhin en a fait un relevé en 2011.

Où trouve-t-on les moustiques en Alsace ?

Les moustiques ont toujours été très nombreux en Alsace, surtout le long du Rhin, avant sa canalisation.

Aujourd'hui encore, le climat, l'hydrologie et la géologie de l'Alsace sont favorables au développement des moustiques selon le SLM 67, qui indique sur son site : "D'après les récits historiques, les habitants qui vivaient aux abords du fleuve devaient s’accommoder de la présence pesante du moustique et ainsi orchestrer leur façon de vivre en tenant compte de cet élément perturbateur. Même les récits des escapades à Sessenheim de Goethe révèlent cet aspect piquant."

Au service de démoustication des Brigades vertes de Soultz (Haut-Rhin), Thomas Krebs, qui vient de terminer une semaine de traitements anti-larvaires dans les marécages, est très clair :"Les moustiques se développent dans des eaux stagnantes temporaires, pas dans les eaux permanentes, où existent des libellules et leurs larves, des poissons, et des batraciens, grands consommateurs de larves de moustiques."

Selon lui, c'est aussi le bon moment pour agir contre les moustiques citadins. "Comme le moustique tigre, notre moustique local commun, Culex Pipiens, (celui qui nous importune le soir dans la chambre à coucher) va se développer dans les mêmes pondoirs. Il faut que chacun fasse le tour de sa propriété maintenant et vide les réceptacles ouverts à la ponte." 

Il existe des moyens de limiter leur prolifération 

Depuis 2019, le Syndicat de Lutte contre le Moustique 67 favorise l’installation de chauves-souris pour contribuer à diminuer le nombre de moustiques dans ses collectivités membres. Le projet « les chauves-souris, des auxiliaires face à la nuisance des moustiques » est un projet multipartenarial entièrement financé par le SLM67.

Il existe aussi tous les gestes préventifs déjà diffusés pour éviter l'étape cruciale de la ponte. Comme ne pas laisser d'eau dans des soucoupes de plantes, bassines, collecteurs d'eau ouverts. Certaines communes distribuent des moustiquaires et systèmes de fixation pour que les usagers, des jardins familiaux notamment, couvrent efficacement leurs installations de collecte d'eaux de pluies.

Les avaloirs, qui évacuent les eaux pluviales des chaussées vers les égouts, ont été traités avec des produits biocides. À la Wantzenau, au nord de Strasbourg, des bornes d'émissions de CO2, reproduisant l'odeur corporelle, semblent efficaces, puisque les personnes à proximité se disent moins gênées.

Le signalement citoyen à leur commune

Le signalement des espèces par les citoyens à leur commune est à l'origine de nouvelles détections. Le Ministère de la santé a également mis en place un site de signalisation.

Depuis 2018, un réseau trinational de scientifiques (TIGER) développe des actions communes pour mieux connaître le moustique tigre. Une rencontre européenne entre la France, l'Allemagne, la Suisse, l'Italie avait permis le partage des connaissances acquises.

Reste bien sûr la question de la généralisation des actions de lutte, pour arriver réellement à enrayer la propagation des moustiques. Et par la suite la vigilance générale, pour garder les bonnes habitudes, et ne pas laisser se réinstaller ces vecteurs potentiels d'infections humaines, virales et parasitaires. Il faudrait développer la formation de personnels qualifiés et de bénévoles car tout le monde n'est pas informé à ce sujet.

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