Le chanteur, homme-orchestre et sportif d'origine alsacienne Rémy Bricka a encore gagné un rôle supplémentaire. Désormais, il est même le personnage d'un conte écrit par l'une de ses admiratrices.
Pour les nostalgiques des années 70, les adeptes d'exploits sportifs extrêmes comme les amoureux d'Europapark, sa silhouette d'homme-orchestre en habits immaculés est immédiatement reconnaissable. Car l'artiste multi-casquettes Rémy Bricka a longtemps fréquenté les plateaux télé, il anime depuis plus de quatre décennies les allées du plus grand parc de loisirs d'Allemagne et a, excusez du peu, réussi à traverser l'Atlantique sur des skis flotteurs.
Cet ouvrier-ajusteur de formation, né en 1949 à Niederbronn, a commencé sa carrière musicale voici près d'un demi-siècle. En 1976 il a remporté un disque d'or avec sa chanson "La Vie en couleur", et en décembre 2019, il a partagé la scène de Bercy avec Mathieu Chedid (M) qui dit s'en inspirer. Entretemps, en 1988, il a traversé l'océan Atlantique sur des skis flotteurs propulsés par deux rames, après s'être entraîné dès 1985, pour la joie du public, sur le lac d'Europapark. Puis il a tenté de renouveler l'exploit dans le Pacifique en 2000.
Et depuis peu, ce touche-à-tout génial est même devenu le héros d'un livre poétique, "Rémy cherche Coco". Enthousiaste, Rémy Bricka "trouve ça formidable de devenir ainsi un personnage intemporel d'une belle histoire." Mais l'autre belle histoire, c'est celle qui a permis la naissance du livre : la rencontre de l'artiste avec l'une de ses plus ferventes admiratrices, Cécile Lauffenburger, en 2018.
Je trouve ça formidable, de devenir le personnage intemporel d'une belle histoire.
Auteur de romans et de recueils de poésie, Cécile Lauffenburger, née dans les Hauts-de-France et qui vit dans l'Oise, a des racines alsaciennes par ses grands-parents originaires de Marckolsheim. Dès son plus jeune âge, Rémy Bricka "représentait énormément" pour elle, même si elle ne l'avait jamais vu pour de vrai, sauf un jour, "de loin, à une fête foraine". Petite fille, elle "le voyait régulièrement à la télé", aimait comme lui "jouer du kazoo" (sorte de mirliton qui transforme la voix), et écoutait "à longueur de temps" un disque de ses chansons sur son mange-disques rouge.
"Ses chansons s'étaient forcément ancrées dans l'univers de mes propres ressentis", analyse-t-elle aujourd'hui. Elle-même avait perdu son père à l'âge de cinq ans, et les paroles et les mélodies de Rémy Bricka l'interpellaient : "Sa sensibilité me touchait déjà à l'époque. Sa manière de faire passer du bonheur m'a insufflé une touche de poésie" et, probablement, l'envie d'écrire ses propres poèmes.
Ses chansons s'étaient forcément ancrées dans l'univers de mes propres ressentis.
Puis la véritable rencontre a eu lieu. C'était en 2018, lors d'un marché de Noël à Ressons-sur-Matz, une petite commune de l'Oise où Cécile venait dédicacer ses livres. En apprenant que Rémy Bricka serait également présent, elle a "trépigné d'impatience, une semaine durant."
Quand je l'ai vu, je suis redevenue la petite fille que j'étais. Immédiatement, j'ai eu des étoiles dans les yeux.
Confrontée à l'épreuve du réel, elle n'a pas été déçue, bien au contraire. Se retrouver face à son idole dans son immuable costume blanc, une colombe sur chaque épaule, "capable de transmettre tant de joie, de bonheur", lui a rendu ses émotions d'enfant. "C'est un ange, un extraterrestre. Quand je l'ai vu, je suis redevenue la petite fille que j'étais. Immédiatement, j'ai eu des étoiles dans les yeux" avoue-t-elle. Elle a constaté que ce plaisir était partagé par l'ensemble du public, et a senti son fils autant émerveillé qu'elle, lorsque Rémy Bricka a laissé les enfants caresser ses colombes. Après le spectacle, "j'ai couru après lui pour lui dire mon admiration" raconte-t-elle, émue. "Ça a été une belle rencontre."
Ce genre d'émotions très fortes, Rémy Bricka en est souvent le témoin : "Des gens me racontent que me rencontrer en vrai, c'est comme un rêve d'enfant qui se réalise" sourit-il. Et il ne les comprend que trop bien, car lui aussi a eu parfois la chance de croiser des idoles de son enfance, "des personnes à qui on s'identifie, et quand on les voit pour de vrai, on est profondément touché." Ainsi le commandant Cousteau, avec lequel il a pu échanger quelques mots dans un restaurant. Ou encore Georges Pernoud qui, de son côté, avait entendu parler de son exploit dans l'Atlantique, et l'a "abordé par ces mots : "Tiens, Rémy Bricka, Jésus revient..."
Pour Cécile Lauffenburger, leur rencontre n'a pas suscité d'association christique, mais un déclic immédiat pour l'écriture. A peine quelques heures plus tard, elle a pris sa plume. "Dans la nuit, j'étais inspirée, et j'ai commencé à écrire les prémices du conte." Puis, durant deux semaines, elle a relu les deux livres écrits par Rémy Bricka : "L'homme qui marche sur l'eau" (publié en 1994 chez Arthaud) dans lequel il raconte sa traversée de l'Atlantique, et "Mes traversées pacifiques" (paru en 2007 aux éditions du Rocher) où il relate son parcours de vie. Dans le but de "comprendre vraiment et ressentir toute la sensibilité qu'il dégage, la force d'esprit qui est la sienne."
J'ai pris quelques bribes de sa vie réelle pour les transformer en histoire magique, féerique.
Puis elle s'est attelée à l'écriture. "J'ai pris quelques bribes de sa vie réelle pour les transformer en histoire magique, féerique" explique-t-elle. Rémy Bricka y conserve son prénom, son caractère sportif et son rôle d'homme-orchestre, qui sait jouer de nombreux instruments. Il y devient aussi magicien et éleveur de colombes. Mais un jour, sa colombe Coco disparaît…
Le récit prend la forme d'un conte, d'une quête qui, bien sûr, finit bien. Cécile Lauffenburger envoie le texte à celui qui l'a inspiré, pour lui "demander si ça lui convenait." Immédiatement, Rémy Bricka est conquis. Il apprécie de retrouver dans l'histoire les deux facettes, l'artistique et la sportive, qui sont les siennes dans la vraie vie. "Ces deux personnages sont vrais, ils existent, ils font partie de moi, et Cécile a mélangé les deux" estime-t-il. "Elle a inventé une histoire, c'est sa création, mais s'est inspirée d'une personne réelle", une personne dans laquelle il se retrouve sans hésiter.
Ces deux personnages, l'artiste et le sportif, sont vrais, ils existent, ils font partie de moi, et Cécile a mélangé les deux.
Cécile, de son côté, est touchée par la confiance qu'il lui témoigne, et "le remercie encore d'avoir accepté que j'utilise ainsi son nom et son image." Elle-même confie les illustrations du livre à sa cousine, l'aquarelliste Karine Décamp, qui réussit à "faire ressortir l'aspect féerique" et "intergénérationnel" du héros, d'apparence plus jeune, peut-être, mais si proche de son modèle.
Le livre "Rémy cherche Coco" est paru en novembre 2020, en pleine crise sanitaire. Un moment particulier où, pour Cécile Lauffenburger, "tous ont vraiment besoin de se remettre un peu de couleurs dans la tête." Raison pour laquelle elle espère que cette histoire touchera autant les adultes que les enfants. Et Rémy Bricka ne peut que renchérir : "Oui, par les temps qui courent, ça permet de rêver un peu."
Le livre est disponible dans les grandes librairies, ou peut être commandé auprès de l'éditeur ou directement chez l'auteur.