Le géant des télécoms chinois Huawei fait construire une usine en Alsace, sa première hors de Chine. Elle devrait être opérationnelle fin 2025 et produira des équipements pour réseaux mobiles, notamment 5G.
C'est confirmé, l'usine Huawei est en cours de construction dans le business parc de Brumath (Bas-Rhin). Un investissement de 200 millions d'euros pour cette usine de 60 000 m² implantée sur huit hectares. L’usine sera opérationnelle fin 2025 et est construite par l’entreprise Bouygues.
Le site produira les principaux équipements composant les stations de base sans fil (c'est-à-dire les antennes) destinées au marché européen. Cette "usine va sortir de terre" et "va lancer normalement (sa production) vers fin 2025", a déclaré Minggang Zhang, directeur général adjoint de Huawei, sur France Inter, samedi 2 décembre. "L'ambition, c'est produire 1 milliard de marchandises par an avec 500 emplois à la clé, et c'est fabriquer en France pour fournir l'ensemble du marché européen", a-t-il précisé.
Un projet polémique
À l’enthousiasme des politiques sur les emplois à pourvoir, succède la polémique sur les droits de l’homme et les interrogations sur des soupçons d’espionnage, à l’instar des sanctions américaines et de l’Allemagne contre la 5g de Huawei, qui ont causé à l’opérateur chinois une perte de 30% de chiffre d’affaires. D’autant que la future usine sera implantée non loin de sites militaires dans la région de Haguenau.
Huawei avait annoncé dès fin 2020 sa décision d'installer une usine au Business Parc de Brumath (Bas-Rhin), et d'y investir 200 millions d'euros, suscitant, déjà, l'émoi de certaines associations et partis politiques dont EELV. Souvenez-vous, en mars 2021, 150 personnes avaient ainsi manifesté à Strasbourg devant le conseil régional du Grand Est pour s'opposer à l'implantation de cette usine du groupe chinois dans le Bas-Rhin.
Elles avaient dénoncé l'empreinte écologique négative, la violation des droits humains par la Chine (Ouïghours notamment) ainsi qu'une atteinte à la sécurité nationale (données personnelles).
A l'initiative de plusieurs associations, un rassemblement pour dénoncer l'implantation de #Huawei à Brumath (67) aura lieu ce jeudi. RDV 11h, place Adrien Zeller, à #Strasbourg.#EELV Alsace soutient cette initiative et sera représentée. #Ouighours https://t.co/ErLkvZYYlX pic.twitter.com/X3sb8PJmov
— EELV Alsace (@EELVAlsace) March 17, 2021
L'Allemagne envisage d'interdire les pièces fabriquées par Huawei et par ZTE, autre constructeur chinois, dans ses réseaux 5G à partir de 2026. La Commission européenne a, de son côté, appelé les 27 pays membres et les opérateurs télécoms à exclure de leurs réseaux mobiles ces deux fournisseurs qu'elle juge à risque pour la sécurité de l'UE.
10 000 emplois créés en France
Pas de quoi déstabiliser le géant chinois." La construction progresse et ça avance bien. Et l'ensemble du marché européen, on y est, on progresse, on travaille bien et tout en adoptant une manière totalement transparente pour les différents États, les différents interlocuteurs", a assuré Minggang Zhang, en se disant "confiant".
Arrivé en 2003 en France, où le groupe a ouvert six centres de recherche et un centre mondial de design à Paris, Huawei dit avoir réalisé dans l'Hexagone 2,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2021 et revendique près de 10 000 emplois générés.
L'entreprise revendique également une part de 20% du marché français des infrastructures télécoms. Malgré les fortes restrictions issues de la loi dite "anti-Huawei" de 2019, visant à prémunir les réseaux français de "risques d'espionnage, de piratage et de sabotage" permis par la 5G.